ALGER A LA PÉRIODE TURQUE
Observations et hypothèses sur sa population et sa structure sociale*

Dans un essai récemment paru dans " le Journal of Economie and Social History of the Orient ", D. Ayalon tirait des conclusions négatives quant aux possibilités d'estimer avec précision la population des pays et des villes de l'Islam médiéval :

« En l'état présent des connaissances les tentatives d'estimer l'importance des populations dans les pays de l'Islam médiéval devront être reportées pour une très longue période. La tendance à donner des estimations faibles..., qui peuvent être en harmonie avec les chiffres des périodes successives, basées sur des données statistiques plus fiables, devrait être rejetée au moins aussi fermement que la tendance opposée, celle de proposer des chiffres élevés. Et cela parce que, outre le fait qu'elles n'ont — à l'opposé des autres — aucun fondement, elles ont l'apparence de la fiabilité.»1.
Doit-on adapter ces conclusions — qui, comme nous l'avons dit, se réfèrent à la situation de la période médiévale — aux villes d'une époque plus récente : la période ottomane ? Ou bien est-il possible d'esquisser des hypothèses fiables, basées non pas sur des données statistiques (inexistantes dans la presque totalité des situations urbaines), mais sur les quelques données offertes par les documents de l'époque et sur l'observation et l'analyse des espaces physiques de la ville ottomane qui subsistent encore aujourd'hui ?

A moins de découvertes bouleversantes — toujours possibles — qui pourraient sortir de l'exploitation de sources aujourd'hui connues seulement en partie, telles que les documents des archives ottomanes, c'est cette dernière voie, à mon avis, que l'on peut suivre, surtout là où l'on dispose de sources « indirectes » en abondance (même si elles sont parfois confuses) et là où la structure physique de la ville permet encore aujourd'hui une approche quantitativement et qualitativement intéressante : ce qui est le cas dans la plus grande partie des villes musulmanes du bassin de la Méditerranée. C'est le choix de certains chercheurs qui se sont penchés sur la question de la population des villes ottomanes, en particulier André Raymond (1974,1985) dans ses études sur Le Caire et sur les grandes villes arabes à l'époque ottomane 2.
Dans ses conclusions, André Raymond est amené à rappeler la non-fiabilité des sources écrites de l'époque (chroniques locales, documents consulaires, récits de voyage, etc.) et la nécessité d'avoir recours « aux faits de structure urbaine et aux monuments, comme à autant de signes utilisables pour nous aider à reconstituer l'histoire de la population » (A. Raymond, 1974, 184).
Au cours de mes recherches portant sur l'histoire urbaine d'Alger avant la période coloniale 3, j'ai été amené à m'intéresser à l'évolution socio-démographique de la ville, qui en l'état présent des connaissances est assez mal établie. Cette partie de la recherche est loin d'être terminée : je me bornerai à esquisser ses lignes fondamentales, m'arrêtant sur quelques points de détail dont le profil a pu être mieux défini.

Le point de départ de la recherche est, évidemment, l'examen des sources écrites disponibles, et utilisables pour l'évaluation de la population de la ville et de son évolution à l'époque précoloniale. Les sources musulmanes n'offrent pas à ce propos beaucoup de renseignements : les géographes « classiques » donnent d'Alger une image plutôt générale, et nous manquons pour cette ville des descriptions détaillées qui existent pour d'autres cités, telles que Le Caire, Damas, Alep ou Istanbul. Al-Bakrï, Ibn Hawqal, Idrïsï entre autres, plus tard Piri Reis, lui dédient quelques lignes dans leurs oeuvres, la définissant très rapidement comme « très peuplée » 4; il faut attendre la première moitié du XVIe siècle pour trouver une première estimation directe de la population de la ville, celle de 4 000 feux attribués à Alger par Hasan Ibn Muhammad al-Wazzân al-Zayati, plus connu en Occident sous le nom de Jean-Léon l'Africain 5.
A partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, les écrivains européens (voyageurs, marins, ambassadeurs, anciens esclaves, missionnaires et «rédempteurs», mais aussi géographes et historiens) comblent en quelque façon, par leurs écrits, ce vide.
Il s'agit de données souvent disparates, mais — à part quelques cas facilement identifiables — concordant dans la définition d'une courbe d'évolution démographique qui paraît suivre assez fidèlement l'évolution économique de la ville telle que nous la connaissons. Ainsi, à partir du début du XVIe siècle, la population attribuée à Alger s'accroît rapidement jusqu'au début du XVIIe, se maintient autour des valeurs les plus hautes à travers tout ce siècle et décroît assez rapidement à partir de la moitié du XVIIIeme : elle atteint autour de 1830 les mêmes valeurs qui lui étaient attribuées à l'époque de Hasan al-Zayati.

