Au 31 décembre 1830 la population civile européenne de l'Algérie se réduisait à 602 personnes ; seize années après ; au 31 décembre 1846, elle était de 109 400 habitants. Dans ce nombre les Français figurent pour 47 274, les Espagnols pour 31 528, les Maltais pour 8 788, les Italiens pour 8 175, les Allemands pour 5 386, les Suisses pour 3 238.
Dans la population civile de l'Algérie il est un élément dont on doit suivre la marche avec intérêt ; car il mesure en partie le degré de consistance sociale de la colonie : c'est le, rapport entre le nombre des femmes et celui des hommes. A mesure que notre établissement se développera et se stabilisera ce rapport convergera vers l'unité qui est son terme normal. Envisagée à ce point de vue, la population de l'Algérie n'a pas suivi depuis 1843 la voie de progrès où elle était entrée avant cette époque. En 1841 le nombre des femmes était de 7000, celui des hommes de 29 000, et le rapport, de 0,24. Le recensement de 1843 présente, à la date du 31 décembre, 15 000 femmes et 25 000 hommes, ce qui élevait la proportion à 0,60. Rapport entre la population civile et la population, militaire
Il nous reste à mettre en parallèle les accroissements successifs de la population civile et de l'armée. Cette comparaison fournira au lecteur une donnée de plus pour apprécier la situation et l'avenir de l'Algérie.
Les émigrants concessionnaires formaient la seconde catégorie des ouvriers. L'administration les destinait à la fertilisation et au peuplement des campagnes ; elle les groupait en centres agricoles. Ces centres agricoles se constituaient à l'aide de quatre éléments, savoir : les capitalistes, les propriétaires, les fermiers ou métayers et les industriels. Ces derniers colons étaient les aubergistes, les bouchers, les boulangers, les menuisiers, les charpentiers, les forgerons et les tuiliers. Invités à faire comme les autres des constructions, ils ne devaient obtenir que deux ou trois hectares de terre et au maximum cinq hectares. Les colons concessionnaires étaient tous admis au passage gratuit. A leur arrivée, ils étaient reçus dans des dépôts d'ouvriers où ils étaient hébergés.
En France l'armée est d'environ 300 000 soldats et la population d'environ 30 000 000 d'habitants. Chaque soldat suffit donc à la sécurité de 100 habitants. L'Algérie à la fin de 1830 avait une armée de 37 000 hommes et une population européenne de 602 habitants ; chaque habitant occupait donc au soin de sa sûreté 62 soldats.
Dès l'année suivante ce nombre était réduit à 6 ; en 1834 il était de 3, c'est-à-dire qu'il ne fallait plus pour garder un habitant que 3 soldats. En 1839 chaque habitant ne représentait plus que deux soldats. Enfin en 1845 l'armée et la population atteignirent l'une et l'autre le chiffre de 95 000. La population était arrivée au pair, chaque colon avait son soldat. Enfin en 1846, 10 soldats garantissaient ; la sûreté de 11 colons. L'accroissement progressif de la population civile a permis d'ajouter à l'armée, par la création des milices algériennes, une force réelle dont l'effectif s'élève aujourd'hui à plus de 12 000 hommes.
PARIS FIRMIN DIDOT FRÈRES, ÉDITEURS, IMPRIMEURS DE L’INSTITUT, RUE JACOB, 56 1850
Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. |
Mis en ligne le 09 janvier 2012