Suite aux attentats du 7 janvier 2015 qui ont couté la vie à 17 personnes, on a entendu nombre de médias et de personnalités, dire que c'était l'attentat le plus meurtrier depuis celui fomenté par l'OAS le 18 juin 1961.
Ce jour là, à Blacy près de Vitry-le-François, le train Strasbourg-Paris déraille faisant 28 morts, 80 blessés. (jusqu'à 170 blessés suivant les sources).

Selon des gens bien informés, une bombe aurait été placée sur la voie par l'OAS.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/07/01016-20150107ARTFIG00178-historique-des-attentats-en-france-depuis-1994.php
https://www.youtube.com/watch?v=geibOQGrDEM
http://www.europe1.fr/faits-divers/charlie-hebdo-le-pire-attentat-en-france-depuis-50-ans-2337529

Jacques Duclos, député de Montreuil et un des principaux dirigeants du Parti communiste français, affirme le 28 décembre 1961, que l'OAS a laissé une lettre de menace de faire sauter la voie au chef de gare de Vitry-le-François avant l'attentat.

2294. - 28
décembre 1961.
M. Jacques Duclos expose à M. le ministre des travaux publics et des transports :
a) que le 18 juin 1961, vers 15 heures 10, le train rapide n° 12 Strasbourg-Paris déraillait à la hauteur du petit village de Blacy (Marne), entre les gares de Vitry-le-François et Loisy-sur-Marne, ce qui causa la mort de 27 personnes ;
b) que l'enquête ouverte pour rechercher la cause du déraillement écarta l'éventualité d'une responsabilité quelconque du personnel de la S. N. C. F. ;
c) que les affirmations officielles faites à la suite de cette catastrophe pour écarter l'éventualité d'un sabotage furent considérées par le personnel comme hâtives et insuffisamment étayées sur des preuves concrètes ;
d) que la mise en doute de ces affirmations officielles était fondée notamment sur la découverte le 19 juin au matin d'un sabotage effectué sur la ligne par laquelle il avait été annoncé initialement que les trains Paris-Strasbourg et vice-versa devaient être détournés ;
e) que le chef de gare de Vitry-le-François avait reçu avant le déraillement une lettre de menaces de l'O. A. S. disant : " Nous ferons sauter la voie d'ici peu ", ce qui d'ailleurs aurait dû déterminer les enquêteurs à pousser leurs investigations et à ne pas conclure hâtivement et peut-être à la légère à l'inexistence de tout acte de sabotage ;
f) que le personnel de la S. N. C. F. se demande avec une certaine inquiétude à quelles conclusions ont abouti les enquêteurs à la suite de l'examen d'un morceau de rail déchiqueté qui fut transporté à Paris pour être soumis à des examens de laboratoire ;
g) que depuis plus de six mois que cette catastrophe s'est produite toute explication est refusée aux délégués du personnel de la S. N. C. F. sur la marche de l'enquête, cependant que toute indemnisation est refusée aux victimes. Il lui demande pourquoi les autorités ont tenu à écarter toute responsabilité de l'O. A. S. alors que l'enquête semble être des plus laborieuses puisque six mois après l'accident les conclusions n'en sont encore pas connues ;
2° quelles mesures il compte prendre : d'une part pour faire la lumière sur les causes du déraillement du 13 juin, d'autre part pour assurer aux victimes les indemnités auxquelles elles ont droit.
http://www.senat.fr/comptes-rendus-seances/5eme/pdf/1962/01/q19620130_0001_0028.pdf
Selon le journaliste d'investigation Pierre Abramovici cet attentat de l'OAS est " L'attentat ferroviaire resté secret d'État ", et dès le début l'enquête la sureté parisienne écarte la thèse de l'attentat malgré une lettre anonyme reçue par le chef de gare de Vitry-le-François plusieurs semaines avant et donnée à la police mais sans suite.
" Le 18 juin 1961, à 15 h 15, le rapide Strasbourg-Paris roule à 140 km/h en direction de Châlons-sur-Marne. Peu après Vitry-le-François, le convoi sort de la voie et bascule dans un ravin. On dénombre 28 morts, 170 blessés. D'emblée, l'enquête, confiée à la Sûreté de Paris, s'oriente vers l'accident, écartant la thèse de l'attentat.