Jusqu'à ces dernières années, les chercheurs admettaient généralement que les chiffres moyens proposés par les auteurs européens contemporains étaient acceptables : on admettait en particulier que la ville d'Alger ait pu abriter 100 000 habitants dans la période la plus « fortunée » 6, le XVIIe siècle.
Une autre donnée généralement acceptée concerne les 30 000 habitants qu'Alger est censée avoir possé dés en 1830, à l'époque de l'occupation française 7.
Plus récemment, ces données ont été remises en question : par rapport à l'extension de l'espace bâti de la ville ces valeurs donneraient des densités d'habitants insoutenables selon certains auteurs (A. Raymond, 1985, 63) : 2 433 habitants à l'hectare pour le chiffre de 100 000 habitants, et 646 habitants à l'hectare pour 30 000 habitants. Remarquons en passant qu'une densité proche de la plus forte valeur énoncée ci-dessus a été atteinte à l'époque moderne, autour des années trente de notre siècle, dans le quartier de la Casbah (R. Lespès, 1930, 523), sous la poussée de facteurs démographiques et socio-économiques vraisemblablement inconnus à l'époque ottomane.

Le rapprochement entre l'histoire de l'espace urbain et les lignes générales de l'évolution démographique de la ville peut fournir quelques éléments de réflexion utiles. S'il « est logique de supposer que la population des villes s'est accrue proportionnellement à l'extension des surfaces construites » (A. Raymond, 1985, 55-56), l'application de cette remarque au cas d'Alger se heurte à des problèmes très par ticuliers. Il faut considérer avant tout que pendant plus de deux siècles — de la fin du XVIe à l'occupation française — l'extension de la surface bâtie de la ville n'a pas changé. De plus, les sources documentaires — Haedo en particulier — rapportent un rétrécissement des terrains construits pour des raisons de sécurité, lors de la destruction d'un faubourg qui s'était formé à l'extérieur des remparts : et cela vers la fin du XVIe siècle (1573), à une époque où la ville vivait un essor économique (et démographique ?) sans précédent 8.
Il est par ailleurs évident qu'une proposition opposée à la précédente, c'est-à-dire que la population d'une ville n'augmente pas s'il n'y a pas également extension de la surface bâtie, ne correspond pas à la réalité. L'augmentation de la population assume en ce cas d'autres aspects, qui sont avant tout de densification de l'habitat, de réduction des espaces libres au sol, de modification des typologies de la construction en faveur d'édifices hauts et de morcellements intérieurs, dans la limite des possibilités technologiques de l'époque et des exigences de «privacy» des habitants... C'est bien le cas d'Alger qui, déjà au début du XVIIe siècle, est parfois qualifiée de ville « pleine comme un oeuf » 9.
Il est possible de faire d'autres considérations intéressantes à partir de la comparaison numérique avec des cas mieux connus. Il s'agit toutefois d'une démarche analogique à suivre avec beaucoup de prudence : ainsi la confrontation entre les surfaces et les densités moyennes de grandes villes du monde musulman met souvent en jeu des réalités physiques très hétérogènes, et donc ne peut porter qu'à des conclusions interlocutoires et très largement hypothétiques. Il est néanmoins vrai que certains chiffres moyens obtenus par ce biais donnent matière à réflexion.
Pour en revenir à un chiffre déjà cité dans le cas d'Alger, prenons l'exemple des 30 000 habitants que l'on retient pour la population d'Alger en 1830, à une époque d'extrême décadence économique, sûrement l'un des points les plus bas touchés par la population de la ville à l'époque ottomane. Or, pour l'extension d'Alger en 1830, qui atteint les 45 hectares, ce chiffre donne une densité moyenne d'environ 650 habitants à l'hectare, qui correspond presque au double de celle de Tunis et d'Alep à la même époque, et à beaucoup plus qu'au double de celle de Baghdad 10. Au-delà de l'abstraction de ces chiffres proposés dans un cadre de référence mathématique ou statistique, il me semble que ces différences ne doivent pas trop nous impressionner. Si l'on se rapporte à des situations urbaines assez proches par leur géographie et leur histoire, celles de Tunis et d'Alger par exemple, la différence de densité — très importante — qui apparaît se justifie en fait à partir de la confrontation des espaces physiques résiduels appartenant à la même période. En tant qu'hypothèse de travail — l'état actuel de la recherche ne permettant pas de tirer de conclusions à ce propos — il me semble que la confrontation même embryonnaire entre les données documentaires tirées presque totalement des sources européennes et les données physiques de la ville permet d'affirmer qu'elles ne présentent pas de très profondes contradictions : en ce sens que la typologie de l'habitat de l'Alger ottomane aurait pu permettre les densités très élevées de population postulées par les chiffres avancés par certains auteurs européens à différents moments de son histoire.

