Au Muy, depuis près de 50 ans, les harkis, ces eternels oubliés Ils se sentent abandonnés, alors que d'autres communautés suscitent des élans de solidarité Ailleurs, on entend les enfants qui jouent, les jeunes qui discutent, écoutent de la musique. Quoi de plus normal pour un dimanche. Ici, rien. Une pesante atmosphère d'ennui éteint tout bruit. "Quarante ans que les harkis sont tenus dans le silence ! ", s'exclame Aline Carabetta, militante associative, l'une de leurs seules voix. Mais quand il s'agit de parler de l'isolement dans lequel vit la quarantaine de familles harkis du camp du Muy, alors le silence se rompt. Et les exemples affluents. "Personne ne vient jamais nous voir, ni les élus, ni les organismes sociaux, sauf pendant les campagnes électorales !", répètent les uns et les autres. Il y a quatre mois, très exactement, le Var se retrouvait sous les eaux. "Quand la Nartuby a débordé, on nous a laissés a l'abandon. Plus de deux jours sans eau et sans électricité. Ils ont mis une semaine à venir jusqu'à nous pour tout nettoyer. Nous avons été les derniers. Nos jeunes, eux, n'ont pas attendu pour aller porter secours a des personnes en contrebas. " "On ne peut aller nulle part, il n'y a pas de bus"
Assises derrière un muret, trois adolescentes tuent le temps. "On ne peut aller nulle part, il n'y a pas de bus." Pas d'association non plus pour proposer des activités. "Ici, c'est pas comme dans les autres quartiers", disent elles. "Dans les cités, il y a des cours de soutien scolaire, une aide aux devoirs, ici rien ! Vivement que je me marie et que je parte" confie l'une d'elle qui rêve de devenir "citadine".
Même la salle, à l'entrée du camp, construite en 2002 ou les jeunes pouvaient se réunir, ou l'on fêtait les mariages, est menacée de destruction. "Elle nous était réservée. Aujourd 'hui la mairie la loue à n'importe qui." Contraints de vivre dans un "ghetto" et dépossédés de tout, c'est le sentiment des jeunes comme des plus anciens.
Ils ont même change le nom de la rue. Sans rien nous dire.
Maintenant, elle s'appelle Bachaga Boualem. Allez trouver du travail quand vous donnez cette adresse ! "
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Mis en ligne le 18 oct 2010 |