Les causes

Le peuple de Paris épuisé par le siège des Prussiens est sous alimenté depuis cinq mois, par la misère pousse les assiégés à une consommation d'alcool record. La consommation d'absinthe sera quintuplée pendant cette période. Jules Favres, le ministre des Affaires étrangères, veut à tout prix mettre fin à la guerre franco-prussienne afin d'éviter, dans la capitale, une prise de pouvoir qu'il craint.
La garde nationale ne veut pas accepter la capitulation et entend garder ses armes. Cette même garde nationale voit sa solde supprimée. Tous les hommes du prolétariat les " trente sous " (montant journalier de leur solde) qui sont membres de la garde nationale se trouvent privés de leur unique salaire.
Les ouvriers sans ressource, à cause de l'annulation du moratoire des effets de commerces et des loyers, doivent immédiatement payer leurs dettes et leurs loyers.
Thiers se dit " décidé à gagner la bataille contre le peuple de Paris " qu'il a perdu en 1848. L'ennemi et assiégeant Bismarck approuve la politique de Thiers, offrant même son aide, si nécessaire, et pousse à l'écrasement d'un mouvement " populaire républicain à prétention socialiste ".
La grande liberté de presse et de réunion instaurée sous l'empire règne toujours et favorise la propagation de la révolte et des idées révolutionnaires.

Les acteurs (extraits)

Les insurgés fédérés sont environ 80 000 pour la garde active et 113 000 pour la garde sédentaire. Les chefs " délégués à la guerre " sont :

- Gustave Cluseret ; ministre de la guerre.
- Louis Rossel, ancien capitaine de l'armée française qui refuse la capitulation et veut continuer le combat en intégrant la Commune. Il sera fait prisonnier, jugé et fusillé par les Versaillais le 28 novembre 1871.
- Charles Delescluze, qui se fera tuer sur la barricade du Château d'Eau le 25 mai 1871.

Les chefs militaires de la Commune sont :

- Jaroslaw Dombrowski,

le seul officier de valeur et héros de l'indépendance polonaise évadé des prisons de Sibérie. Il sera tué au combat sur la barricade de la rue Myrrha le 23 mai 1871.
(Il y avait aussi Walery Wroblewski. Ndlr)
- Gustave Flourens, professeur, membre de la Commune et commandant de la XXème légion. Le 3 avril 1870 il est fait prisonnier par les Versaillais et est, sans autre forme de procès, sauvagement sabré par un gendarme.
- Charles Lullier, qui sera déstitué par la Commune le 25 avril 1871.

Le déroulement des événements de la Commune de Paris

2 au 9 mars : Les fédérés enlèvent 26 canons aux Gobelins et les emmènent à l'école des frères à la Maison-Blanche.

15 mars : La loi sur les échéances, promulguée à Bordeaux, rapproche les commerçants de la Commune.

18 mars : Affaire des canons de Montmartre qui provoque un soulèvement à Paris. 40 000 hommes de l'armée de Paris sont chargés de reprendre les canons détenus par la Garde nationale. La manœuvre, très mal préparée, ne peut aboutir et les hommes du général Lecompte fraternisent avec la population accourue sur les lieux pour les empêcher de reprendre aux Parisiens " leurs canons ". Lecompte menace de faire tirer sur la foule mais il est saisi par les fédérés et fusillé. Le général Clément Thomas qui passait malencontreusement par là est fait prisonnier à son tour. Malgré les efforts des modérés, la foule n'entend pas raison et Clément Thomas nommé depuis1848 " le massacreur de juin "est fusillé à son tour.

20 mars : Thiers abandonne Paris et gagne Versailles ; le Comité central siège à l'Hôtel de ville de Paris.

26 mars : 90 membres sont élus au Conseil municipal de Paris qui prend en s'installant à l'Hôtel de ville le nom de Commune de Paris.

27 mars : Le Comité central remet solennellement ses pouvoirs à la Commune en présence de 200 000 Parisiens.

28 mars : La Commune constitue une Commission exécutive de 7 membres et vote les lois attendues ; report des loyers, abolition de la conscription et remise des objets mis au mont de piété valant moins de 10 francs.

1er avril : Thiers déclare : " L'Assemblée siège à Versailles où s'achève de s'organiser une des plus belle armée que la France ait possédée, les bons citoyens peuvent se rassurer et espérer la fin d'une lutte qui aura été douloureuse mais courte ".

