Raoul Salan, né le 10 juin 1899 à Roquecourbe (Tarn), mort le 3 juillet 1984 à Paris, est un général français, et le militaire le plus décoré de France.
Son état de service porte de 1917 à 1959 où il prend sa retraite. Il participe au putsch des généraux en 1961.
Il est également le chef de l'Organisation armée secrète (OAS) qui lutte pour le maintien du statu quo de l'Algérie française.
Il est condamné à la prison à perpétuité, puis amnistié en 1968 et réintégré dans le corps des officiers.
Il a épousé Lucienne Salan. Le couple a eu deux enfants, Victor (né le 23 février 1932) et Dominique (née le 15 mars 1946 à Hanoï).* Cette dernière a été rapatriée en France en septembre 1946, sur le navire « Maréchal Joffre ».
Selon sa fille, les modèles du général Salan sont le général Charles Mangin et le maréchal Joseph Gallieni. (1)

(1) OAS: une Histoire Interdite, Francois Margolin et Georges-Marc Benamou, Margo Films-E Siecle-Odyssee, 2003.
* Le général Salan a eu également un fils, Hugues. Né à DAKAR le 30 juin 1943. Décédé le 1er juin 1944 à Alger, à l'âge d'un an. Enterré au cimetière du Bd BRU à Alger (ndlr)

Première Guerre mondiale (1917-1918)

Il s’engage pour la durée de la guerre le 2 août 1917, est admis à École spéciale militaire de Saint-Cyr le 21 août 1917 dans la promotion La Fayette.
Il en sort aspirant le 25 juillet 1918, est affecté au 5e Régiment d’infanterie coloniale (RIC) à Lyon le 14 août 1918. Chef de section à la 11e compagnie, il participe aux combats dans la région de Verdun (Saint-Mihiel, Les Éparges, Fort de Bois-Bourru, Côte de l’Oie, Cumières-le-Mort-Homme). Il est cité à l’ordre de la brigade par l’ordre en date du 29 décembre 1918.

Entre-deux-guerres (1919-1939)

Il est affecté à l’armée d’occupation en Allemagne jusqu’en mai 1919, puis il retourne à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr le 7 mai 1919.
Il est nommé sous-lieutenant à titre définitif le 21 septembre 1919 et affecté au Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (actuel Régiment d'infanterie-chars de marine), à Landau, en Allemagne, le 3 décembre 1919.
Sur sa demande, il est envoyé au Levant au 17e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS), en tant que chef de poste à Radjou, en Syrie sur la frontière avec la Turquie.
Il est promu lieutenant le 11 septembre 1921, grièvement blessé au combat d’Accham le 24 octobre 1921.
Il est à nouveau cité, à l’ordre de l’armée et nommé chevalier de la Légion d'honneur (2), il est décoré sur son lit d’hôpital, à Alep, par le général Gouraud, haut-commissaire au Levant. Il fait l'objet d'un rapatriement sanitaire le 25 janvier 1922, est soigné à l’hôpital Sainte-Anne à Toulon, puis au Val-de-Grâce à Paris, est affecté pendant sa convalescence au 23e RIC à Paris et désigné sur sa demande pour l’Indochine le 2 janvier 1924.

(2) Journal officiel du 5-4-22

Il est alors affecté au 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois comme adjoint au chef de poste de Nguyen-Binh (Tonkin) qu’il rejoint le 15 avril 1924. Détaché hors-cadre le 14 décembre 1924, il est délégué administratif du Commissaire du gouvernement chef de la province du Haut-Mékong, à Muong Sing, aux confins de la Chine, de la Birmanie et du Siam, du 15 avril 1925 au 26 mai 1928.
Après un retour en métropole du 6 juillet 1928 au 2 août 1929, il assure, en position hors-cadre, l’intérim du Commissaire du Gouvernement, Lapeyronie, pour la province du Haut-Mékong, à Houei Sai.
Il est promu capitaine le 25 mars 1930 et retourne à Muong-Sing en mars 1931, rédige un « Manuel de lecture de la langue « Lu » et « Youne » avec traduction correspondante en langue laotienne ».
Il quitte l’Indochine pour la métropole le 28 avril 1933. Il prend le commandement de la Compagnie d'essais techniques le 1er décembre 1933 et participe avec cette unité à des manoeuvres au Larzac au printemps 1934, puis est renvoyé en Indochine le 6 octobre 1934, où il prend le commandement comme capitaine de la 6e compagnie du 19e Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale tout en assumant les fonctions de délégué administratif de Dinh-Lap au Tonkin.
Avec son fils Victor (3), âgé de cinq ans, il revient le 8 avril 1937 en métropole, à bord du Chenonceaux ; il y fait connaissance de sa future épouse, Lucienne Bouguin.
Il est détaché au ministère des Colonies le 1er septembre 1937, comme adjoint au chef du 2e bureau (renseignement), est promu au grade de chef de bataillon le 22 mars 1938, devient chef du Service de Renseignement Intercolonial et est en relation quotidienne avec Georges Mandel, ministre des Colonies à partir d’avril 1938.
Il mène à l’automne 1939, après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, une mission secrète au Caire et à Khartoum d’aide à la résistance abyssine contre l’occupation de l’Éthiopie par les troupes italiennes.
(3) Victor, Georges, Marie, ne le 23 mars 1932, Chevalier de la Legion d'Honneur le 22 juillet 1971, Officier le 21 avril 2006 au titre de l'Armee de Terre.

Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Il revient à Paris le 19 novembre 1939. En janvier 1940 il prend la tête d’un bataillon du 44e Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais.
Le 5 juin 1940, Salan est avec son bataillon en première ligne sur la Somme lorsque les Allemands déclenchent leur offensive après l’encerclement et la défaite des forces françaises et britanniques dans la poche de Dunkerque. Il se replie sur ordre avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la Seine puis sur la Loire.
Il est cité deux fois à l’ordre du régiment par ordres des 12 et 13 juillet 1940, puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la Légion d'honneur le 21 août 1940.
Il est ensuite détaché à l’état-major général des Colonies, au Secrétariat d’État aux Colonies à Vichy, le 16 juillet 1940.
Il est promu lieutenant-colonel le 25 juin 1941.
Il est désigné pour servir en Afrique-Occidentale française (AOF) le 24 septembre 1941.
Il rejoint Dakar le 8 mars 1942 après avoir fait connaissance de la ville d’Alger, y est affecté comme chef du 2e bureau (renseignements) à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur en AOF.
En sa compagnie, il effectue une tournée du Sénégal, du Soudan français et de la Guinée.
Il rédige avec son équipe et celle du 3e bureau une « Instruction sur la conduite de la guerre sur les arrières de l’ennemi » diffusée jusqu’à l’échelon de la compagnie.
Il est promu colonel le 25 juin 1943.
Il est désigné pour continuer ses services en Afrique du Nord et arrive à Alger le 31 août 1943 où il est affecté au 2e bureau de l’état-major de l’armée de terre, chargé de l’action psychologique et de la direction du journal Combattant 43 dont l’un des collaborateurs est le peintre André Hambourg.
Évincé de son poste par André Le Troquer, commissaire à la Guerre et à l’Air, pour avoir refusé de publier le compte rendu d’une conférence de celui-ci mettant en cause l’honneur des cadres de l’armée de 1939-1940, il est mis à la disposition de la 9e Division d’Infanterie Coloniale (DIC) sous les ordres du général Magnan le 4 mai 1944.
Il prend le commandement du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS), en Corse, le 30 mai 1944.
Il rencontre pour la première fois à Bastia, le 16 juin 1944, le général de Lattre de Tassigny qui a demandé à voir le 6e RTS et son colonel.
Il participe au débarquement de Provence à la tête de son régiment avec lequel il débarque le 19 août 1944 au matin sur la plage de La Nartelle dans le Var.
Il atteint Toulon le 26 août 1944, après six jours de combats intenses sur l’axe Solliès-Pont, La Farlède, La Valette-du-Var et Toulon.
Le 6e RTS déplore 587 tués, blessés et disparus. Une citation à l’ordre de l’armée rend hommage à ces actions. (4)

(4) Myron J. Echenberg, Les tirailleurs senegalais en Afrique occidentale francaise, 1857-1960, Crepos-Karthala Editions, 2009 (ISBN 9782811102975, lire en ligne [archive]), p. 173
Il quitte Toulon le 9 septembre avec son régiment reconstitué par incorporation d'éléments des Forces françaises de l'intérieur (FFI) qui « blanchissent » progressivement le régiment.
Par note du 13 octobre 1944, le 6e RTS devient le 6e Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC).
Le 14 novembre 1944, le 6e RIC démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs.
Le 23 novembre, le régiment est à Blotzheim, dans le sud du Haut-Rhin, alors que les Allemands tiennent de solides têtes de pont sur la rive française du Rhin ; par la suite, il libère Village-Neuf, Huningue, Loechle et l’usine hydro-électrique de Kembs.
Il est appelé au commandement de l’infanterie de la 9e DIC.
Raoul Salan est promu général de brigade le 25 décembre 1944. Il a 45 ans.
Il participe à la réduction de la poche de Colmar à la fin de janvier et au début de février 1945.
Il est cité à l’ordre de l’Armée et promu commandeur de la Légion d'honneur.
Le 20 février 1945, il prend le commandement de la 14e Division d’Infanterie, l’ancienne division du général de Lattre reconstituée à partir d’unités issues des FFI et de FTP (Francs tireurs et partisans), dont la brigade Alsace-Lorraine aux ordres d’André Malraux.
Il termine la guerre sur le front européen près de Donaueschingen dans la Forêt-Noire.
Il est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les 29 avril et 2 décembre 1945 pour son action à la tête du 6e RIC et à la tête de l’infanterie de la 9e DIC.

