Deux faits tout d’abord ; la date du débarquement Overlord le 6 juin à 6 heures par la 6ème Airborne Division. Soit 666 ; le chiffre de la Bête, comme on sait. D’après l’Apocalypse, c’est le moment de l’émergence de la bête aquatique. Bizarre de vouloir libérer un pays d’un ennemi que l’on considère comme démoniaque, sous de tels auspices. Le groupe d’armées B finira par prendre le nom de son chef le général De Lattre de Tassigny.
Les effectifs navals du débarquement sont supérieurs à ceux de Normandie. « Le 6 juin la marine alliée aligne 7 cuirassés, 18 croiseurs, 43 destroyers alors que celle du 15 aout se compose de 5 cuirassiers, 10 porte-avions, 25 croiseurs, 109 torpilleurs et escorteurs, 1900 appareils de bombardements et de chasse, un très grand nombre de chalands venant du débarquement du 6 juin. » (p 181) Les effectifs terrestres quant à eux pour le 6 juin s’élèvent à « 4 divisions britanniques et 5 divisions américaines, soit 902 000 combattants et 189 000 véhicules repartis sur 300 chalands. Il n’y a que 177 Français ». En Provence, il y a « un corps d’armée à trois divisions d ‘infanterie américaine et une division aéroportée anglo américaine; l’armée française a un potentiel de 500 000 combattants dont elle détache 260 000 dans l’armée B composée de deux divisions blindées et 5 d’infanterie plus de nombreux corps francs et commandos ».
L’organigramme de l’armée B est le suivant ; 2 eme DIM (division d’infanterie marocaine) 3éme DIA( division infanterie algérienne) 4 éme DIM (division d’infanterie marocaine), 1ere DIM (division d’infanterie motorisée) , 9 éme DIC (division infanterie coloniale), 1ere DB (division blindée), 5 éme DB ( division blindée) sans oublier les unités de réserve générales équivalent à une division et les 4 groupes de Tabors marocains.
« A partir du 15 août, elle projette par vagues amphibies successives 260 000 combattants dont 215 000 sont originaires d’Afrique du Nord , 20 000 de métropole après avoir franchi les Pyrénées et 25 000 d’A-OF, d’A-EF et de Polynésie ».
On est un tout petit peu sidéré de voir à quel point les métropolitains ont peu œuvré à la libération du pays. Ils se sont rattrapés avec la résistance qui leur a permis de contrôler le pays durant des dizaines d’années à un coût somme toute assez faible.
Il faut rendre hommage aussi au général Weygand qui avait obtenu dans les accords d’armistice la sauvegarde de l’Empire sur le territoire duquel une armée sera reconstituée.
La question du lieu du débarquement se règle par la géographie ; le port de Sète est trop petit et ses abords non praticables, Toulon et Marseille trop dangereux, il ne reste donc que la rade d’Hyères et la baie de Calvaire sur mer.
Le général de Lattre de Tassigny arrache au général Patch des missions autres que statiques ou de soutien. Son comportement fait de confiance dans ses subordonnés frise parfois l’indiscipline mais porte ses fruits ; il galvanise ses hommes et arrache Toulon. Deux hommes donnent toute la mesure de leur génie militaire le général de Montsabert et le colonel Salan qui refera parler de lui. Il faut reconnaître à l’armée française dans le combat urbain une science établie par les Français depuis Bugeaud. Le 17 août, Hitler donne l’ordre d’évacuer la France. C’est pour lui « le jour le plus sombre de ma vie ». Pour notre auteur, cette décision est pour beaucoup dans la délivrance de la France.
Ce débarquement en Provence est largement sorti de le mémoire collective française. Il est le fait de l’armée d’Afrique dont la mémoire a été immergée dans le port d’Alger en 1962.
Paradoxe : « avec la décolonisation, les anciens combattants des départements d’Algérie (musulmans et pieds noirs), les anciens tirailleurs marocains tunisiens et sénégalais ne risquent plus d’être présents aux commémorations. Pire, ils dérangent ». p 21
Le maréchal Juin aura des mots très durs par la suite devant le comportement incroyable des Français métropolitains au vu de cette épopée : Et si, ce jour c’était maintenant ? |
Mis en ligne le 1er septembre 2014