Un élément de variabilité démographique très fort est introduit par une population marchandise dont la présence à l'intérieur de la ville était sujette aux vicissitudes du marché et en même temps aux bouleversements politiques méditerranéens : les esclaves.
D'après les sources européennes — les seules qui proposent des évaluations numériques — leur chiffre varie grosso modo de façon parallèle à la courbe de la population dont nous avons parlé ci-dessus, avec des valeurs très élevées (les plus élevées) autour de la moitié du XVIIe siècle. A partir de 1680 environ — l'époque des bombardements d'Alger par la flotte de Louis XIV et des traités de paix qui s'ensuivirent — les chiffres proposés par les documents chutent brusquement et se main tiennent à des valeurs très basses jusqu'au début du XIXe siècle.
Quelques données complémentaires. Entre 1578 et 1684 les chiffres que j'ai collectés à ce propos varient entre 12 000 et 40 000 esclaves : quantités énormes aux yeux mêmes des auteurs qui les proposent, et qui cherchent à les justifier des façons les plus différentes 11.
La question des esclaves par rapport au thème qui nous intéresse est encore compliquée du fait de leur répartition entre la ville au sens strict et le « royaume d'Alger » (ce terme désignant parfois la campagne des environs, parfois les autres villes de la Régence).
A ce sujet, un seul terme de confrontation paraît être certain durant cette période : en 1638 les esclaves qui ramaient dans les galères algéroises — et qui donc résidaient dans la ville — étaient au moins 3 634, autant que les Vénitiens en libérèrent après la bataille de la Valone 12. A une époque plus récente, vers la fin de la domination turque à Alger, on rencontre d'autres données « sûres » : en particulier, les 1 642 esclaves libérés parLord Exmouth représentaient la totalité des esclaves chrétiens d'Alger en 1816.

