Oublié Alain Mimoun ? Pas toujours, mais quelques " traversées du désert " médiatique et des instances sportives, ce qui n'est pas conforme à l'idée que l'on se fait de la " France grande et généreuse ".
Ce métropolitain d'adoption est un modèle d'intégration qui a toujours plus donné à sa patrie d'adoption qu'il n'a reçu. Certes, il a fait la Une des journaux lorsqu'au firmament de sa gloire il a apporté les médailles et fait flotter le drapeau français sur les plus grands stades du monde. Puis lorsque les feux des compétitions s'éteignaient, il regagnait son deux pièces parisien de la rue Simon-Bolivar et remettait son habit de garçon de café qui lui servait à subsister et à payer ses chaussures de sport rafistolées.

Victime de l'injustice (une bourse d'étude lui fut refusée), il s'engagea dans " l'armée d'Afrique" et dut entonner ce chant célèbre " Les Africains ", que certains qualifient de " chant fétide et vulgaire ".

Un modèle donc. Pas pour sa conversion au catholicisme qui fait partie d'une démarche mystique personnelle ; mais pour son patriotisme exacerbé et son amour de la France et de son histoire qui devrait faire rougir les " vrais français " qui ne cessent de dénigrer leur terre natale. Il fut le porte parole de l'opposition à la suppression du coq sur le maillot national par la décision absurde du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) en 1997.

Un français qui ne pouvait entendre l'hymne national sans ressentir une profonde émotion et qui pavoisait sa maison quatre fois par an.
Un français " par le sang versé " comme tant d'autres, qui seront moqués, méprisés, oubliés.
Des rues et des stades à son nom, des honneurs et des hommages posthumes, afin que ce sportif légendaire ne meure jamais.
C'est en exemple qu'il devrait être cité dans les centres sportifs de formation et dans les écoles primaires. On ne lui a pas fait de cadeaux, il s'est bâti tout seul à force de volonté et d'abnégation. Il a pris ce qu'on lui a octroyé sans rien demander ; mais il s'est voué corps et âme pour un pays qu'il s'est choisi sans rien exiger en retour.

1949 : Alain MIMOUN 1956 : Alain MIMOUN

Le champion olympique du marathon en 1956, est mort jeudi soir à l'âge de 92 ans à l'hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé, en banlieue parisienne, tout près de l'Insep où il se rendait encore il y a quelques mois pour assouvir sa soif inextinguible de course à pied.

Avec Alain Mimoun, immense champion des années 1940 et 1950, c'est un pan de l'histoire de l'athlétisme qui a disparu jeudi soir. Champion olympique le 1er décembre 1956 du marathon, dans la chaleur de Melbourne (36°C à l'ombre), avec un simple mouchoir blanc sur la tête comme seule protection et alors que l'on promettait le titre à son rival éternel et grand ami Emil Zatopek, Mimoun, né en Algérie française le 1er janvier 1921 (à El Telagh, en Algérie, né Ali Mimoun Ould Kacha, NDLR), demeure le plus grand coureur français de tous les temps.
Trois fois vice-champion olympique sur la piste, en 1948 à Londres (10 000 m) et 1952 à Helsinki (5000m et 10 000m), quadruple champion du monde de cross en 1949, 1952, 1954 et 1956 (à l'époque appelé cross des Nations) (32 fois champion de France, NDLR), Mimoun a atteint la gloire à la force d'une volonté forgée dans un destin douloureux, à faire pâlir les meilleurs scénaristes hollywoodiens. Faute d'avoir obtenu une bourse d'étude, ce petit Algérien avait ainsi rejoint la France en intégrant l'armée. Et c'est à Bourg-en-Bresse, après la débâcle de 1940, qu'il rencontra l'athlétisme. Après avoir combattu l'Afrika Korps en Tunisie en 1942-1943, avoir frôlé l'amputation de la jambe gauche en raison d'une blessure lors de la bataille de Monte Cassino (Italie) en 1944, il connaîtra ensuite une carrière sans égal, souvent en marge du système.

Décoré de la Légion d'honneur

Sa soif de reconnaissance légitime d'un pays, la France, qu'il a toujours considéré comme le sien, sera finalement assouvie quand quatre présidents de la République le décoreront de la légion d'honneur : René Coty en 1956 (chevalier), Georges Pompidou en 1972 (officier), Jacques Chirac en 1999 (commandeur) et Nicolas Sarkozy en 2008 (grand officier). En décembre dernier, notre journal, qui l'avait sacré champion des champions en 1949 et 1956, lui avait remis son premier trophée de champion des champions de légende.
Il y a deux ans, lorsqu'il nous avait reçu chez lui, à Champigny-sur-Marne, il se remémorait ainsi l'apothéose de sa vie de champion, à Melbourne, au lendemain de la naissance de sa fille Olympe : " Quand le drapeau français a été hissé, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté. Le lendemain, il flottait encore. C'est un destin fantastique, non ? " Assurément Monsieur Mimoun...
http://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/Alain-mimoun-est-decede/382052
Photos :
http://www.lequipemag.fr/avant-hier/diaporama/Alain-mimoun-une-vie-a-courir/944/#22


Ultime Hommage

Décédé le 27 juin dernier, Alain Mimoun, champion olympique du marathon à Melbourne en 1956, se verra rendre les honneurs dans la cour des Invalides, lundi 8 juillet à 10 heures, en présence du Président de la République, François Hollande. L'ancien marathonien était domicilié à Champigny (Val-de-Marne) mais ses obsèques auront lieu mardi, à 15 h 30, en l'église de Bugeat, en Corrèze, région à laquelle il était particulièrement attaché.
http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/hommage-national-a-alain-mimoun-lundi-03-07-2013-2951093.php

Quelques phrases prises au fil du net

" Le coup de marteau, ça a été autour du 30e km. Les 5 minutes les plus durse, plus difficiles que tout le marathon. Je m'insultais "fainéant, tu ne vas pas lâcher maintenant "

" ...Même que les gens croient que chez moi c'est la gendarmerie. J'ai failli perdre une jambe lors de la campagne d'Italie. C'est pas du bricolage, c'est pas pour faire beau. Ce droit, il faut le mériter. Tout ce que j'ai gagné dans ma vie, c'est la reconnaissance de la France.

" J'ai donné mon sang pour la France et j'ai arraché quatre médailles pour elle. Honnêtement, ce qui me peine un peu, c'est le sentiment que, parfois, le peuple français ne mérite pas son pays.

" J'ai fait dix fois le tour du monde, pour moi rien ne vaut la France. "

" Quand le drapeau français a été hissé, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté. Pour moi, la France, c'est la plus belle fille du monde avec, en plus, quelque chose de sacré, comme une atmosphère de sainteté. "

" Déjà, dans le ventre de ma mère, j'étais plus Gaulois que les gaulois ! "

" Chaque matin, lorsque je me réveille, je remercie Dieu de m'avoir donné la bénédiction d'être citoyen de ce pays. Je me suis engagé plus pour connaître la France que pour la défendre ! "

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Mis en ligne le 07 juillet 2013

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