Le serpent mythique de l'indemnisation |
Estimation des biens laissés en Algérie 25 à 50 milliards !!?? (valeur 1962) Sources LE QUID 2000
" Le rapatrié à bénéficié d'une aide de 14 500 Francs en moyenne, dont 4500 Francs récupérables au titre de prêts remboursables, alors que le coût de la reconversion d'un mineur du Nord est 26 000 Francs. "
Lors du débat sur la loi d'indemnisation de juillet 1970, Paul Cermolacce, pour le Parti communiste, dira: «Des travailleurs, des retraités ont perdu la maison ou l'appartement, fruits des économies d'une vie entière. Des artisans, petits commerçants ou petits industriels, qui se sont endettés pour monter une affaire nouvelle grâce aux prêts d'installation, complétés par d'onéreux prêts privés, sont à la merci de leurs créanciers. L'indemnité qu'ils attendaient pour la perte de leurs entreprises n'étant pas venue, ils n'ont pu desserrer l'étau des emprunts contractés à leur retour. Le fisc, M. le ministre de l'Économie et des Finances, l'URSSAF, le crédit hôtelier les poursuivent.
Pour le groupe socialiste, Pierre Bayou plaide de son côté: «... Rendez-vous bien compte que nos compatriotes d'Algérie ont bu la coupe jusqu'à la lie. Ils ont été obligés de quitter le pays natal, qu'on leur a dit ne plus être le leur. Nous avons été témoins de leur arrivée en France, de leur immense misère et de leur courage étonnant. Ils ont connu le chômage, parfois la faim, souvent le froid dans des logements de fortune qu'ils ont occupés trop longtemps. Aux douleurs de l'exil se sont ajoutés les soucis d'argent qui ont poussé au suicide trop de vieilles gens ou de malheureux qui n'ont pu surmonter leurs tourments ou leur angoisse du lendemain. Plus d'un million de nos compatriotes ont été transformés du jour au lendemain en un peuple de pauvres, victimes sans compensation de la politique étrangère de la France.
M. François Liberti (Député Communistes et Républicains - Hérault) attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux anciens combattants sur le douloureux problème de la réparation des préjudices matériels et moraux consécutifs au tragique exode subi par l'ensemble de la communauté rapatriée (harkis et pieds noirs) il y a plus de quarante ans. La dette de l'Etat découle non seulement des principes constitutionnels fondamentaux de la République, mais aussi directement des engagements unilatéraux du 18 mars 1962, avalisés par le référendum du 8 avril 1962, consacrés par la loi référendaire du 13 avril 1962, laquelle a créé de véritables obligations de droit interne en matière de réparation. Certes sporadiquement, différents textes de loi, entre autres la loi du 26 décembre 1961, sur l'accueil et la réinstallation, les lois de contribution à l'indemnisation des 15 juillet et 21 janvier 1978 et du 5 juillet 1987 ont permis à l'Etat de remplir certaines de ses obligations, mais de façon tout à fait partielle. Ainsi, notamment les préjudices matériels et moraux liés directement au déracinement ont été jusqu'ici occultés, la compensation financière de la perte ou la spoliation des biens matériels ne s'est pour sa part élevée qu'à hauteur de 22 % de la valeur 1962, la réhabilitation des harkis n'est toujours pas acquise... C'est la raison pour laquelle il lui demande que le problème de la réparation des préjudices subis par les rapatriés soit enfin réglé, en tenant compte de sa qualité liée aux victimes de guerre et qu'une loi de réparation, soit désormais inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.
Question publiée au JO le : 12/05/2003 page : 3608
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Pierre Baillet -Thèse de géographie 1975
D’autres, souvent les mêmes, crient au scandale et s’offusquent devant les « milliards touchés » par les rapatriés. D’aucun citent tel ou tel qui aurait touché deux fois une copieuse réparation. De ces réflexions simplistes naissent des légendes tenaces, analogues à celle du « verre d’eau », ou « Pieds-Noirs exploiteurs ». Aujourd'hui on parlerait d'un "AMALGAME" ignoble de STIGMATISATION intolérable...(les mots sont à la mode.)
Ceci est le fruit, en partie, d’une confusion savamment entretenue par les gouvernements successifs. L’accumulation de différentes lois mêlèrent pèle mêle les indemnités de réinstallation, les indemnisations, les prêts remboursables, les sommes payables sous cinq, dix ou quinze ans, sans réactualisation (titres). Cette ambiguïté est aggravée puisque que l’addition des dédommagements occulte le fait que les sommes réactualisées, de toutes façons d’une manière insuffisante, auraient du être payées, dix, vingt ou trente ans plus tôt. En outre figurent parmi les décomptes, les remboursements dus aux rapatriés du Maroc, d'Indochine, de Guinée, de Mayotte, des Comores et de Tunisie ce qui, bien entendu, à pour effet de rendre les subventions beaucoup plus importantes.
Article 4 partiel :
"Une loi distincte fixera, en fonction des circonstances, le montant et les modalités d'une indemnisation en cas de spoliation et de pertes définitivement établies des personnes visées au premier alinéa de l'article premier et au premier alinéa de l'article 3".
Il est troublant qu'une loi soit promulguée avant des accords qui prévoyaient un "arrangement à l'amiable". Nous pouvons en déduire, sans faire preuve de mauvais esprit, que tout avait déja été planifié et que le gouvernement d'alors savait bien que les discussions d'Evian n'étaient que l'alibi d'un abandon programmé.
"Cette loi n'aura pas vocation à refaire les fortunes.." M Jacques Chaban Delmas, Premier Ministre, à la tribune de l'assemblée.
Les propriétés agricoles sont évaluées à 60 à 70 % de la valeur réèlle. Les immeubles à 50 %. Les entreprises à 15 à 20 %. Ceci d'après leur valeur en 1956. En 1970 cette estimation déja nettement défavorable, ne tient pas compte de l'inflation, ce qui accroit l'injustice.
"Cette contribution a le caractère d'une avance sur les créances détenues à l'encontre des Etats étrangers ou des bénéficiaires de la dépossession. "Article 1 de la loi de 1970".
L'état français implicitement, indique (naïvement ?), que l'état "bénéficiaire" des spoliations, indemnisera, à plus ou moins long terme, les spoliés.
L'état tablera longtemps sur la disparition physique des indemnisables. De 1978 à 1987 il économisera ainsi, 1,5 Milliard de F qui n'ont plus trouvé preneur et pour cause.
"L'Algérie garantit les intérêts de la France et les droits acquis des personnes physiques ou morales dans les conditions fixées par les présentes déclarations. En contrepartie, la France accordera à l'Algérie son assistance technique et culturelle et apportera à son développement économique et social une aide financière privilégiée : 1) Pour une période de 3 ans renouvelable, l'aide de la France sera fixée dans des conditions comparables à un niveau équivalent à ceux des programmes en cours... ."
Il en est de même pour les agriculteurs, exploitants familiaux qui se sont réinstallés dans des exploitations dont la rentabilité n'est pas immédiate ou suffisante, et qui ne peuvent faire face aux échéances des prêts d'investissements que les caisses de Crédit agricole leur ont consentis.
"Il est donc nécessaire et équitable de procéder sans plus tarder à l'indemnisation des rapatriés de la perte de leurs biens.»
Mesdames, messieurs, vous sentez bien que cette situation désastreuse n'a que trop duré. Il faut que cesse le scandale national que constitue l'abandon des spoliés d'Algérie et d'ailleurs... »
Mis en ligne le 10 sept 2010