Le regard dur. Les mâchoires serrées, Pierre Dubiton raconte, sans nous épargner aucun détail, la guerre impitoyable que se livrent alors légionnaires et maquisards du FLN.
« Un jour. nous sommes appelés après le massacre d'une famille. C‘était celle de ma demi sœur. Les quatre têtes éraient posées dehors. Ma sœur avait 11 ans.
Ils l’avaient violée. éventrée, mutilée. »
En mai 1961, après le putsch, Pierre Dubiton, en cavale, passe à l’OAS-Oran.
« Je me suis battu en faisant parfois des trucs désespérés. Mes compagnons de l’OAS, ce n 'étaient
que des fils de prolos, de communistes, pas un seul enfant de bourgeois. Peu après l’arrestation du général Jouhaud, de violents combats de rue opposent gardes mobiles
et commandos de l'OAS.
« Ça tirait dans les rues, sur les Immeubles. Mes trois sœurs ont été blessées, l’une d’elles a été amputée d'une jambe. »
La guerre de Pierre Dubiton s’achève lors d'un duel avec un tireur d’élite de la gendarmerie.
« J’ai pris une balle explosive dans le bras. On a réussi a m’évacuer. Quand l’avion a grimpé dans le ciel, j'ai compris que tout était fini, que j’avais perdu mon pays. »
« Je ne suis pas fier d'avoir fait certaines choses mais c'était la guerre. Si on fait la guerre, tous les coups sont permis. Rendu la pareille à qui ? Principalement aux nationalistes algériens organisés dans le FLN, aux forces de l'ordre et à l'armée françaises, fidèles pour leur très grande majorité à l'autorité légitime et chargées de lutter contre l'Armée secrète. Ce combat sur deux fronts suffisait à condamner l'OAS à l'échec.
L'aventure de l'OAS se termine au printemps 1962. Le 18 mars, les accords d'Évian instituant l'indépendance de l'Algérie sont signés.
ILH. |
Mis en ligne le 15 mai 2025