On possède d'autres séries de données importantes sur quelques catégories par ticulières de la population, tels que les juifs et les janissaires. Les juifs étaient arrivés à Alger à des époques différentes, lors des persécutions qui les avaient chassés des pays de l'autre rive de la Méditerranée. Mis à part les juifs qui résidaient en Afrique depuis des temps immémoriaux (que certains auteurs font remonter à la première et à la deuxième diasporas), il semble que les premiers juifs d'Alger furent chassés d'Espagne à la fin du XIVe siècle (H.-D. de Grammont, 1887, 233). Khayr-al-Din leur donna par la suite la permission de s'établir dans la ville et d'y ouvrir des boutiques, et ils constituèrent — avec les esclaves, les renégats chrétiens et les Maures d'Espagne — cette population d'immigrés qui contribua fortement à l'accroissement démographique de la ville au cours des XVIe et XVIIe siècles.
Les chiffres dont on dispose concernant la population juive varient entre 8 000 et 10 000 personnes au cours du XVIIe siècle. Pour le XVIIIe, quelques auteurs arrivent jusqu'à 15 000 13, tandis qu'autour de 1830 on les évaluait à 5 000 personnes 14. D'après les témoignages des auteurs européens, c'est parmi la population juive que se trouvaient les cas de plus haute densité et de concentration d'habitants : ils n'auraient jamais disposé, dans les quartiers qui leur étaient réservés, de plus de 180 maisons en tout. Gramaye, qui fut esclave à Alger en 1619, et qui cite parmi ses informateurs un rabbin, s'émerveille que dans certaines parties du ghetto inférieur (la «Judea inferiore») plus de 300 personnes habitent la même maison (J.-B. Gramaye, 1622, 13).
En ce qui concerne les janissaires, la variation de leur nombre d'après les documents européens paraît aller de 6 000 à 12 000 soldats de garnison durant toute la période turque. A ce propos — et c'est un cas unique pour Alger, à ma connaissance— on possède des données très précises et détaillées, tirées de documents turcs du XVIIIe siècle : nous savons ainsi qu'en 1158 H/ 1745 J.-C. les effectifs de l'odjaq qui étaient hébergés dans les huit casernes de la ville se montaient à 11 897 militaires, dont 2 575 hors rang 15.
Sur d'autres groupes sociaux de la population (renégats, kabyles, maures d'Espagne, etc...), les données sont plus rares et éparpillées, et ne permettent pas des confrontations valables d'un document à l'autre.

Pour compléter cette rapide esquisse il nous reste à considérer la possibilité de préciser quantitativement la population d'Alger à l'époque ottomane par le seul recours aux éléments physiques de la ville : ses monuments et ses édifices.
Alexandre Lézine, dans un article sur les villes africaines paru en 1969 16, proposait de calculer la population d'une ville musulmane à partir de la surface occupée par la Grande Mosquée (ou bien par l'ensemble des différentes mosquées à khutba) à une époque déterminée. Étant donné l'obligation de participer à la prière collective du vendredi pour certaines catégories de la population, grâce à l'application de simples facteurs de multiplication il aurait été possible, d'après Lézine, de remonter avec une certaine approximation de l'espace du culte à la population urbaine 17.
Plus récemment André Raymond (1985, 186), qui estimait peu sûre « la relation entre le nombre et la localisation des mosquées et l'importance globale et la répartition de la population », a proposé de considérer les bains publics comme l'élément le plus significatif pour le calcul de la densité de population à partir des édifices ou constructions de la ville. Robert Mantran, quant à lui, avait précédemment proposé d'appliquer un procédé similaire à Istanbul à partir des sabil's, ou fontaines publiques 18. Est-il possible d'adopter ce type d'approche pour évaluer la population d'Alger ?

Pour ce qui est des edifices sacrés — même en retenant l'hypothèse de Lézine — il ne me semble pas possible d'en tirer profit pour le cas d'Alger ottomane : des 13 mosquées à khutba qui s'y dressaient en 1830 19, beaucoup ont été démolies et il n'en reste ni trace ni document, à ma connaissance, qui permette de chiffrer leur surface avec une approximation acceptable. Encore plus difficile, et aléatoire, serait la reconstitution de l'extension des espaces de prière pour n'importe quelle période précédant l'occupation française. Ce raisonnement pourrait ne pas être dénué de tout fondement dans un seul cas, à mon avis : à l'époque de la construction ou, de la reconstruction, de la Grande Mosquée qui existe encore aujourd'hui, pendant la domination almoravide (Ve H./XIe J.-C). En appliquant les facteurs de multiplication proposés par Lézine cela correspondrait à une population urbaine comprise entre 5 000 et 9 000 habitants.
En ce qui concerne les hammam's et les fontaines publiques d'Alger, l'état des connaissances est le même que pour les mosquées. Malgré cela, en choisissant parmi les différents nombres de hammam's proposés par les documents à des époques diverses, on a cru pouvoir avancer des chiffres relatifs à la population qui concorderaient avec les densités moyennes relevées en d'autres villes arabes de la dernière période ottomane (A. Raymond, 1974, 188-191).

