A prendre au second Debré
M. Michel Debré à Alger
L'ALGERIE EST TERRE DE SOUVERAINETE FRANCAISE
CEUX QUI Y VIVENT SONT DES CITOYENS FRANCAIS
AFFIRME LE PREMIER MINISTRE
Du 8 au 11 février 1959, puis le 22 mars 1959, M. Michel Debré alors Premier ministre, s'est rendu en Algérie. Devant un parterre d'officiels et de militaires hauts gradés dont le Général Challe, il va asséner des affirmations d'une extrème gravité, qui auront une influence plus tard.

Le 9 février : " L'autorité de la France en Algérie est une exigence de l'histoire, de la nature, de la morale ".
"En Algérie, la France demeurera. Je viens vous apporter l'assurance au nom du gouvernement".

"Trois mots résument notre action : Générosité, mais fidélité et résolution, c'est en ces trois mots que je résumerai nos principes d'action gouvernementale, et je conclurai par cette affirmation solennelle que le gouvernement élèvera son action au niveau imposé par les circonstances. Son premier devoir est de penser à l'Algérie et de la sauver. Je le sais, vous le savez, et nous ne prendrons de repos que lorsque la tâche sera réussie."
" Profitant des faiblesses passées de la France et des ambitions étrangères, dit encore M. Debré, une rébellion intérieure a ravagé, ravage encore notre Algérie. On nous apprend que certains de ses animateurs ont décidé de s'installer dans la guerre, c'est-à-dire d'installer l'Algérie dans la misère, dans la barbarie et dans le sang. Au profit de qui ? Pour le bien de qui ? On ne nous le dit pas, car on ne peut pas le dire. Répondons que la France a décidé, elle, de s'installer dans la volonté d'équiper, de rénover, de promouvoir l'Algérie. A ceux qui veulent imposer une dictature par le terrorisme, répliquons par une volonté égale d'imposer la liberté par le travail pacifique et la prospérité."
" L'Algérie est terre de souveraineté française ; ceux qui y vivent sont des citoyens français . "
"L'appel du général de Gaulle est la seule voix de salut en Algérie..."
" Ici, en Algérie, la République est représentée par des hommes que le général De Gaulle a choisis : le Délégué . général du Gouvernement, mon ami depuis bien des années, M. Delouvrier fera son devoir, comme tous les Français placés sous ses ordres, à son exemple, feront le leur ; Commandant en chef des forces armées, le général Challe, comme il l'a toujours fait, fera son devoir ; et comme ils l'ont toujours fait, les généraux qui sont sous ses ordres - et dont je ne parle pas nommément quoiqu'ils sachent tous que leurs noms sont connus de tous les Français et que dans n'importe quelle ville de France, ils sont sûrs désormais d'être applaudis à leur passage. Et si vous le permettez, avec ces hommes qui ont été choisis par le général De Gaulle, le Gouvernement tout entier fera son devoir, persuadé, comme je le suis, persuadé comme vous devez l'être, qu'il faut d'abord faire son devoir et même plus que son devoir : alors le succès viendra, et il rendra même plus tôt qu'on ne l'espère. "

Le 10 février :
" Dans les années qui viennent, dit-il, nous allons assister, sur cette terre d'Algérie, à une révolution démographique, à une révolution sociale et, par la force des choses, à une révolution économique... Le Plan (Plan de Constantine ndlr) va certainement demander un effort aux Algériens : effort fiscal, effort d'orientation à l'épargne... Mais à cet effort réalisé sur cette terre correspondra un effort identique et plus considérable encore de la Métropole, du point de vue financier, marquant ainsi le fait que le Plan appelé Plan de l'Algérie n'est en réalité, comme l'Algérie elle-même, qu'une partie de l'ensemble : le Plan d'ensemble de l'avenir français."
"Tous les citoyens de ce pays sont français au même titre. Cela ne sera jamais remis en question".

Le 22 mars
" La France, dit-il, est résolue à rester. La France, ensuite, est résolue à opérer de profonds changements, en bref, à faire de la terre d'Algérie la terre modèle de toute l'Afrique pour le développement économique et le progrès social. " La France, enfin, est résolue à marquer cette terre autant et plus encore que par le passé, de sa générosité et de son amour pour la liberté. " La France est autant nécessaire à l'Algérie de demain qu'elle l'a été par le passé. " Certes, pourquoi le dissimuler : la France a besoin de l'Algérie. Sa présence ici est une exigence de sa sécurité. Il faut à la France une Méditerranée où la circulation soit sûre, exempte de danger. Cette assurance ne peut être donnée que si la même autorité pacifique étend sa tutelle sur les deux rives. Il faut à la France une certitude quant à la mise en valeur du Sahara, quant aux liens physiques avec l'immense continent où naît, sous les plis du drapeau tricolore, la grande communauté. Mais remarquons bien aussi que le monde entier observe que sans la France, l'Algérie ne serait plus l'Algérie."
" Cette offre est toujours valable, nul ne peut douter d'ailleurs, nul, en fin de compte, ne doute qu'il n'y a pas d'autre voie que celle qui est offerte par le général De Gaulle et qui débouche sur la grande chance des" Algériens, qui est celle-ci: le destin de l'Algérie, tracé par tous les Algériens, dans la liberté d'une vraie démocratie. "
Source : Revue ALGERIA avril 1959

Alors, bien sur, les poignées de main, les remises de drapeau et les déclarations d'intention n'engagent à rien en temps normal. Mais quand elles s'adressent à des hommes et des femmes en danger ou à des militaires qui risquent leur vie et leur honneur, ce genre de pratique est criminelle.
Très loin des ellipses dialectiques du chef de l'état, nous avons ici l'exemple parfait de ce qu'il ne fallait pas faire et surtout ne pas dire.

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Mis en ligne le 10 sept 2010
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