2 avril : Premiers combats à Courbevoie avec l'armée de Versailles commandée par le général Vinoy. Les obus commencent à tomber sur Paris.

3 avril : Tentative par les fédérés d'une marche sur Versailles stoppée par le tir des canons du Mont Valérien. Emile Duval, général de la Commune est fait prisonnier et est immédiatement fusillé ainsi que son état major. Gustave Flourens est arrêté par un gendarme qui lui fracasse le crâne d'un coup de sabre sans autre forme de procès.

4 avril : Les Versaillais attaquent Neuilly et prennent Courbevoie et Châtillon

5 avril : Arrestation, par les communards, de 74 otages dont monseigneur Darboy l'archevêque de Paris. Louis Rossel, déserteur de l'armée de Versailles pour rejoindre la Commune est nommé chef d'état-major de Cluseret

9 avril : Le général Dombrowski, héros de l'indépendance polonaise, est nommé commandant de la place de Paris. Ce sera le seul chef militaire de valeur de la Commune de Paris.

14 avril : Félix Pyat fait voter la destruction de la colonne Vendôme

1er mai : Institution d'un Comité de Salut public auquel la Commune abandonne ses pouvoirs.

16 mai : La colonne Vendôme est abattue.

21 mai : 70 000 Versaillais entrent dans Paris par le bastion mal surveillé du Point du Jour et par la porte de Saint-Cloud. Dernier numéro du" Cri du Peuple " de Jules Vallès.

22 au 28 mai : C'est la " Semaine sanglante ", Paris est reconquis rue par rue, barricade par barricade, la répression Versaillaise est féroce et impitoyable.

23 mai : Pour retarder l'avance des Versaillais les communards allument de

vastes incendies

. L'Hôtel de ville, le Palais de la Légion d'Honneur, le Palais des Tuileries, le Palais de Justice, la Cour des comptes, la bibliothèque du Louvre et de nombreuses rues de la capitale sont la proie des flammes. Ce même jour, la butte Montmartre d'où était partie la " Révolution du 18 mars " est prise par l'armée de Versailles. (1)

24 mai : En application du " décret sur les otages " promulgué par la Commune, l'archevêque de Paris est fusillé avec d'autres otages.

25 mai : 424 prisonniers fédérés sont fusillés au parc Monceau et à Montmartre par l'armée Versaillaise. 52 otages sont fusillés, en représailles, par les insurgés. Charles Delescluze gravit la barricade du Château d'Eau abandonnée par ses défenseurs jusqu'à ce qu'une balle le tue.

27 mai : Le cimetière du Père-Lachaise est pris par les Versaillais après une lutte acharnée entre les tombes.

28 mai : La dernière barricade des fédérés tombe rue Ramponeau. A 15 heures toute résistance a cessé.

29 mai : La garnison désarmée du fort de Vincennes se rend, les officiers sont immédiatement passés par les armes par les Versaillais. Thiers télégraphiera ce même jour aux préfets à propos des Parisiens insurgés : " Le sol est jonché de leurs cadavres ; ce spectacle affreux servira de leçon ".

Epilogue

30 000 insurgés seront tués dont 3 500 fusillés dans Paris sans jugement, 1900 le seront cour de la Roquette et plusieurs centaines au "Mur des fédérés" du Père-Lachaise. (2)

40 000 prisonniers seront internés, dans les pires conditions, sur des pontons flottants et dans des places et enceintes fortifiées.

10 137 personnes dont 657 enfants, 47 de 13 ans et 26 de 12 ans et moins, seront condamnées aux travaux forcés, à la déportation dans une enceinte fortifiée, à un emprisonnement de moins d'un an ou de plus d'un an et, pour les mineurs, à la détention en " maison de correction". (3)

35 conseils de guerre improvisés siégeront encore pendant deux ans pour " juger " toutes les personnes arrêtées.

" 20 000 hommes, femmes, enfants tués pendant la bataille ou après la résistance à Paris et en province ; 3000 au moins morts dans les dépôts, les pontons, les forts, les prisons, la Nouvelle-Calédonie, par l'exil ou les maladies contractées pendant la captivité ; 13 700 condamnés à des peines qui, pour beaucoup, ont duré neuf ans ; 70 000 femmes, enfants, vieillards privés de leur soutien naturel ou jetés hors de France ; 107 000 victimes environ, voilà le bilan des vengeances de la haute bourgeoisie ". (P.O. Lissagaray " Histoire de la Commune de Paris ")

" Dimanche matin, sur plus de 2000 fédérés, 111 d'entres eux ont été fusillés et ce, dans des conditions qui démontrent que la victoire était entrée dans toute la maturité de la situation ". (G. Gallifet, général Versaillais).