La suite de la recherche devra affronter plus directement la relation existant entre la typologie de l'habitat et sa signification du point de vue démographique. Malgré les destructions de l'époque coloniale, en effet, de larges lambeaux du tissu urbain de l'époque de la domination turque sont encore debout : c'est de l'analyse de ce tissu urbain qu'il est possible de tirer des renseignements fort intéressants, pour être en mesure d'établir sur des bases plus durables les différentes hypothèses qui, jusqu'à aujourd'hui, ont été avancées sur la population et la structure sociale d'Alger à la période turque.

Annexe 1
Population d'Alger d'après les sources européennes
(dates de référence : la date de visite a été préférée à la date d'édition des ouvrages imprimés)
1516
1550
1578-1581
1587
1595
1605
1615
1619
1625
1625
1634
1640-1642
1656
1660 *
1662
1665
1668
1670
1674-1675
1683
1686
1688
1700
1719
1725
1729
1731
1738
1750 env.
1784
1785-1788
1788
1789
1808
1809
1815-1817
1825
1830
1830
Jean-Léon l'Africain
Nicolas De Nicolay
Diego de Haedo
Lanfreducci et Bosio
Giovanni Botero
Savary De Brèves
William Lithgow
Jean-Baptiste Gramaye
Giovanni Battista Salvago
Pierre Davity
Père Dan
De Aranda
Sanson d' Abbeville
Davity éd. De Rocoles
Père Auvry (Miroir)
Du Val
O. Dapper
Ogilby
Chevalier d'Arvieux
A. Manesson-Mallet
Père Coppin
Sieur De La Croix (Dapper)
Pères Comelin et De La Motte
Gueudeville (Atlas)
Laugier de Tassy
Vander AA
Tollot
Shaw
Juan Cano (cit. De Grammont)
S. Palermo
Von Rehbinder
G. T. Raynal (cit. Lespès)
Venture de Paradis
Boutin
Dubois Thainville
Pananti
Shaler
Rozet (Voyage, éd. 1833)
Enquête Génie



130 000
80 000
100 000
30 000

150 000
80 000
plus de 100 000
100 000


100 000


100 000
plus de 100 000
env. 100 000
env. 80 000

plus de 100 000
100 000
100 000

150 000
env. 117 000
50 000
plus de 100 000
80 000
moins de 50 000
env. 50 000
73 000
75/80 000
100 000
env. 50 000
30 000
4000 feux
3000 feux
200 maisons
 
 
 
 
env. 13 500 maisons
15 000 maisons
 
env. 15 000 maisons
 
12/15 000 maisons
env. 13 000 maisons
13/15 000 maisons
15 000 maisons
env. 15 000 maisons
15 000 maisons
15 000 maisons
 
 
env. 15 000 maisons
 
 
 
env. 15 000 maisons
 
 
 
env. 15 000 maisons
 
 
env. 5 000 maisons
 
 
 
