Les origines des transportés de 1848 (Voir tableau)

À l'exception de Paris, le nom du département est signalé en premier suivi de la commune d'origine. Quand la commune n'a pu être identifiée ou qu'elle est illisible, elle est placée entre parenthèses et en italiques - exemple : Meuse Gray ? (non identifiée) -.

La dénomination de l'ancien département de la Seine ainsi que celui de la Seine et Oise ont été conservées, avec leurs communes respectives. De même, pour le département de la Meurthe et ceux qui ont changé de nom : Basses-Alpes, Loire-inférieure, Seine-inférieure.

Les communes de la Seine, limitrophes de Paris et qui seront intégrées aux arrondissements parisiens en 1860, sont signalées comme suit : Seine Montmartre (ex-commune).

Les détenus de Belle-Île sont originaires de 64 départements français. Onze d'entre eux sont nés à l'étranger. Les origines de 446 détenus sur 462 ont pu être reconstituées (12 sont sans mention de lieu de naissance, pour les 4 autres, soit le département n'est pas signalé soit le lieu de naissance est illisible).
Sur ces 446 identifiés on trouve 233 repris de justice sur 234, 212 "dangereux" sur 225 et Jean Baptiste Maritus originaire de Moselle. Les pourcentages suivants sont établis à partir de ces chiffres.

Les natifs de Paris (132) et des communes qui y seront annexées en 1860 représentent 140 individus (31,4%). Si on leur rajoute les natifs des communes de l'ancien département de la Seine, on arrive à 157 détenus (35,2%), chiffre qui atteint 184 personnes (41,2%) avec les originaires de l'ancien département de Seine et Oise (20) et ceux de Seine et Marne (7). Paris et la région parisienne représentent donc, selon les critères choisis, entre 31% et 41 % des effectifs des derniers insurgés de Juin détenus à Belle-Isle.
Ces derniers sont donc majoritairement issus de la Province, entre 66 % (295/446) et 56,3% (251/446) selon les critères retenus.

Origine des transportés de 1848
251 Provinciaux soit 57%
140 Parisiens soit 31%
44 originaires de la Seine et de la région parisienne soit 10 %
11 étrangers soit 2%

À titre de comparaison avec les tableaux établis par Jacques Houdaille (1), les natifs du département de la Seine représentent 21,2% auxquels il faut ajouter 13,5% originaires de la région parisienne soit 33,7% de l'ensemble des insurgés arrêtés en 1848. Des pourcentages qui sont inférieurs à ceux des derniers détenus de Belle-Île.
La répartition interprovinciale relevée dans l'article de Jacques Houdaille permet de constater à la fois des ressemblances mais aussi des écarts avec la situation des détenus de Belle-Île.
Les régions du nord de la Picardie, du nord-est et de l'est constituent la source d'origine de la majorité des "provinciaux" de notre étude, soit un détenu sur 4.

Par rapport au nombre total de détenus dont l'origine est identifiée (446) le Nord et la Picardie (Aisne, Nord, Pas-de-Calais, Oise, Somme) représentent 11,6% du contingent (52 individus). Le nord-est et l'est en l'étendant jusqu'au Jura (Ardennes, Aube, Doubs, Haute-Marne, Haute-Saône, Jura, Marne, Meurthe, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Vosges) avec 62 originaires atteint 14% de l'effectif total.

Si l'on se réfère aux mêmes critères que ceux utilisés par Jacques Houdaille, c'est-à-dire en incluant la région parisienne dans les "provinciaux", soit 289 personnes, les départements du Nord/Picardie apparaissent pour 18% (52/289) et ceux du nord-est/est pour 21,4 % (62/289), contre respectivement 14,2 % et 16,3% chez Houdaille.

Les autres régions les plus importantes quant à l'origine des détenus sont la Normandie (Calvados, Eure, Orne, Manche, Seine-Inférieure) avec 30 natifs (6,7% de l'effectif global) et l'Auvergne/Limousin (Cantal, Creuse, Haute-Vienne, Puy de Dôme) avec 27 natifs (6%).

À l'ouest, la Bretagne (Finistère, Ille et Vilaine, Morbihan plus la Loire-Inférieure : Nantes) n'est présente qu'à travers 9 détenus, mais les Bretons comme le note Jacques Houdaille "sont assez rares parmi les parisiens d'adoption au XIXe siècle." (2)

Quant aux régions de l'Auvergne et du Limousin, le même Jacques Houdaille avait déjà signalé dans son étude : la "forte proportion des natifs du Limousin (les maçons de la Creuse)." (3) On trouve en effet 27 originaires du Cantal (4), de la Creuse (7 dont 6 maçons), de la Haute-Vienne (9) et du Puy-de-Dôme (7).

Certaines régions sont très peu représentées parmi l'effectif de Belle-Île. C'est le cas du sud-est (Basses-Alpes, Var) qui même en y adjoignant des départements du Languedoc (Aude, Gard, Lozère) n'est concerné que par 8 individus (1,8 % de l'effectif global). Parmi les régions peu présentes la Vallée du Rhône et les Alpes avec 12 originaires (2,7%) des départements de l'Ain, de l'Ardèche, de la Loire, du Rhône et de la Savoie.

Les autres régions fournissent à l'ensemble des transportés de 1848 des effectifs d'égale importance mais qui présentent des différences notables avec l'étude menée par Jacques Houdaille :

- 19 transportés natifs du Centre et des pays de Loire (Eure et Loir, Indre, Indre et Loire, Loir et Cher, Loiret, Maine et Loire, Mayenne, Sarthe) soit 4,3% contre 8,8 % pour Houdaille ;
- 17 originaires de Bourgogne (Côte d'Or, Nièvre, Saône et Loire, Yonne) soit 3,8 % contre 7,4 % pour Houdaille ; et 15 nés dans le Sud-Ouest, du Poitou à l'Aquitaine (Ariège, Dordogne, Gironde, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Landes, Lot et Garonne, Tarn) soit 3,4% contre 4,4% pour Houdaille

Les étrangers sont peu nombreux : 11 (2,5% de l'effectif global) ; parmi eux, 4 repris de justice et 7 "dangereux".
Trois belges sur les quatre recensés ont été classés parmi les "dangereux" : Célestin Coustry, François Deslaëf d'Ypres et François Liberton de Bruxelles. Le dernier, Jerôme Eloi est un ouvrier du chemin de fer originaire de Mons.

En provenance de différentes régions d'Allemagne, on trouve deux repris de justice, Antoine Merkel et Abraham Schmidt ainsi que deux "dangereux". Il s'agit de Mathieu Leinen, 29 ans, un marchand de vins né à Sarrelouis, et signalé comme : "très dangereux, réunissant chez lui les socialistes, très exalté" ; ainsi que Paul Maillard, un Bavarois âgé de 25 ans, conducteur sur le chemin de fer, noté comme : "Exalté au dernier degré, homme d'action, de coups de main, très dangereux".

Également signalé comme : "très dangereux, meneur ardent a pris part à toutes les manifestations, homme d'action et de parole", l'Italien, Ange Molinari, natif de Gênes, âgé de 30 ans et bijoutier de son état. Son compatriote François Trisconi, un Piémontais, tourneur en cuivre de 42 ans, a été classé parmi les repris de justice.

1. A.N., série Marine, BB 4 669. p. 165 et 166
2. J. HOUDAILLE, op. cit., p. 167.
3. Ibidem

Le dernier étranger Constantin Corneille Pépé est natif des Pays-Bas et il appartient à la catégorie des "dangereux".

http://criminocorpus.revues.org/153



Mis en ligne le 26 fev 2011
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