Guerre d'Indochine (1945-1954)

Octobre 1945 : Retour en Indochine en tant que Commandant des forces françaises de Chine et d’Indochine du Nord.
Janvier 1946 : participe aux négociations concernant le départ des troupes chinoises, du Tonkin.
Février 1946 : fait connaissance d'Hô Chi Minh.
Avril-mai 1946 : participe aux négociations avec Hô Chi Minh à Ðà Làt.
Juillet-septembre 1946 : accompagne Hô Chi Minh aux négociations de Fontainebleau.
Mai 1947 : commande les troupes françaises pour le Nord du Viêt-Nam.
1er septembre 1947 : général de division.
Février-avril 1948 : assure l'intérim du général Valluy remplacé par le général Blaizot comme commandant en chef en Indochine.
6 décembre 1950- 5 janvier 1952 : adjoint militaire du général de Lattre de Tassigny, Haut Commissaire en Indochine.
1er septembre 1951 : général de corps d'armée.
11 janvier 1952 : mort du général de Lattre.
6 janvier 1952 - 8 mai 1953 : Salan est commandant en chef en Indochine.
Juin - octobre 1954 : Adjoint militaire du général Ely Haut Commissaire en Indochine1954.
20 septembre : en désaccord avec le général Ely il demande et obtient son rappel en France.
9 octobre : il quitte l'Indochine. Il est remplacé par le général Pierre-Elie Jacquot.

Guerre d'Algérie (1956-1958)

Après un intermède parisien de 1954 à 1955, le général Salan est nommé, le 12 novembre 1956, commandant supérieur Interarmées de l'Algérie (10e région militaire) en remplacement du général Henri Lorillot. Il prend ses fonctions à Alger le 1er décembre 1956.

L'attentat au bazooka (1957)

Le 16 janvier 1957, un attentat au bazooka est commis contre Raoul Salan par l'ORAF, il coûte la vie au commandant Rodier.
Les auteurs de l'attentat étaient les contre-terroristes Philippe Castille et Michel Fechoz. Le commanditaire, René Kovacs, un médecin algérois militant pour l'Algérie française, voulait remplacer Salan par le général René Cogny, le premier étant perçu comme « le bradeur de l'Indochine » — et donc de l'Algérie — au même titre que Pierre Mendès France.
Castille mit en cause des personnalités de premier plan, le sénateur députés gaullistes Michel Debré et Jacques Soustelle ainsi que le député Pascal Arrighi (RRRS), mais sans apporter de preuves. L'enquête n'aboutit pas.

Crise de mai 1958

Le 13 mai 1958, après la mise à sac du du bâtiment de la Délégation Générale en Algérie par des manifestants, il donne son accord au général Massu pour que celui-ci entre dans le Comité de salut public alors formé à Alger. Dans la soirée, le président du conseil démissionnaire, Félix Gaillard, lui délègue les pouvoirs civils et militaires en Algérie.
Dans le nuit, Pierre Pflimlin, qui vient d'être investi président du conseil par l'Assemblée nationale, confirme cette délégation.
Le 15 mai, Raoul Salan termine, devant une foule rassemblée à Alger, un discours par « Vive la France ! Vive l’Algérie française ! » puis, poussé par le gaulliste Léon Delbecque, il ajoute « Vive de Gaulle ! ».
Cette intervention contribue au retour du général de Gaulle, qui est nommé président du conseil le 29 mai et investi par l'Assemblée Nationale le 1er juin.
Le 6 juin, Raoul Salan reçoit du général de Gaulle la charge et les attributions de délégué général du gouvernement en Algérie cumulées avec celles de commandant en chef des forces en Algérie.
Le 11 décembre 1958, Paul Delouvrier est nommé délégué général, et le lendemain, le général Maurice Challe succède au général Salan comme commandant en chef ayant reçu délégation de pouvoirs du gouvernement.
De Gaulle, voulant réduire le pouvoir de l'armée coloniale qui a été pétainiste et a presque tous les pouvoirs, nomme Salan comme inspecteur général de la Défense nationale, poste honorifique (5) puis gouverneur militaire de Paris le 5 février 1959. (6)
Le général Salan quitte le service actif le 10 juin 1960. Il s’installe à Alger avec sa famille le 30 juillet 1960.
Le 11 septembre 1960, de passage à Paris, il se voit interdire de retourner à Alger.
Le 26 octobre 1960, il donne une conférence de presse à l'hôtel de la gare d’Orsay pour réaffirmer son attachement à l’Algérie française.
A la fin du mois d’octobre 1960, menacé d’arrestation , il s'exile volontairement en Espagne.

