Documentaire 5 juillet 1962
diffusé le 05 septembre sur France 3

Les auteurs de ce documentaire doivent en être félicités car c'est a ma connaissance, la première fois que le sujet à été traité à la télévision, même s'il ne fut pas diffusé à une heure de grande écoute.

Cet épisode caché, minimisé, voire justifié a été décrit avec précision et justesse. Le bémol fut cependant concernant certains participants.

Jean Pierre El Kabbach tout d'abord, le cheveu sur la soupe dont on se demande à quel titre il fut convié pour un événement qu'il n'a pas vécu. Sceptique sur le fait que ceux dont il avait ses faveurs aient pu accomplir de telles horreurs si ce n'est que par vengeance. Une vengeance est par nature ciblée. Si elle devient collective le qualificatif doit être modifié. Il faut déjà se rappeler que ce monsieur avait déjà excusé le massacre des Harkis sur la chaîne LCP devant une Jeannette Bougrab scandalisée : «  Les harkis ont été scandaleusement traités en France et en Algérie, mais vous ne pouvez pas ne pas reconnaître qu’il y avait quand même quelques raisons ? ».

Cette idée de vengeance est précisée par l'un des deux intervenants algériens accusant la colonisation et sa brutalité.

Le deuxième participant algérien invoque lui une sorte de libération de ses coreligionnaires privés de l'accès au centre ville qui se réappropriaient un espace interdit. Dit de cette manière il est sous entendu l'existence d'un apartheid qui interdisait la libre circulation de la communauté musulmane dans l'espace européen. Si cette séparation fut effective et matérialisé par des barbelés dans la dernière année de l'indépendance, elle fut instaurée pour limiter les heurts entre les deux communautés. Antérieurement, les aller et venues n'étaient ni interdites, ni contrôlées et des musulmans y habitaient, Photos et documents filmés sont suffisamment nombreux pour en attester.

Le pire, la présence de l'ancien collaborateur Thierry Godechot, secrétaire particulier du général Katz à qui l'age n'a donné ni lucidité ni remords. Cet odieux personnage, sans vergogne lisant ses observations de l'époque, avec un petit sourire, qui minimisaient le nombre de victimes et justifiaient l'inaction de l'armée et attribuant au Pieds-Noirs la responsabilité du carnage «  Les PN ont enfin eu ce qu'ils voulaient : leur carnage. » Terminant par un : «  Ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient ».

Pour le reste, les responsabilités ont été établies au plus haut niveau de l'état.

- Le zèle servile du général Katz fut l'instrument de la politique abjecte du chef de l'état. Il sera récompensé par une quatrième étoile pour services rendus ;

- Ses mensonges et sa non assistance à personnes en danger.

- L'obéissance aveugle de ses collaborateurs et des cadres de l'armée (à deux exceptions près).

- La dissimulation de documents habilement classés « secret défense » ;

- Le désintérêt des médias français fut aussi confirmé ainsi que le mépris total porté aux victimes.
« Troubles à Oran, 30 morts ». Fermez le ban ! Pas ou très peu de journalistes français sur place.
Voila une belle leçon de déontologie pour un drame qui a bien moins attristé l'opinion publique que le massacre des bébés phoques.

Deux questions restent tout de même en suspens.

1/ Comment se fait-il que parmi les 12 000 soldats présents à l'époque, dont une bonne partie furent les témoins directs de cette terrible journée, aucun n'ait eu le besoin d'en relater les faits ?
Lorsque l'on se penche sur la production littéraire concernant la guerre d'Algérie, il ne se passe pas un mois où un ancien appelé ne fasse paraître un ouvrage sur ce qu'il a vu ou entendu ou cru voir. Cette prolixité se limite aux exactions (auxquelles eux n'ont jamais participé, bien sur) commises par l'armée française ; au racisme des Pieds-Noirs ; au refus du verre d'eau ; à l'injustice ambiante etc...
Il s'agirait donc d'émotion sélective ? D’œuvre militante ? D'aveuglement sectaire ? De toucher un secteur porteur gage de ventes assurées ? D'une repentance à sens unique ?
Quelques soient les motivations, elles ne sont que partielles, tellement partielles qu'elles en deviennent partiales.

2/ Parmi ces victimes, nous pouvons penser que toutes ne sont pas décédées ce jour là.
Que sont elles donc devenues ? Pas de commissions d'enquêtes, pas de recherches sur le terrain, pas de témoignages, pas de protestations. Le néant. Lorsque l'on envoie des militaires, au péril de leur vie, sauver deux touristes capturés en plein désert sous prétexte que « La France n'abandonne jamais ses ressortissants.» et que des centaines de disparus n'arrivent pas même 57 ans après, à émouvoir leurs compatriotes on est obligé de constater qu'il y a « quelque chose de pourri au royaume de France. »

Ah oui ! J'oubliais. C'est la faute à l'OAS !! Voici donc ce que l'on peut lire sur certains blogs d'anciens appelés ou d'anti colonialistes. « Ce documentaire est partial. » écrit même un humaniste pacifiste, masochiste, adepte de l'auto flagellation. En gros, s'il n'y avait pas eu l'OAS tout ce serait bien passé.
16 mois d'existence de l'OAS ont balayé 8 ans d'exactions, de bombes, de meurtres, d'enlèvements du FLN.

Donc résumons nous :

Les « colons » n'ont récolté que ce qu'ils avaient introduis : la haine, la fureur et le sang.
Comment alors éprouver une once de commisération pour cette engeance abjecte qui portait dans ses gènes la perversion et la violence.
La disparition de ce peuple fut un bienfait pour le monde civilisé ; une victoire de l'humanité sur la barbarie ; un bienfait pour la terre qui les a vue naître et qui les a porté comme des tumeurs fétides qu'il fallait éradiquer.
Voilà ce que pensent les repentants de tous poils, pourtant ardents humanistes, pleins de bons sentiments et soucieux du genre humain.

Le 5 juillet 1962 eut lieu un massacre abominable de civils désarmés de toutes confessions (on dénombra une centaine de morts musulmans, sans doute ceux qui ont essayé de s'interposer.)
Nier, minimiser ou excuser ce fait aujourd'hui établi, relève d'une perversion de l'esprit, d'un négationnisme infâme, d'un humanisme de façade, principal outil d'un totalitarisme mémoriel désormais institutionnalisé.

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Mis en ligne le 08 octobre 2019
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