env. 5 000 maisons
 
6 800 maisons

Annexe 2
Les esclaves d'Alger d'après les sources européennes
1578-1581
1598
1619
1625
1640
1660
1662
1665
1678
1683
1684
1693
1696
1698
1700
1701
1719
1729
1729
1738
1785
1787
1788
1788
1789
1796
1801
1805
1816
1830
Diego de Haedo
Magini (éd.)
Gramaye
G.B. Salvago
De Aranda
Davity éd. De Rocoles
Père Auvry (Miroir)
Du Val
De Fercourt
A. Manesson Mallet
Pétis de la Croix
Lorance (Arch. «De Propaganda Fide»)
Lorance (idem)
Lorance (idem)
Comelin et De la Motte
Lorance (Arch. «De Propaganda Fide»)
Gueudeville (Atlas)
Fau
Vander Aa
Shaw
Von Rehbinder (cit. Lespès)
Venture de Paradis
Von Rehbinder
G.T. Raynal
Venture de Paradis
Alasia (Arch. «De Propaganda Fide»)
Vicherqt (idem)
Joussouy (idem)
Playfer(Emouth)
-Cit. De Grammont
env. 25 000
env. 15 000
plus de 35 000
25 000
30/40 000
35 000
12 000
plus de 40 000
20/30 000
35/40 000
35 000
4 000
1 600
2 600
8/10 000
3 000
4 000
9/10 000
plus de 5 000
env. 2 000
2 000
2 000
800
800
500
700
500
1 200
1 642
122
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(Royaume d'Alger)
 
dans les bagnes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Annexe 3
Les juifs d'Alger d'après les sources européennes
1533-1536
1578-1581
1619
1634
1660
1662
1670
1676
1725
1738
av. 1754
1784
1789
1808
1826
1830
Arch, de Simancas (cit. De la Primaudaie)
Diego de Haedo
Gramaye
Père Dan
Davity éd. De Rocoles
Père Auvry (Miroir)
Ogilby
The present state of Algiers (an.)
Laugier de Tassy
Shaw
M. Ricaud (cit. Venture de Paradis)
S. Palermo
Venture de Paradis
Boutin
Shaler
Rozet (éd. 1833)
300 familles
150 maisons
plus de 8 000
9/10 000
plus de 8 000
8/9 000
9/10 000
13 000 native Jews
15 000
15 000
7/8 000
5 000 familles
7 000
10/12 000
5 000
5 000


Cresti Federico. " Alger à la période turque. "
Observations et hypothèses sur sa population et sa structure sociale.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°44, 1987. pp. 125-133.
doi : 10.3406/remmm.1987.2162
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1987_num_44_1_2162