(5) Le 13 mai du general Salan ; Auteur : Jacques Valette ; Edition : Esprit du livre ; paru le 01/03/2008 ; ISBN 2915960291
(6) Decret du 5 fevrier 1959 portant affectation d'un officier general de l'armee de terre [archive] publie au JORF du 7 fevrier 1959, p. 1695

Évolution de la relation entre Salan et De Gaulle

Il est intéressant de noter la progression de la relation entre les 2 hommes entre le 24 octobre 1958 et le 12 décembre 1958, date à laquelle Salan se voit attribuer les fonctions d’inspecteur général de la Défense et la fin de la mission de délégué général et commandant en chef des Forces en Algérie. (7)

(7) http://www.gaullisme.fr/2011/02/11/lettres-de-charles-de-gaulle-a-raoul-salan/ [archive]
24 octobre 1958 : lettre du Général De Gaulle à Salan de 404 mots, se terminant par « Soyez, mon cher Salan, bien assuré de mes sentiments de confiance profonde et de sincère amitié. », le texte contenant 4 fois le nom du Général Salan lui conférant un ton très personnel, il est intéressant de noter l'insistance sur le mot « cessez-le-feu » et l'utilisation de superlatifs comme « très » à chaque fois qu'une nuance négative se dessine, le ton du courrier restant largement positif.
25 novembre 1958 : lettre du Général De Gaulle à Salan de 361 mots, se terminant par « À bientôt donc, mon cher Salan. Croyez-moi votre bien cordialement dévoué. », pour la première fois l'intention de mettre fin au poste du Général Salan est évoquée, se basant sur le besoin exprimé de mettre en place un effort économique et administratif plus que militaire. Le ton change déjà perceptiblement.
12 décembre 1958 ; lettre du Général De Gaulle à Salan de 212 mots lui signalant l'éviction de son poste, se terminant par « Veuillez croire, mon cher général, à mes sentiments bien cordiaux. », le ton étant sec et formel.
Passant de rapports de « sincère amitié » à des « sentiments cordiaux » avec sa hiérarchie, en moins de 3 mois le Général Salan passe d'un poste hautement opérationnel à un poste purement honorifique.

Putsch des généraux et OAS (1961-1962)

Partisan de l'Algérie française, Salan dirige l'OAS après l'échec du putsch des généraux en 1961.
Il est arrêté à Alger le vendredi 20 avril 1962 après un an de clandestinité et le 23 mai 1962, après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, est condamné par le Haut Tribunal militaire à la peine de détention criminelle à vie, verdict que le chef de l’État - souhaitant que Salan soit fusillé - considérait trop clément, ce qui entraînera la dissolution du tribunal par le général de Gaulle le 27 mai 1962, alors que le général Jouhaud avait été condamné à mort par le même tribunal le 13 avril précédent.
Le 8 décembre 1962, il est transféré en même temps que le général Jouhaud à la prison de Tulle où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.
Le 15 juin 1968, dernier occupant de la prison de Tulle, il est libéré par grâce présidentielle à la suite des événements de mai 1968.

L'amendement Salan

Le 25 avril 1961, durant le putsch d'Alger, le général Salan adresse un communiqué radio visant à mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les Unités territoriales (UT) dissoutes après la « Semaine des barricades » de janvier 1960.
Le 11 septembre 1961, le général Salan, qui est entre temps devenu chef de l’O.A.S., envoie une lettre aux parlementaires reformulant sa demande d'avril.

L'arrestation de Salan

Conscient que la partie, sur le terrain, était jouée, refusant de fuir au Portugal, comme on le lui conseillait, Salan dira que son départ d’Algérie porterait aux Européens d'Algérie un coup dont ils ne se relèveraient plus. Il lui restait une dernière carte à jouer, afin de renverser l'équilibre des forces, une alliance avec le rival et ennemi du FLN, c'est-à-dire le Mouvement national algérien (MNA) dirigé par Messali Hadj. L'OAS veut maintenir l'autorité des Français (8).

(8) Le colonel Gardes de retour a Affreville se consacrera a la realisation de cet objectif, mais comme les messalistes dissidents reclamerent quatre cents fusils et que l'OAS refusa, le projet avorta.