Pourtant, quelques semaines auparavant, le chef de gare de Vitry-le-François avait reçu une lettre anonyme annonçant un sabotage, qu'il avait immédiatement transmise à la police locale. Sans suite apparente.
Rendu public en 1981, par Le Républicain lorrain , ce courrier expliquait que " conformément aux directives de l'état-major insurrectionnel d'Alger, des actions de sabotage devaient être effectuées le long des lignes de chemin de fer ". Et, toujours selon le chef de la gare, la SNCF avait acquis, quelques heures après la catastrophe, la certitude qu'il s'agissait bien d'un attentat : " Un morceau de rail pratiquement déchiqueté, semblable à un véritable bouquet de fleurs, avait été retrouvé par les premiers enquêteurs. "
Enfin, la presse relevait que deux convois devaient se croiser à cet endroit mais que des travaux avaient retardé l'un d'eux, réduisant considérablement le nombre des victimes. " La charge explosive avait été placée à la hauteur d'un signal lumineux à l'endroit exact où le Strasbourg-Paris et le Paris-Strasbourg devaient se croiser. Elle était placée à l'emplacement d'une barre de fer qui se trouve au milieu des voies et que l'on appelle, en jargon SNCF, le crocodile. " Le balai de la locomotive avait déclenché la mise à feu.
De plus, la date ne devait rien au hasard. Il s'agissait de frapper un 18 juin.
Le pouvoir savait également : " Au cours d'une discussion au conseil des ministres, comme le relate Alain Peyrefitte dans C'était de Gaulle, M. Robert Buron, ministre des Travaux publics et des Transports, révéla que l'enquête sur l'attentat de Vitry-le-François du 18 juin 1961 a prouvé qu'il s'agissait d'un attentat au plastic. " Jean Foyer, alors garde des Sceaux, sursaute et déclare que l'affaire est couverte par le secret de l'instruction. De Gaulle enjoint alors son ministre " d'infirmer ou de confirmer ". Celui-ci s'exécute et répond que " l'explosion a eu lieu grâce à un dispositif d'amorçage par détonateur électrique ".
Ce n'est que le 2 février 1964 que l'on en apprendra un peu plus. Le Monde publie un article intitulé : " Le déraillement de Vitry-le-François a été provoqué par un attentat. " Le quotidien signale que " lasses d'attendre les résultats de l'enquête judiciaire " les victimes se sont regroupées en association de défense. Grâce à cette démarche, une partie de la vérité est dévoilée : " Les experts qui avaient été commis par le juge d'instruction de Châlons-sur-Marne ont conclu à un attentat par explosif contre le convoi. " On apprend aussi que " des réquisitoires supplétifs ont été pris le 4 avril 1962 du chef de destruction volontaire de voie ferrée. Le 19 juin 1963, la procédure a fait l'objet d'un "ordre de revendication" du ministre de la Justice devant le procureur général auprès de la Cour de sûreté de l'Etat. "
Mais on découvre aussi que si l'affaire a été transmise à la Cour de sûreté et à un juge d'instruction, celui-ci a rendu le 19 décembre 1963, une ordonnance de non-lieu. A l'évidence, compte tenu de la nature de la Cour de sûreté, on a cherché à étouffer l'affaire, sur instruction du gouvernement. Pénalement, les victimes se sont retournées contre la SNCF, qui, le 14 janvier 1965, était rendue " responsable de la catastrophe de Vitry provoquée par l'OAS ". Le 19 janvier suivant, le député de la Marne, Jean Degraeve, écrivait à l'une des victimes : " Le déraillement est entièrement imputable à l'OAS qui l'a commis et à la police qui n'a vraisemblablement pas pris les mesures qui s'imposaient [...]. " Malgré l'appel du jugement, la SNCF fut finalement condamnée à verser des indemnités. "

Selon Jacques Delarue, alors commissaire à la tête d'une unité spéciale anti-OAS au ministère de l'Intérieur, le laboratoire de la préfecture de police de Paris avait établi assez tôt l'attentat, et il était clair que la mise à feu d'une charge explosive " dans une courbe était destinée à tuer le plus grand nombre de gens ".

