Comme là-bas Nichée dans un vallon rocheux entre Aubagne et Cassis, la petite ville de Carnoux- en-Provence ne ressemble ni à un village provençal ni à une cité de banlieue. Ici, les rues sont propres, droites et bien asphaltées, les immeubles ne dépassent pas quatre étages ; sur le versant au relief le plus doux, des villas rigoureusement similaires se suivent en enfilade. Dans cette commune de 6 886 âmes, on ne trouve ni donjon médiéval ni chapelle romane. Juste un ancien relais de poste devenu un hôtel-restaurant. Et l'église blanche et moderne de Notre-Dame-d'Afrique, avec sa Vierge noire. Officiellement créée le 26 août 1966, Carnoux-en-Provence est la seule municipalité de France qui n'est pas née de la volonté de l'Etat. Son histoire est, en quelque sorte, celle d'une recolonisation à l'envers.
" Ce sont les rapatriés du Maroc et d'Algérie qui ont bâti Carnoux là où il n'y avait qu'un tas de cailloux ", explique Nicolas Bouland, 32 ans, historien, Carnussien et fils de pieds-noirs. En 1959, la commune, qui n'était encore qu'une coopérative immobilière et foncière (CIF), comptait 10 habitants seulement. Dès le retour des Français d'Algérie à partir de 1962, ce chiffre est passé à 242, puis à 1 500 en 1965." La capacité maximale de Carnoux est de 7 000 habitants. Nous y sommes ", observe Melchior Calandra, 79 ans, figure historique de la ville.
Pour les rapatriés d'Afrique du Nord, bâtir sur une nouvelle terre vierge a été une façon de tourner la page tout en continuant de faire vivre leur identité. Construire pour se reconstruire, comme disent les psys. La thérapie a fait ses preuves, puisque la 119e commune des Bouches-du-Rhône n'est pas le ghetto que prédisaient certains, mais une ville ouverte à tous." Au départ, la population était 100 % pied-noir. Aujourd'hui, les rapatriés ne représentent que 25 % de la population ", observe Nicolas Bouland.
Les nouvelles générations ont été aspirées par les grandes villes. Mais l'arrivée, ces dix dernières années, d'une nouvelle catégorie de population a permis au solde démographique de maintenir son équilibre." Les nouveaux arrivants sont des Marseillais qui veulent vivre au calme ", explique Melchior Calandra. A 16 kilomètres de la cité phocéenne, il est vrai que Carnoux présente aussi l'avantage de faire partie de la communauté d'agglomération
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Mis en ligne le 16 oct 2010
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