Les messalistes réclament l'indépendance sous certaines conditions, dictées par eux, mais admettent la possibilité aux Européens de rester sur le territoire et participer au développement de l'économie algérienne, mais, ce qui est important, c’est que les deux fronts craignent le FLN pour son intransigeance. Messali Hadj refuse tout contact avec le parti qu'il appelle « Organisation Fasciste ». Alors, Salan découragé adresse une lettre à un groupe de messalistes dissidents, le FAAD (Front algérien d’action démocratique).
Le vendredi 20 avril Salan descend de son appartement situé au cinquième étage et se rend à son bureau qui se trouve au rez-de-chaussée du même immeuble, c’est-à-dire au 25 rue Desfontaines où il avait rendez-vous avec Jacques Achard, alias Alpha, chef de l’OAS du secteur Orléans-Marine, lui-même chargé de rencontrer le FAAD.
Une Peugeot noire remonte le boulevard Saint-Saëns, tourne dans la rue Desfontaines et s’arrête. Les gardes du corps de Salan attendent dans une 403 grise dans cette même rue, voient un véhicule dans le rétroviseur, mais pensent qu’il s’agit du commando Delta. Le quartier est encerclé, Jean-Marie Lavanceau (agent infiltré) frappe à la porte du bureau. Salan, Jean Ferrandi et une troisième personne sont à l’intérieur.
Lavanceau demande où se trouvent les toilettes, et au même moment quelqu’un sonne. Ferrandi observe par le judas, et crie « Nous sommes faits ».
Salan était pris au piège, et avant que ses gardes du corps ne puissent réagir, postés devant l’immeuble, les policiers prennent rapidement position en sortant des véhicules blindés. Le chef de l’OAS est bel et bien tombé dans un piège.
Une heure plus tard, Alger apprend par un communiqué de la délégation générale, que Salan a été arrêté lors d'une banale et routinière recherche d’émetteur clandestin.
Nous savons maintenant que les services secrets ont, pendant plus d'un an, préparé prudemment des travaux d'approche et infiltré à l'échelon le plus haut de l'OAS, des agents comme Lavanceau (treize tentatives d'arrestation avaient été infructueuses auparavant).
Les Algérois refusèrent de croire à cette nouvelle, peu à peu les magasins de la ville se ferment, Radio-pirate OAS confirmera peu de temps après la nouvelle en ces termes : « Salan reste l'âme et l'esprit de la résistance française. La lutte continue. » (9)
(9) L'arrestation de Salan : histoire pour tous no 137 : Pages 192/200 - septembre 1971 - Paul Hennisart.

Procès et emprisonnement

Le procès de Salan s'ouvre le 15 mai 1962. Le 23 mai, il est condamné à la détention à perpétuité.

Fin de sa vie

De 1970 à 1974, publie ses mémoires couvrant la période 1918-1960 sous le titre : Fin d’un Empire.
En 1975, publie Indochine Rouge, le message d’Hô Chi Minh.
En 1982, à la suite de l’amnistie votée par le Parlement, est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d'honneur.
Malade depuis le 10 mai 1984, il s’éteint le 3 juillet 1984 à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il repose au cimetière de Vichy. L'inscription sur sa tombe (10) porte seulement, en plus de son prénom, de son nom et des années de naissance et de mort, la mention : « Soldat de la Grande Guerre ».

(10) La Montagne (edition de Vichy), 1er novembre 2010.

Site internet mairie de Roquecourbe.
http://www.roquecourbe.fr/fr/les-personnalites-de-la-commune/raoul-salan_88.html

Ses décorations

Grand-croix de la Légion d'honneur (28 août 1952) ;
Chevalier le 5 avril 1922 ;
Officier le 21 août 1940 ;
Commandeur le 10 février 1945 ;
Grand officier le 27 octobre 1948 ;
Médaille militaire Médaille militaire (13 juillet 1958)
Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1914-1918 avec 1 citation
Croix de guerre 1939-1945 Croix de guerre 1939-1945 avec 8 citations
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs avec 7 citations
Croix de la Valeur militaire Croix de la Valeur militaire avec 1 citation
Croix du combattant volontaire 1914-1918 Croix du combattant volontaire 1914-1918
Croix du combattant Croix du combattant
Médaille Coloniale Médaille coloniale agrafe "EXTRÊME-ORIENT"
Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile noire
Grand-croix de l'Ordre du Dragon d'Annam (à titre militaire et aussi à titre civil)
Grand-croix de l'Ordre royal du Cambodge ;

Officier

Grand-croix de l'Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc
Grand-croix de l'Ordre du Mérite civil Taï
Grand-croix Ordre du Nichan Iftikhar
Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile d'Anjouan
Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile des Comores
Médaille de l'Aéronautique
Ordre royal Muniseraphon du Cambodge
Croix de la bravoure vietnamienne 1 citation
Médaille de la Défense nationale du Cambodge
Médaille commémorative de Syrie-Cilicie
Ordre du mérite Syrien
Médaille interalliée de la Victoire
Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec agrafes « Afrique », « Italie », « France », « Allemagne »
Insigne des blessés militaires
Ordre du Mérite militaire d'Annam
Ordre du Règne du roi Savang Vatthana
Ordre du Mérite Militaire Thaï (1950-1954)
Médaille commémorative de la campagne d'Italie (1943-1944)
Médaille commémorative de la campagne d'Indochine
Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre avec agrafe « Algérie »

Décorations étrangères

États-Unis
Distinguished Service Cross

Empire britannique
Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique

Thaïlande
Campagne du Vietnam

Cambodge Mérite militaire Sena Jay Assed

Ses publications

Mémoires Fin d’un empire (4 volumes), Éditions Presses de la Cité, 1970-74.
Le sens d’un engagement, 1970.
Le Viêt-minh mon adversaire, 1971.
Algérie française, 1972.
L'Algérie de Gaulle et moi, 1974.