" Quand les hommes rendent leurs armes, on ne doit pas les fusiller...cela était admis. Malheureusement, sur certains points on a oublié les instructions que j'avais données ". (Mac-Mahon, maréchal nommé par Thiers commandant de l'armée de Versailles).

" On tuait partout, on tuait sans trêve. C'était le délire du massacre, et ces sanglantes saturnales allaient se prolonger pendant quatre jours à la lueur des maisons enflammées. C'est par milliers que les cadavres des " fusillés en masse " s'entassaient dans les rues des Abbesses, Lepic, des Poissoniers, au Moulin de la Galette, au Château-Rouge. Le 28 mai on vidait l'immense fosse commune creusée au milieu de la place. Les cadavres, à moitié décomposés, étaient chargés dans des tapissières. Tous les spectateurs étaient pleins d'effroi. Une jeune fille qui assistait à ce spectacle dit : " j'en ai vu bien d'autres, dans un trou on a fourré 150 gardes nationaux ". (Récit d'un témoin)

" Le cadavre est à terre mais l'idée est debout ". (Victor Hugo, parlant de la Commune).

Le 26 mai, le général Vinoy s'emparait du faubourg Saint-Antoine et parvenait au pied du cimetière du Père-Lachaise, où se tenait " la vieille garde "des fédérés, ceux qui préféraient la mort à la fuite. Ceux qui ne s'étaient pas fait tuer sur leurs canons encloués furent adossés à un mur de ce cimetière, qui devait acquérir une si lugubre célébrité, et impitoyablement massacrés.

Le 28 mai cette proclamation était affichée sur les murs de Paris : " République française. Habitants de Paris L'armée de la France est venue vous sauver. Paris est délivré. Nos soldats ont enlevé, à quatre heures, les dernières positions occupées par les insurgés. Aujourd'hui la lutte est terminée ; l'ordre, le travail et la sécurité vont renaître ".
https://sites.google.com/site/unehistoiredelacommunedeparis/

1. Pendant l'avancée versaillaise, les Communards incendient en représailles le palais des Tuileries (" repaire des rois "), le ministère des Finances, la Cour des Comptes et le Conseil d'État (nuit du 23 au 24 mai). Le 24, ce sont au tour de l'Hôtel de Ville, du Palais-Royal et du Palais de Justice de s'embraser. La cathédrale Notre-Dame de Paris est sauvée par l'intervention d'élèves infirmiers de l'Hôtel-Dieu. Le Louvre et ses collections sont sauvés in extremis par l'action des troupes du gouvernement (le feu allait se propager aux bâtiments). Mais il n'y a pas que des bâtiments qui ont disparu : les registres de l'état civil des Parisiens depuis le XVIe siècle, les archives hospitalières, 120 000 ouvrages de la bibliothèque de la Ville, 70 000 autres à la bibliothèque du palais, une centaine de tapisseries aux Gobelins.
http://www.lacropole.info/liste-culture-a-societe/85-histoire/248-la-commune-de-paris-18-mars-27-mai-1871

2. La répression est impitoyable. Toute trace de poudre sur les mains vaut l'exécution. Le nombre de morts n'est pas connu mais les historiens s'accordent sur le chiffre de 20 000 communards tués durant la Semaine sanglante, contre un millier de morts pour les troupes versaillaises. 38 000 personnes sont arrêtées et jugées, 10 000 d'entre elles sont condamnées (93 à la peine de mort, dont 23 seulement sont effectivement exécutées ; 3500 à la déportation simple, 1200 à la déportation dans une enceinte fortifiée ; le reste est condamné à diverses peines de prison).
http://www.lacropole.info/liste-culture-a-societe/85-histoire/248-la-commune-de-paris-18-mars-27-mai-1871

3. Sur plus de 38 000 insurgés jugés en conseil de guerre, 7 500 sont déportés en Algérie et en Nouvelle-Calédonie, comme Louise Michel. Les survivants sont amnistiés en 1880. Le paradoxe de cette répression a été de renforcer l'implantation en France de la République qui a montré qu'elle était capable de venir à bout des désordres populaires.
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Commune_paris.htm

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Mis en ligne le 20 décembre 2012

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