Pour l'historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, l'attribution de cet attentat à l'OAS s'est faite très tard parce que ses auteurs qui étaient très jeunes n'avaient pas été tous inculpés. Les historiens Jacques Delarue et Odile Rudelle mettent cet attentat " dans le sillage " du Putsch des généraux du 21 avril 1961.

Pour le Parisien, en 2015, le doute subsiste dans cette affaire sur le fait que le déraillement soit un attentat de l'OAS, mais plusieurs historiens, journalistes, et Le Monde en 2015 considèrent que c'est bien le cas L'attentat le plus meurtrier depuis 1961.
Le Monde, 7/1/2015 - http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/07/l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-1961_4550888_3224.html

A cette époque les attentats et les catastrophes en tous genres étaient systématiquement mis sur le compte de l'OAS.
L'OAS n'a jamais revendiqué cet attentat.

Quelques exemples :

- Le 1er juin 1961, une déflagration souterraine a lieu dans une carrière de craie abandonnée située entre Clamart et Issy-les-Moulineaux. Cet effondrement cause la mort de 21personnes et en blesse 45 autres. L'OAS est désignée coupable. La thèse fut écartée. La raison la plus plausible de ce cataclysme reste les pluies diluviennes des 25 et 26 mai 1961.
http://montquartiers.free.fr/histoire/historique-montquartiers.pdf

- Le même Jacques Duclos et le gouvernement attribuèrent à l'OAS l'attentat à la camionnette piégée qui explosa à Issy-les-Moulinaux le 10 mars 1962 qui fit 3 morts et de nombreux blessés. Là encore l'enquête ne donnera rien et fut curieusement, étouffée.
L'attentat sera nié jusqu'à sa mort, par d'André Canal, dit le Monocle, responsable de la branche Mission III suspectée, d'en être l'auteur.

- Constantin Melnik

(1927-2014), secrétaire du groupe parlementaire des radicaux de gauche au Sénat, ami de avec Michel Debré et qui deviendra son conseiller pour la sécurité et le renseignement de janvier 1959 à avril 1962, lorsque l'auteur du " courrier de la colère ", sera nommé premier ministre. Dans son livre " 1000 jours à MATIGNON ", parut chez Grasset en 1988 atteste de la réalité des Barbouzes et révèle que le 22 janvier 1962, la bombe qui explosa au quai d'Orsay qui fit un mort et douze blessé, fut attribuée à tort à l'OAS.
" Les enveloppes et sceaux des diverses directions et administrations, furent patiemment reconstitués en un puzzle gigantesque, confrontés avec le livre des entrées. Seuls manquaient - volatilisés - l'en-tête et le sceau du colis déposé par la SDECE à destination de son " poste " au Maroc. L'explosion pouvait difficilement être imputée à l'OAS.
La réalité est tout aussi terrible mais plus simple. C'est un engin explosif que le service s'apprêtait à expédier au Maroc par la " valise diplomatique " qui avait sauté. "
https://books.google.fr/books?id=YIVxB7LWVwAC&pg=PT242&lpg=PT242&dq=attentat+quai+d%27orsay+constantin+melnik&source=bl&ots=yzXRKWZbrM&sig=qSMO26kgtXQN7c7Oe8WHWGZbqsw&hl=
fr&sa=X&ei=ldi0VMT6I4H0UrXggPgF&ved=0CCcQ6AEwAQ#v=onepage&q=attentat%20quai%20d%27orsay%20constantin%20melnik&f=false

Il est pratiquement certain qu'il y ait eut un attentat le 18 juin 1962. Mais des questions se posent :
A qui à nui le crime ?
Pourquoi, à une époque où il eut été opportun aux autorités en place d'attribuer cet attentat à l'OAS pour le discréditer, auraient-elles dissimulé un coupable idéal, alors que, selon Pierre Abramovici " le pouvoir savait " ?
Pourquoi, alors que ce pouvoir mettait sur pied des tribunaux spéciaux et des juridictions d'exception, aurait-il " cherché à étouffer l'affaire " ?
Il faut se rappeler que les " services spéciaux ", puis les barbouzes ensuite, opéraient des opérations de contre terrorisme. Ils organisaient des faux attentats qui firent malheureusement, des innocentes victimes, pour en attribuer la responsabilité à une organisation qu'ils voulaient détruire par tous les moyens.
Une éventuelle bavure n'est pas à écarter.
La chose fut jugée. Concernant le 18 juin 1961 :