Le point de vue d'un écrivain

Pierre Pellissier : « Le passage du général Salan dans le rôle d’un officier rebelle était l’une des principales questions que je voulais tenter de résoudre »

Homme secret et controversé, le général Salan (1899-1984) est à bien des égards un mystère. Son action, pourtant, illustre de façon éclatante l’histoire militaire de la France au XXe siècle, des tranchées de la Première Guerre mondiale à la bataille d’Alger. Jeune aspirant en 1918, le conflit de 1940-1945 le trouve partout où un officier peut combattre. Vient ensuite le temps des incertitudes coloniales : en Indochine, il frôlera les sommets de la hiérarchie, sans jamais réunir sous son nom l’autorité civile et militaire. Salan ne séduit pas le pouvoir politique, qui lui refuse renforts et moyens. Il renâcle mais reste discipliné. La question algérienne change tout : il entre pratiquement en rébellion contre les derniers gouvernements de la IVe République, pour rejoindre ceux qui appellent au retour de Charles de Gaulle. Les évolutions de celui-ci, sa démarche incertaine, troublent et exaspèrent Salan. Il choisit alors l’exil avant d’aller compléter le « quarteron » de généraux révoltés puis de prendre la tête de l’OAS ; ce qui le conduira dans les prisons de la République.
Pierre Pellissier, en racontant ce parcours unique, livre les clés de lecture d’un homme passé de l’obéissance à la dissidence et, grâce à des archives inédites, lève le voile qui recouvre la personnalité d’un soldat admiré puis honni par la République. Nous l’avons interrogé ci-dessous.

Pierre Pellissier fût journaliste au « Figaro » de 1960 à 1975, puis de 1985 à 1995, essentiellement au service politique puis à la rédaction en chef. Il est passé entre temps par Radio Monte Carlo puis France Inter comme rédacteur en chef. Depuis 1977 il est également auteur, pour des ouvrages historiques, principalement aux éditions Perrin. Il alterne des biographies d’écrivains tels que Brasillach et Merimée, avec des événements ou personnages militaires : la bataille d’Alger, Dien Bien Phu, De Lattre, Massu et Salan.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser au personnage de Salan ?
Pierre Pellissier : Ayant « approché » les événements d’Algérie dans une unité combattante, comme officier de réserve entre 1957 et 1959, à l’époque de la crise de mai 1958, ayant déjà travaillé sur l’affaire algérienne, je me devais de fouiller la vie du général Salan, un des hommes-clefs de la période, à la fois commandant en chef, acteur essentiel autour du 13 mai, et victime des palinodies politiques.
Breizh-info.com : Quels ont été les principaux faits d’armes de ce soldat au service de la France ?/BLOCKQUOTE> Pierre Pellissier : Je n’imaginais pas que Salan avait été un acteur sur bien d’autres théâtres militaires. Il est au front lorsque les clairons sonnent le cessez-le-feu le 11 novembre 1914 ; il combat en Syrie en 1921/1922, où il est grièvement blessé ; il découvre l’Indochine entre 1924 et 1937, où il alterne commandements militaires, administration civile et bâtisseur de route, en parfait disciple du général Gallieni. Il apprend la langue du Laos et deux dialectes, lu et youne qu’il traduira en laotien.
D’une union avec une jeune laotienne Sao Tip, lui nait en mars 1932, un fils Victor.
De retour en France à l’approche de la guerre de 1940, il est au cabinet de Marius Moutet, ministre des Colonies; il entre au S.R.I., le « service de renseignement intercolonial » où il est en charge de l’Extrême Orient. Mais c’est en Ethiopie qui va le conduire sa mission la plus marquante : il va mettre en place un réseau de résistance à l’occupation italienne, avec deux conséquences notables : l’Italie devra garder en 1940 des troupes en Ethiopie et, sur le chemin du retour, en Libye il relèvera les noms de toutes les unités navales italiennes ancrées à Benghazi.
Engagé dans la campagne de France avec ses tirailleurs sénégalais, il subit le choc et lorsqu’il doit se replier, il n’a plus qu’une vingtaine d’hommes valides sur les 600 que comptait le bataillon. Après la signature de l’armistice, il est à Vichy, de nouveau affecté au S.R.I., cette fois aux ordres de Georges Mandel. S’il ne cherche pas à gagner Vichy, il est cependant en contact avec la Résistance. L’amiral Platon, informé, n’entend pas conserver Salan à ses cotés : il le mute à Dakar où il prend la direction du 2° bureau.
Jusqu’au débarquement américain en Afrique du Nord, en Novembre 1942, Salan parcourt l’Afrique Noire pour engager les garnisons françaises à se préparer à reprendre le combat. Il est aidé par les correspondants de son vieux S.R.I. encore en poste… Il devra attendre aout 1943 pour obtenir sa mutation à Alger.
Arès un passage par le rédaction de « Combattant 43 », je journal des forces armées, il obtient -grâce à l’intervention du général Valluy- sa mutation à la 9° D.I.C. et fait la connaissance de son nouveau chef : le général De Lattre de Tassigny. Sa première mission de combat : aller libérer l’Ile d’Elbe pour faciliter le débarquement des alliés en Italie.
Suit le débarquement de Provence. Salan a très vite appris que De Lattre n’acceptait jamais d’être contrarié, donc qu’il ne fallait rien lui lui refuser. Alors quand de Lattre demande à Salan à peine débarqué ce qu’il a comme force, Salan répond que son régiment est là : « Alors Toulon vous attend ». Salan part donc avec ceux qui ont déjà pu débarquer, mais sans camions. Après cinq jours d’avancées, de rudes combats, Salan libère Toulon.

