Les Pieds-Noirs
1962 L'EXODE
Les Pieds-Noirs

Entrée  - Introduction  -   Périodes-raisons  -   Qui étaient-ils?  -   Les composantes  - L'attente  -   Les conditions - Le départ  -  L'accueil  -  Et après ? - Les accords d'Evian - L'indemnisation - Girouettes
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LES CONDITIONS DE L'EXODE

Elles furent le plus souvent pitoyables et inhumaines.

Quatre cent mille départs prévus en cinq ans il y en aura cinq cent mille en quatre mois.

" Trois cent Français d'Algérie par semaine, ça fait douze cent par mois, à supposer qu'ils soient tous des rapatriés. Ce n'est pas la mer à boire. Ce n'est rien ! " Charles De Gaulle à Alain Peyrefitte

"Les accords (d'Evian) satisfont la raison de la France." Charles de Gaulle. Allocution télévisée du 18 mars 1962.

"Que les accords (d'Evian) soient aléatoires dans leur application c'est certain...."
Charles de Gaulle. Conseil des ministre du 19 mars 1962.

"CHIFFRE RECORD : 76 AVIONS VENANT D'ALGERIE ONT ATTERRI SAMEDI EN METROPOLE" 6031 ont quitté Oran, soit par bateau, soit par avion. Plus de 8000 ont quitté Alger" (Echo d'Oran du 25 juin 1962)

La ruée pour retirer les pensions

La cohue pour obtenir un visa

Trouver une place pour un prochain départ

Chronologie des départs.

Entre 1958 et 1961 : 150 000
Quatre premiers mois de 1962 : 68 306
Mai 1962 : 83 360
Juin 1962 : 328 434
juillet 1962 : 60 890
Aout 1962 : 40 258
Quatre derniers mois de 1962 : 71 017
1963 : 80 000
1964 : 30 000
Français musulmans : 46 000

Total : environ 960 000

Mouvement des Européens entre la France et l'Algérie, au cours de l'année 1962.

vers la France retour en Algérie solde mensuel solde cumulé
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
45 626
38 610
43 550
46 030
101 250
354 914
121 020
95 578
71 020
54 162
35 540
56 717
44 297
28 883
16 050
16 280
18 890
26 480
60 130
55 320
55 233
43 975
25 805
24 409
1 329
9 727
27 500
29 750
83 360
328 434
60 890
40 258
18 787
10 187
9 735
32 308
1 329
11 856
37 556
68 306
150 666
479 100
539 990
580 248
599 035
609 222
619 957
651 265

Il faut y ajouter 80 000 Français qui rentrent d'Algérie au cours de l'année 1963, et un peu plus de 30 000 en 1964.
Les statistiques préfectorales ne prennent pas en compte les rapatriés arrivés avant le 1er janvier 1962. Il faudrait ajouter aux 651 265 rapatriés, 46000 Français musulmans, 150 000 personnes arrivées d'Algérie entre 1958 et 1961, et une vingtaine de milliers de personnes ayant refusé, pour diverses raisons, le statut de rapatriés. Etc…

1962 : l'arrivée des Pieds-Noirs - par Jean-Jacques Jordi - éd. Autrement 1995

L'obtention des documents, permettant la sortie du territoire ne fut pas une tache facile. Les tracasseries administratives amplifiaient l'humiliation, comme une punition supplémentaire. L’administration française encore présente, que représentait gendarmes et CRS, prenait souvent un malin plaisir à faire revenir plusieurs fois les postulants au départ pour un défaut de formulaire, puis pour une signature manquante, puis pour un tampon absent…

Mercredi 27 juin 1962.- Quand on est écrasé dans un centre d'accueil depuis dix jours avec sa femme malade des nerfs et sa marmaille criante et puante, à qui ne lécherait-on pas les bottes pour avoir n'importe quoi ? Le temps de la révolte est dépassé, momentanément du moins.
Et, toujours, interdiction de prendre des photos et de rien dire" qui puisse donner l'idée d'une catastrophe ". C'est bien toujours l'objectif numéro un. Ne pas décevoir l'immense espoir mis dans les accords d'Evian.

Michel de Laparre "Journal d'un prêtre en Algérie-Oran 1961-1962" p185


A Oran commissariat du 2e arrondissement, on attend les autorisations de sortie

Partir par tous les moyens


http://www.tenes.info/galerie/EXODE/7_G

Communication d’Alain Peyrefitte, Ministre délégué chargé des rapatriés, lors du conseil des ministres du 11 septembre 1962 :

Pour ma première communication dans mes nouvelles fonctions, je donne au Conseil des chiffres complets qu’on n’osait pas jusqu’à présent avancer de peur d’accroître la panique. Je les ai précédemment montrés à Pompidou qui a approuvé mon intention de les révéler au gouvernement : on ne peut pas continuer à se bercer d’illusions.
Il y avait en Algérie 1 020 000 civils européens au dernier recensement, le 1er juin 1960. Environ 160000 en était partis au 1er janvier 1962 et ne sont pas revenus ; il en restait donc 860 000 qui se sont réduits à 260 000 aujourd’hui. Il y a 760 repliés européens en métropole, auxquels s ’ajoutent 15 000 musulmans, auxquels il faudra sans doute ajouter des milliers de musulmans civils qui commencent depuis ces jours derniers à quitter précipitamment l’Algérie pour des raisons disent-ils de sécurité, ou plutôt me disent mes services, pour trouver en France un travail que l’Algérie ne leur offre pas. Ce qui va faire quelques 800 000 rapatriés d’Algérie, sans compter 400 000 rapatriés européens récents de Tunisie, du Maroc et d’Egypte.
Hypothèse optimiste : les retours en Algérie, en cas d ’amélioration nette de la sécurité, feraient remonter la population européenne à 300 000 voire 350 000 personnes.
Hypothèse raisonnablement pessimiste : les départs d’Algérie continuent. Il ne resterait plus à l ’entrée de l’hiver que 150 000 peut-être même 100 000 Européens décidés à rester en Algérie coûte que coûte. Suivant les cas, les rapatriés d’Algérie en Métropole seraient de l’ordre de 650 000 ou de 900 000. C’est au cours des semaines qui viennent que les rapatriés devraient s’organiser pour l ’hiver et décideront s’ils retournent ou s’ils restent.

Source : Alain Peyrefitte, C’était De Gaule, Paris, Gallimard, 2002 (1ère édition : 1994)


http://www.tenes.info/galerie/EXODE/7_G

Devant la pénurie de containers, appelés « cadres », nécessaires à l’embarquement des meubles, on vit des gens jeter cuisinières et réfrigérateurs par la fenêtre, ou réunir leurs meubles dans la rue pour constituer des bûchers. Pour qu’il ne reste plus rien. Comme un exorcisme aux regrets, afin d'anéantir les démons du souvenir.


Après le pillage des maisons, c'est la vente en plein air

A MEDITER
" Un homme d'État ne devrait jamais mentir au peuple. D'autre part, il devrait faire tres attention à ce qu'il dit et au genre de vérité qu'il présente, à l'heure à laquelle il la présente et à la manière dont il la présente!." Ch de Gaulle à l'historien américain David Schoenbrun

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Mis en ligne le 10 sept 2010

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