Tout d'abord, lorsque l'on "allumait" le poste, il fallait attendre. Les lampes devaient chauffer pour délivrer leur puissance et permettre d'afficher une image. Les transistors n'avaient pas encore supplanté les " tubes".


En dehors des heures des programmes, il y avait la mire, immobile et inamovible.
Quand une manifestation européenne était diffusée, une seconde mire prenait le relais accompagnée d'une musique entrainante et solennelle.

Nota : c'est en 1962 qu'auront lieu les premières transmissions transatlantiques grâce au satellite Telstar

Rien à espérer d'autre jusqu'à l'apparition de la pendule qui égrenait, imperturbable le temps restant avant le "top départ" des émissions.
Sa longue trotteuse balayait l'escargot au design futuriste pour l'époque

Puis apparaissait la présentatrice de service qui énumérait avec une diction parfaite, les contenus que nous visionnerons avec impatience et délectation. En 1962 elles étaient quatre :
Catherine Langeais, Jacqueline Caurat, Jacqueline Huet et Anne-Marie Peysson.
Il leur fut donné le nom de " speakerines ", empruntés, à leurs homologues anglo-saxonnes.
Elles officiaient assises.
Toujours impeccablement tenues, elles étaient chargées, en outre, de présenter les excuses de la chaîne lorsque des interruptions de programmes survenaient.
Les " incidents techniques " n'étaient pas rares et le charme des hôtesses obligeait à une indulgence systématique.

Lorsque le problème durait un peu trop longtemps, nous avions droit, pour boucher les trous, au " Petit Train d'Interlude " qui deviendra en 1963 " Le Petit Train de la Mémoire ". Il nous fallait, pour patienter, trouver la solution d'un rébus, dont chaque indice était représenté sur l'un des wagons. Il parcourait des paysages naturels agrémenté d'une musique en boucle.
C'était une télé sans publicité qui ne disposait pas encore des moyens techniques pour enchainer, sans délai, les émissions.

" La RTF, c'est le gouvernement dans la salle à manger des français ! ".
Alain Peyrefitte, ministre de l'Information.

La RTF a produit un bon nombre de magazines culturels, sportifs, d'information et de divertissement. Elle révèlera des présentateurs devenus "mythiques ".
Le sacro saint Journal Télévisé de 20 heures sera pour le pouvoir en place, un espace de propagande sans égal.
Cette télévision d'état aux ordres, sera maintes fois l'objet de la censure gouvernementale.
Le pouvoir politique de l'époque l'utilisera sans vergogne pour informer, mais aussi et surtout pour désinformer et faire entendre " la voix de son maitre ".

Devenue un établissement public industriel et commercial, la RTF avait été placée par l'ordonnance du 2 février 1959 sous l'autorité du ministère de l'information; ainsi, la dépendance par rapport au gouvernement était-elle inscrite dans les textes...

Les difficultés que rencontrait la France dans ses colonies, et particulièrement en Algérie, couronnaient l'édifice de ces arguments. Ainsi, pendant les dures semaines du printemps 1962, Alain Peyrefitte estima que "ses" journalistes prenaient un ton "qui est celui que peut le plus souhaiter l'OAS. Les mauvaises nouvelles sont montées en épingle (...), les bonnes à peine évoquées (...). Et ces émissions, sur la chaîne unique, sont suivies plus avidement encore à Alger ou à Oran qu'à Paris ou à Marseille. Je dois me résoudre à ce qu'on fait mes trente-deux prédécesseurs depuis la Libération, et que je m'étais juré de ne jamais faire : cette semaine, je convoque chaque matin dans mon bureau les responsables de l'information à la radio et à la télévision pour examiner les nouvelles du jour."...

On ne peut certes établir de lien direct et univoque entre l'intérêt que le monde politique porte à la radio-télévision et sa diffusion dans la population. Les débats parlementaires enflammés des années vingt sur le statut d'une radio au stade quasi- expérimental le montre abondamment. Cependant, l'intérêt grandissant des familles françaises pour la télévision a certainement accentué la sollicitude du gouvernement. A partir de 1958, le décollage est rapide : le nombre d'heures de programmes ne cesse d'augmenter et les ménages s'équipent. En 1960, plus de dix millions de familles acquittent la redevance radio contre moins du cinquième pour la redevance radio- télévision.
Un an plus tard, le nombre de foyers qui paient la redevance radio cesse de croître mais il faudra attendre 1967 pour qu'ils soient moins nombreux que ceux qui sont (aussi) équipés en télévision. Au milieu des années soixante, la télévision devient réellement un média de masse : plus de cinquante pour cent des foyers sont équipés, avec cependant des différences qui demeurent importantes entre, par exemple le quart des salariés agricoles équipés contre les deux tiers de cadres (ces différences sociales ne s'estomperont que dix ans plus tard).
En ces débuts des années soixante, la forme du journal télévisé évolue. Des spécialistes sont recrutés, comme Emmanuel de la Taille ou François de Closets. Le journal multiplie le recours aux images, profitant en particulier de l'intensification des échanges européens; le nombre des directs s'accroît. Le journal accorde une grande place aux informations étrangères, un terrain moins brûlant que les nouvelles nationales. De nombreux témoignages ont montré que le Général de Gaulle était un téléspectateur assidu, qu'il connaissait les programmes et n'hésitait pas à donner son opinion. Il suivait particulièrement les informations et envoyait à leur sujet de multiples notes au ministre de l'information....

Cécile Méadel (Centre de sociologie de l'innovation, Ecole des Mines de Paris).
http://wjfms.ncl.ac.uk/meadelWJ.html

" ...la télévision est à moi.. "
Charles De Gaulle le 7 décembre 1962 - "Cétait De Gaulle " Alain Peyrefitte

* La Radio-diffusion-télévision française (ou RTF) est une société nationale française chargée du service public de l'audiovisuel, créée le 9 février 1949 en remplacement de la Radiodiffusion française (RDF). La RTF est devenue un établissement public à caractère industriel et commercial le 4 février 1959. Elle a été remplacée par l'Office de Radiodiffusion Télévision Française (ORTF) le 27 juin 1964. http://fr.wikipedia.org/wiki/Radiodiffusion-t%C3%A9l%C3%A9vision_fran%C3%A7aise

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Mis en ligne le 19 février 2012 - Modifié le 22 septembre 2012

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