Raoul Salan ne quittera plus l’armée de Lattre avant l’entrée en Allemagne et la signature de la capitulation. Il lui appartient de concrétiser l’idée d’amalgame, autrement dit d’incorporer les maquisards et autres résistants dans l’armée classique. Sa tâche est presque achevée lorsque De Gaulle destitue De Lattre, décide d’envoyer Leclerc en Indochine et Leclerc demande à Salan de l’accompagner… Presque un retour aux sources pour Salan, sans doute le meilleur connaisseur de l’indochine.
Salan, qui a déjà des doutes sur le monde politique, découvre que De Gaulle a la curieuse idée de coiffer Leclerc, commandant militaire, par une autorité civile, l’amiral Thierry d’Argenlieu ! Et jamais cette association ne fonctionnera : Leclerc pense à une évolution de lIndochine, qui a été coupée de la Métropole pendant cinq années ; d’Argenlieu ne veut que le retour au système passé. Leclerc a confiance en Salan, il lui laisse reprendre ses contacts, nouer des liens avec Ho Chi Minh et même Giap. D’Argenlieu, en sous-main sabote leurs efforts. C’est la rupture que Salan regrettera toujours : Leclerc quitte l’Indochine, Salan se retrouve à Paris sans affectation à la fin 1946… La paix manquée, la guerre d’Indochine peut commencer. Ce sera pour le 19 décembre 1947et l’attaque du Viet Minh contre la ville d’Hanoï.
Léon Blum, qui est le tout nouveau Président du Conseil, souhaite que Leclerc reparte en Indochine, Leclerc est sur le point accepter, mais il veut l’accorde De Gaulle qui lui refuse.
Leclerc et de Gaulle ne se reverront jamais plus, Leclerc meurt dans un accident d’avion.

Valluy, commandant en Indochine, demande le renfort de Salan qui accepte: en mai 1947, il repart pour un cinquième séjour en Indochine ! Mais tout changer : le pays est en guerre, il connait ceux qu’il va combattre ; il renoue des contacts avec ses anciens informateurs et même, par radio avec Ho Chi Minh : le Delta d’Hanoï est menacé par des crues redoutables, Salan lance un appel à Ho Hi Minh, il va tout faire pour renforcer les digues, si Ho Chi Minh voulait faire de même… La réponse parvient également par radio « Je connaissais votre sentiment humanitaire et je n’ai pas d’inquiétude. Vous pouvez être assuré que je ferai de même. »
Quelques imbroglios viennent compliquer la situation de Salan : il aurait un poste supérieur à son grade ; il lui est donc demandé de redevenir le commandant des troupes du nord de l’Indochine alors qu’il était commandant supérieur des troupes par intérim. Il ne comprend plus, refuse et rembarque en juillet 1948 avec sa femme et sa fille. Il lui faut attendre juin 1949 pour retrouver de l’espoir : il devient directeur des troupes coloniales. Il sait qu’il va pouvoir être utile à l’Indochine ; où les erreurs se multiplient. L’une des plus graves est l’évacuation de Cao Bang, en octobre 1950. L’ordre a fait été donné, repris, il est confirmé mais par l’itinéraire le plus risqué ; ce sera un désastre. Sur 8000 hommes lancés dans cette opération folle, moins de 1000 rejoindront des postes français. Salan, à Paris, ne décolère pas : au nom du secret on a caché les réalités aux responsables de l’évacuation. Il faut tout repenser !
Trouver un nouveau commandant en chef est la priorité. Juin refuse. De Lattre accepte, mais il veut Salan avec lui. Les deux hommes, qui se connaissaient, trouvent leurs marques. De Lattre s’attribuera de bons résultats qui doivent tout à Salan, Salan laisse faire. L’attaque du camp de Na Sam, à la fin 1952, est un échec pour Giap, une belle victoire pour les Français. Mais les choix de Salan ne conviennent plus à Paris : il tient à Na Sam, à la Plaine des Jarres pour protéger le Laos, à Luang Prabang ; Paris préfère tenir la Cochinchine et l’Annam, de ne plus se préoccuper du Laos, abandonner s’il le faut le Nord Tonkin. Salan devient l’empêcheur de danser en rond, L’Indochine n’intéresse plus grand monde à Paris. Alors, il va être rappelé en mai 1953, remplacé par le général Navarre qui ne connait absolument rien à l’Indochine.
Le nom de Navarre restera associé à la catastrophe de Dien Bien Phu, une défaite qui donne à Salan l’occasion de retourner en Indochine, pour accompagner le général Ely chargé d’une enquête sur cet échec. Après quoi, il écrira :
« Perdre un Empire, c’est se perdre soi-même, c’est enlever tout un sens à une vie d’homme, à une vie de bâtisseur. »
Il patientera quelques mois au commandement des réserves stratégiques, avant que l’on repense à lui. Pour l’Algérie !
ll devient, en novembre 1955 « commandant de la X° région militaire, commandant supérieur interarmées. » L’affaire de Suez est en cours, et dans l’impasse, Paris lui promet la X° Division parachutiste à son retour d’Egypte. Avec celle-ci, il va gagner la bataille d’Alger, connaitre l’affaire du bazooka, préparer la riposte aux offensives F.L.N. en provenance de Tunisie, organiser et gagner des élections et, au passage, en mai 1958, ramener de Gaulle au pouvoir.

