La journée du 16 mai 1958

Paris : Guy Mollet déclare : " la déclaration du général De gaulle est plus inquiétante par ses omissions que par ce qu'elle contient ".
Paris est quadrillé par des forces de maintien de l'ordre.
En France de nombreux généraux, dont le général Challe, sont arrêtés.

20h 15 : Le général Ely, chef d'état major donne sa démission pour protester contre l'attitude de son ministre (Chevigné) qui a placé ses deux adjoints Challe et Martin, gaullistes, en résidence surveillée. Il voit le gouvernement analyser les événements d'Alger comme un putsch militaire, et sent qu'il n'a plus sa confiance quand il explique qu'il s'agit d'un mouvement populaire. Il refuse de " paraître, par ma présence, donner mon appui à des mesures qui iraient à l'encontre de ce que je tiens pour l'essentiel ". Il pense sans doute à l'unité de l'armée.

Algérie : Les musulmans rallient en masse le mouvement du 13 mai, c'est la fraternisation sur le Forum, des milliers de mains européennes et musulmanes, s'étreignent faisant une chaîne immense parmi la foule. Des musulmanes brûlent symboliquement leurs voiles.
Les musulmans se joignent en masse aux manifestants qui se relaient nuit et jour sur le forum. La casbah remonte, drapeaux français en tête, sous les vivats et les fleurs, la rue qui mène au forum, d'incroyables scènes de fraternisation se produisent.
"

La journée du 17 mai 1958

Alger : Le général Ely, chef d'état major des armées, qui a démissionné, est remplacé par Lorillot. Pflimlin lance un appel à l'union des français.

Massu s'adressant aux Français musulmans déclare :

" Sachez que la France ne vous abandonnera jamais ! Tous ensemble nous jetterons hors de notre territoire l'ennemi au service de l'étranger. Nous construirons une Algérie libérée de la peur. Une Algérie fraternelle et humaine où les mots d'égalité, de fraternité, de justice recouvreront tout leur sens. Nous tous, qui avons pris le combat pour affirmer la permanence de la France en Algérie nous en faisons, ici, le solennel serment ! "

Paris : L'Assemblée Nationale vote l'état d'urgence sur le territoire métropolitain pour 3 mois.
(http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19580517&numTexte=&pageDebut=04734&pageFin=)

Dans toute l'Algérie les scènes de fraternisation entre européens et musulmans se multiplient.
A la radio, madame Massu lance un appel à la solidarité féminine. Ce sera le " mouvement de solidarité féminine, " totalement bénévole, animé par les pieds-noirs, comportant en 1960 300 cercles, regroupant 60000 femmes. Il s'agit de mettre ensemble des musulmanes et des européennes, pour promouvoir des notions d'hygiène, de couture (une opération " machine à coudre " sera montée par Pierre Bellemare et radio Luxembourg), de pédiatrie.

Salan profite de ses pleins pouvoirs pour diffuser l'instruction sur la formation psychologique des appelés, il s'agit de leur donner des raisons de combattre (faire de l'Algérie une province française, il s'agit de la reprise de l'intégration définie par Soustelle).
13 h 29 : Jacques Soustelle ancien Gouverneur général de l'Algérie arrive à l'aéroport de Maison Blanche à Alger dans un avion taxi " Viking " payé par de Benouville.
Venant de Suisse il amène avec lui l'espoir d'une reprise en main de la situation par la métropole.

13 h 45 : Le général Salan vient à la rencontre de Soustelle à l'aéroport. Salan qui est chargé de tout tant par le gouvernement que par les émeutiers et par l'armée ne voit pas venir d'un bon œil un homme dont la popularité en Algérie et l'engagement en faveur de De gaulle risque de lui porter ombrage. Il a raison de se méfier, Soustelle vient pour créer une rupture nette entre le gouvernement et l'Algérie et pour créer ainsi une crise de régime qui ne peut profiter qu'à De gaulle.

15 heures : La radio annonce en première émission: Jacques Soustelle vient d'arriver à Alger. Tous au forum pour l'acclamer. Des camions hauts parleurs circulent en ville en reprenant la phrase de la radio. Soustelle a quitté la France clandestinement.
Le piège gaulliste venait de se refermer sur Salan. En effet, Bénouville avait téléphoné, dès son arrivée, à Neuwirth, un collaborateur de Delbecque, qui avait pris le contrôle des moyens de propagande militaires, parmi lesquels les camions sonorisés.

15h 45 : Salan en accompagné du général Jouhaud téléphone à Pflimlin pour lui suggérer, à mots couverts de démissionner.

16 h 15 : De Sérigny annonce par téléphone le refus de Pflimlin.

16 h 30 : Soustelle, dans une bousculade indescriptible, entre au GG. Il prononce un discours au balcon. Il refuse la Présidence du CSP et ne réclame aucune fonction. Après un dernier entretien, Salan admet Soustelle à Alger et en fait son conseiller.
Dès lors, Le général Salan, devient un factieux en prenant la tête du mouvement. La seule présence de Soustelle à Alger, confirme les CSP, coupe les ponts avec Paris, crée la sécession, démissionne Pflimlin et incite De Gaulle à intervenir.

La réponse du gouvernement aux aspirations algériennes est lente. Le peuple réclame le général De Gaulle. L'ambiance se calme mais reste lourde. Les forces de l'ordre sont renforcées par les militaires. Les associations d'anciens combattants, de jeunes, de femmes, de quartiers… défilent dans les rues, rappelant à la France ses devoirs envers les Algériens.

La journée du 18 mai 1958

A Alger. - Au balcon du GG un officier déclare : " Faisons le serment de défendre l'Algérie française jusqu'à la mort s'il le faut. " des dizaines de milliers de mains se lèvent et répètent derrière les officiers : " Nous jurons de défendre l'Algérie française jusqu'à la mort. " C'est le Serment du 13 Mai.

Jacques Soustelle au monument aux morts, dépose une gerbe de fleurs et ranime la flamme du souvenir. Manifestations de masse dans toute l'Algérie, toutes communautés confondues.

Jacques SOUSTELLE :

« Jamais peut-être dans l'histoire de l'Algérie, on n'avait vu un tel rassemblement où se trouvent fraternellement unis Européens et Musulmans.
Si demain - inch'Allah! - ceux qui écrivent l'histoire racontent ces journées, ils diront que pour la première fois il y eu en Algérie un rassemblement de femmes musulmanes, nos soeurs, qui viennent attester par leur présence que toutes les barrières sont abaissées et qu'il n'y a plus rien qui sépare ceux qui y habitent, qu'il n'y a plus ici que dix millions de Français.
Mes amis, on peut dire qu'il n'y a plus ici que les fils et filles d'une même mère, ne portant pas le même prénom, mais ayant tous le même nom : notre patrie commune.
Mes amis, l'avons-nous assez attendu ce jour !...
»

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Mis en ligne le 17 avril 2014