AU XIXe siècle, l'émigration allemande est, après celle provenant des îles britanniques, l'une des plus conséquentes d'Europe. De 1841 à 1910, 5 millions d'allemands s'expatrient Outre-Rhin
Les Etats-Unis les fascinent plus particulièrement puisque 90% d'entre eux s'y rendent. Les grandes villes d'Europe Occidentale les attirent aussi : Paris, Lyon, Marseille, Londres, Genève, Neufchâtel, Berne… Comment s'effectue l'émigration allemande vers ce pays entre 1830, début de la conquête en Algérie et 1890, fin de l'émigration allemande à travers le monde. De quelle manière vit la communauté allemande en Algérie ? Pour répondre à ces deux questions, il est nécessaire de se pencher d'une part sur l'organisation de l'émigration allemande par les pouvoirs publics français et d'autre part sur les caractéristiques de la communauté allemande en Algérie.
En 1830, il n'existe pas d'Allemagne proprement dite, mais " des allemagnes " politiquement fédérées à la confédération germanique présidée par l'Autriche.
Dans les années 1830 et 1840, les agents diplomatiques et consulaires français en poste en Allemagne s'occupent de l'émigration. Mais quelques allemands de bonne volonté (le baron Gustave de Mendgen) ou de hauts administrateurs francophiles comme le baron Weber de Dresde (Saxe) suppléent l'administration française pour renseigner et diriger des émigrants de plus en plus nombreux à vouloir rejoindre l'Algérie.
1ère étape : deux agents officieux d'émigration M. Trapp et la veuve Wincker en poste dans le Bas-Rhin profitent de leur rôle pour percevoir des droits de passage. 2ème étape : L'agrément d'un nombre déterminé de maisons d'émigration en 1855. Quelles sont leurs professions ? 3 sur 10 sont journaliers, 2 sur 10 sont colons concessionnaires, 2 sur 10 sont engagés dans la Légion Etrangère. Pour le reste il s'agit de commerçants, d'hôteliers, d'artisans et de domestiques. D'où proviennent-ils ? Pour leur majorité du grand duché de Bade (50,4%), du royaume de Bavière (25% dont 2/3 du Palatinat), de Prusse (17% dont 2/5 de Rhénanie), les 8% restants de divers états. Pourquoi cette prédominance des états de l'ouest et du sud de l'Allemagne ? Le partage successoral des terres instauré par le " code Napoléon " au début du siècle est encore en vigueur dans ces régions surpeuplées. A la mort du chef de famille, les enfants se partagent l'exploitation. Ceci entraîne comme conséquence l'extrême morcellement des terres. Dans la colonie, la vindicte publique les tient pour responsables de la défaite. Personne ne différencie les Prussiens des Allemands du sud. Il en résulte des difficultés de cohabitation : des problèmes de voisinage, avancement refusé dans le travail, accusation d'espionnage. Dans quels départements et dans quelles villes d'Algérie vivent les Allemands ? D'après les recensements de 1856 et 1872, ils se répartissent de manière égale entre les 3 départements. Proportionnellement à l'ensemble de la communauté, les villes qui en accueillent le plus sont : Sidi Bel Abbès, La Stidia, Misserghin pour le département d'Oran ; Alger et la plaine de la Mitidja (Boufarik, Blida, Le Fondouk) et pour le département de Constantine, Philippeville, Bône, Guelma et Constantine. L'enseignement du français, les mariages mixtes, puis en 1889, le service militaire obligatoire et la loi de naturalisation automatique, bouclent le processus d'assimilation. Son originalité réside dans le fait qu'elle est organisée par les pouvoirs publics français dès 1853-55. Cette toute première expérience dans l'histoire de l'émigration vers l'Algérie est reprise et améliorée lors de l'exode de Alsaciens-Lorrains en 1871-72. La migration allemande a servi en quelque sorte de répétition générale. L'évaluation de 6.000 à 8.000 Allemands pour les années 1853-1876 situe la communauté au 5e rang des minorités européennes. Pour finir, cette étude permet de remémorer ces oubliés de l'émigration européenne en Algérie qui constituent des éléments du peuple " Pied-Noir ". |
Mis en ligne le 21 mai 2014