Deux chiffres peuvent, à eux seuls, résumer la carrière du soldat Raoul Salan : Croix de guerre 1914/1918, Croix de guerre 1939/1945, Croix de guerre des T.O.E., Croix de la Valeur militaire, soit au total 17 citations dont 14 avec palmes. Ajoutons qu’il a été Grand Croix de la Légion d’honneur et médaillé militaire, décoration qui ne peut être remise qu’à un officier ayant commandé en chef devant l’ennemi.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui explique son basculement dans l’OAS, contre l’Etat français, lui qui aura passé toute sa vie à servir la France ? Qu’est ce que le putsch d’Alger ?
Pierre Pellissier : Le passage du général Salan dans le rôle d’un officier rebelle était l’une des principales questions que je voulais tenter de résoudre. Au fil des pages, plus j‘avançai dans mon travail, plus les raisons me semblaient évidentes. Le monde des officiers n’a rien à voir avec le monde des politiques. Salan a traversé les troisième et quatrième Républiques, avec les mêmes gouvernements éphémères, incertains, incapables d’arrêter une politique à long terme, ingrats s’il le fallait avec ceux à qui ils demandaient de se sacrifier. La façon dont René Mayer l’écarte d’Indochine en est une preuve. La Cinquième n’a pas été plus généreuse avec Salan, Entre « Je vous ai compris » et l’Algérie algérienne, en passant par la « paix des braves » et l’autodétermination, de Gaulle a inventé toutes les solutions, sans jamais dire où il voulait aller.
Breizh-info.com : Quelles furent les relations entre De Gaulle et Salan ?
Pierre Pellissier : Les rapports entre Salan et de Gaulle n’ont jamais été chaleureux. Sans remonter aux affaires africaines et aux tentatives de débarquement du général de Gaulle, ni aux combats franco-français du Liban, sans entrer dans la querelle entre Leclerc et de Gaulle à propos de l’Indochine, les frictions ne manquent pas entre les deux hommes : en bout de course, de Gaulle évince Salan d’Algérie, lui offre l’ambassade de France en Chine, le nomme inspecteur de la défense nationale puis vide la fonction de tous ses rôles, et le voilà gouverneur militaire de Paris… Après quoi, partant à la retraite, Salan se voit interdire d’habiter à Alger…
Breizh-info.com : Eu égard de ses faits d’armes, Salan était-il réellement un personnage controversé, ou bien est-ce notre époque moderne, prompte à déraciner le passé et à salir les hommes, qui en a fait un homme controversé ?
Pierre Pellissier : L’image du général Salan a été brouillé par l’affaire de l’O.A.S. Elle reste controversée parce que d’autres éléments ont également joué contre lui. A-t-il été Franc-maçon ? Cela lui a été reproché il a toujours démenti l’appartenance à cet ordre : « Où en aurai-je trouvé le temps ? ». A-t-il touché à l’opium ? il n’a jamais caché que ses relations avec les indochinois l’avaient, parfois obligé à y goûter, mais si rarement. A-t-il eu une responsabilité dans la création du camp de Dien Bien Phu ? Il y avait songé, mais son projet s’appuyait sur les camps existants à l’époque de Na Sam et Lai Chau. A-t-il été le bradeur de l’Indochine comme on voulu le croire les Algérois ?
En aucun cas. Le rapport secret que l’Express a voulu publier, à propos de Dien Bien, Phu était-il de Salan ? Lui-même et le général Ely ont lu le document, rien n’était de leurs plumes. A-t-il été l’homme qui a ramené de Gaulle au pouvoir, autre reproche des français d’Algérie ? ce n’est même pas évident…

Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.
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Transmis par J.L.G

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Mis en ligne le 04 octobre 2021

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