NOTES :
* Communication initialement présentée au IVe Congrès international d'histoire et de civilisationdu Maghreb (Tunis, 11-13 avril 1986).
1. «At the present state of our knowledge attempts at estimates of population sizes in the count ries of medieval Islam should be postponed for quite a long time. The inclination to make low estimates... which might tally with figures of later periods, based on sounder statistical data, should be rejected at least as firmly as attempts at higher ones. This is because, in addition to being without foundation like the others, they have the semblance of reliability» (D. Ayalon, «Regarding population estimates in the countries of Medieval Islam», mJESHO, XXVIII, part 1, february 1985, 18).
2. A. Raymond, Grandes villes arabes à l'époque ottomane, Paris, 1985, précédé par de nombreuses études dont nous ne citerons que l'article « Signes urbains et étude de la population des grandes villes arabes à l'époque ottomane», in Bulletin d'études orientales, 27, 1974, 183-193.
3. Cf. F. Cresti, «Note sullo sviluppo urbano di Algeri dalle origini al periodo turco», in Studi Magrebini, XII, 1980, 103-125; Id., «Descriptions et iconographie de la ville d'Alger au XVIe siècle», in Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, 34, 1982, 1-22; Id., «Algeri nel XVII secolo. Documenti iconografici e fonti letterarie», in Studi Magrebini, XVI, 1984.
4. Description de l'Afrique et de l'Espagne par Edrisi, texte arabe et trad, par R. Dozy et M. De Goeje, 1866; réimpression anastatique, Leyde, 1968, 65. A propos des textes des géographes musulmans concernant Alger, voir F. Cresti, 1980, 107-112. Le texte de Piri Reis se trouve dans l'essai de R. Mantran, « La description des côtes de l'Algérie dans le Kitab-i Bahriye de Piri Reis», in Revue de l'Occident musulman et delà Méditerranée, 15-16, 1973 (Mélanges Le Tourneau, vol. II), 159-168.
5. La Description de l'Afrique de Jean-Léon l'Africain, dont la rédaction fut terminée en 1526, parut pour la première fois à Venise en 1550 dans le recueil des «Navigationi e viaggi» de Ramusio. Sur Alger, chap. XXVI et XXIX.
6. L'expression est de Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, VIe éd., Paris, 1985, tome 2, 203-205.
7. Le premier recensement officiel (1832) donne toutefois une population de 16 000 habitants seulement. Sur la population de la ville au début de la colonisation cf. R. Lespés, Alger. Étude de géographie et d'histoire urbaines, Paris, 1930, 493-498. Les études de X. Yacono, «Peut-on évaluer la population de l'Algérie en 1830 ?», in Revue africaine, XCVIII, 1954, 277-307, et de P. Boyer, «L'évolution démographique des populations musulmanes du département d'Alger (1830/66-1948)», ibidem, 308-353, ne traitent pas cette question, ou d'une façon très marginale. Dans l'article cité, P. Boyer admet la possibilité d'une population de 100 000 habitants à Alger au xviie siècle sur la base des documents européens (p. 323).
8. Diego de Haedo, Topografia e Historia general de Argel, Valladolid, 1612, tr. française in Revue africaine, 1870-1871 (XIV, 1870, pp. 432-433). Sur l'essor économique d'Alger à la fin du XVIe siècle, cf. aussi F. Braudel, 1985, 203-204.
9. A. Sacerdoti (éd.), Africa ovvero Barbaria : relazione al Doge di Venezia suite reggenze di Algeri e di Tunisi del Dragomanno Gio. Batta Salvago (1625), Padova, 1937.
10. A. Raymond, 1985, 63 : Tunis, 346 h./ha Alep, 327 h./ha; Baghdad, 265 h./ha.
11. J.B. Gramaye, par exemple, qui avance le chiffre de 35 000 esclaves environ, justifie son hypothèse en calculant qu'au moins 30 000 esclaves sont employés aux travaux agricoles dans les 14 698 (!) jardins qui entourent la ville (Africae illustratae libri decent, Tornaci Nerviorum, 1622, L. VII, chap. IV, p. 12).
12. H.-D. De Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830), Paris, 1887, p. 188.
13. Laugier de Tassy (Histoire du Royaume d'Alger, Amsterdam, 1725) et T. Shaw (Travels or Observations relating to several parts of Barbary and the Levant, Oxford, 1738).
14. P. Boyer, La vie quotidienne à Alger à la veille de l'intervention française, Paris, 1963, 24.
15. J. Deny, «Les registres de solde des Janissaires conservés à la Bibliothèque Nationale d'Alger», in Revue africaine, LXI, 1920, p. 36.
16. A. Lézine, «Sur la population des villes africaines», in Antiquités africaines, t. 3, 1969, pp. 69-82.
17. D'après les estimations de Lézine, chaque fidèle occupe à l'intérieur de la mosquée lors de la prière un espace de 0,60 x 1,35 mètre carré. Pour évaluer la population globale, Lézine (1969, 80) propose ensuite de multiplier par quatre la valeur obtenue.
18. R. Mantran, Istanbul dans la seconde moitié du XVII* siècle, Paris, 1962, 40, n. 3 (cit. in A. Raymond, 1985, 187).
19. A. Devoulx, «Les édifices religieux de l'ancien Alger», in Revue africaine, 1862-1870.
20. On obtient le deuxième chiffre en ajoutant le sahn et les riwaq's à la salle de prière. Sur la Grande Mosquée almoravide d'Alger, cf. L. Golvin, Essai sur l'architecture religieuse musul mane, t. 4 (L'art hispano-musulman), Paris, 1979, 174-178; F. Cresti, «La Grande Moschea di Algeri e Parchitettura almoravide del Maghreb», in Islam. Storia e Civiltà, V, 1986, 35-46.

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Mis en ligne le 17 mai 2013

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