Dès le début l'enquête la sureté parisienne écarte la thèse de l'attentat Les rapports d'expert parlent de forte chaleur et de voie mal entretenue, ils sont soigneusement classés. Les causes du déraillement du rapide Paris-Strasbourg, à Vitry-le-François, le 18 juin 1961, n'ont jamais été établies.
La cour de cassation le mardi 3 octobre 1967 a estimé qu'il n'y avait aucune preuve que les auteurs de l'attentat ne fissent pas partie de la SNCF.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000006976240

Soit les contestataires de la décision de justice détiennent les preuves de l'erreur judiciaire et alors ils doivent les produire ; Soit ils n'ont rien de tangible et, dans ce cas, ils ne doivent pas imposer leur intime conviction.
Il existe une " présomption d'innocence ", qui fait que le ou les mis en accusation ne sont coupables, que lorsque la chose est prouvée et jugée.
En tout état de cause, les suspects arrêtés, puis relâchés et dont on ne trouve plus la trace, dans une période où le pouvoir aux aguets, mobilisait toutes ses forces militaires, policières et de renseignements, laisse à penser, qu'il s'agirait d'individus protégés en haut lieu.
Ce n'était pas le cas des hommes de l'OAS.

Le 17 mars 1962, le député Lauriol posa cette question à l'assemblée nationale :

14549. - 17 mars l962. - M. Lauriol expose à M. le ministre de l'intérieur que, d'après les renseignements diffusés par voie de presse et de radio, la police judiciaire chargée de l'enquête sur l'attentat d'Issy-les-Moulineaux, n'a encore recueilli aucun indice permettant d'orienter l'enquête.. En conséquence, il lui demande :
1e - comment il a pu solennellement et officiellement attribuer cet attentat à une organisation subversive plutôt qu'à une autre, à l'heure où à chaque instant il en naît une nouvelle qui provoque et menace ;
2e - s'il ne pense pas en apportant ainsi sa caution ministérielle à des manifestations de protestation qui en découlent qu'il entrave les recherches de la police et nuit à la sérénité de la justice ;
3e - si une publicité aussi vaste sera faite par le Gouvernement dans le cas où l'enquête conduirait à impliquer une organisation différente de celle si hâtivement soupçonnée.

http://archives.assemblee-nationale.fr/1/qst/1-qst-1962-03-17.pdf

Rappels :

L'usine AZF de Toulouse le 21 septembre 2001 par l'explosion d'un stock de nitrate d'ammonium, entraînant la mort de 31 personnes, faisant 2 500 blessés et de lourds dégâts matériels. Le 24 septembre 2012, la cour d'appel de Toulouse prononce la condamnation de la société Grande Paroisse, propriétaire d'AZF, et de son ancien directeur Serge Biechlin, onze ans après l'explosion.
Le procureur de Toulouse avait écarté l'hypothèses de l'attentat, après seulement trois jours d'enquête affirma sur un ton péremptoire qu'il s'agissait d'un accident à 99%. (malgré des pistes troublantes non explorées, ndlr).
http://www.lefigaro.fr/azf/


Un train Inter cités Paris-Limoges a déraillé vendredi 12 juillet vers 17 heures en gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne. Le bilan définitif s'élève à six morts et trente blessés, dont huit graves.
Ici aussi, le procureur d'Évry s'empressèrent de préciser, bien avant la conclusion de l'enquête, " Nous ne sommes pas dans une affaire criminelle avec suspicion d'attentat ou suspicion d'acte malveillant ".


Le même jour, côté de la gare de triage de Saint-Sulpice Laurière, dans le département de la Haute-Vienne. Une locomotive, qui circulait semble-t-il à vitesse réduite et sans tracter de wagons de voyageurs, a déraillé sans pour autant se coucher sur le côté. D'après des techniciens de la SNCF, l'acte de malveillance ne fait aucun doute, des éclisses (lourdes pièces d'acier) et des boulons ayant été démontés et retrouvés sur le bas-côté.
http://www.wikistrike.com/article-attentat-a-la-sncf-119122194.html

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Mis en ligne le 16 janvier 2015

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