A Messieurs les Présidents et membres des Conseils Généraux des Départements.
Messieurs,
On a rassemblé, par un lien factice qui s'est bientôt rompu, des colons venus de tous les points du territoire français et rapprochés par hasard. Il en est résulté que des agglomérations d'individus que rien ne rattache les uns aux autres se sont trop souvent dissoutes, ou ne se sont consolidées qu'au prix d'efforts pénibles et d'épreuves douloureuses. N'était-il pas plus simple de faire des villages de Provençaux, de Languedociens, de Normands, de Bretons, de Flamands, etc, etc, transportant sur cette terre lointaine leurs mœurs et leurs coutumes, et offrant ainsi, soit contre les indigènes, soit contre les fatigues de la culture, un tout résistant et compact. De cette considération est sortie l'idée des villages départementaux, dont la Société de Bienfaisance pour la Colonisation de l'Algérie peut revendiquer l'initiative, puisque son Directeur-général l'avait développée et soutenue depuis plus de cinq ans.
S.E. le Ministre de la Guerre a signalé cette question à votre zèle pour les intérêts de votre département. Il vous a demandé si vous ne jugeriez pas à propos de créer en Algérie un ou plusieurs villages portant le nom de votre département, ou celui de telle ou telle localité peuplée avec un contingent fourni par vos communes, et reproduisant pour les nouveaux colons, sous le ciel africain, l'image et les souvenirs de la patrie absente.
Nul doute que d'après cette indication vous ne vous occupiez de la question pendant le cours de vos travaux, et que vous ne soyez disposés à accueillir favorablement un projet aussi rationnel, aussi utile, aussi national.
La Société de Bienveillance pour la Colonisation de l'Algérie à l'honneur de vous offrir son concours pour réaliser cette utile entreprise. Fondée il y a cinq ans, entourée d'estime et de sympathie en Algérie et en France, elle avait été momentanément forcée par les évènements politiques d'interrompre son action. Elle reprend aujourd'hui son œuvre au milieu de la sécurité générale et de la prospérité publique, forte du patronage des hommes éminents qui ont bien voulu s'associer à son existence, sûre des sympathies de tous les amis de la colonisation algérienne.
Les statuts de la Compagnie l'autorisent à traiter avec les communes ou les départements pour créer des centres agricoles, des orphelinats, des pénitenciers de jeunes détenus ou d'adultes. Elle vient donc vous proposer d'exécuter sous le patronage de l'administration supérieure et sous le contrôle de son conseil consultatif, toutes les entreprises de cette nature auxquelles il vous plairait d'accorder des subventions.
L'instant est favorable, Messieurs, pour mettre à fin le problème de la colonisation en Algérie. La tranquillité intérieure y est complète. Les indigènes sont soumis ou deviennent d'utiles auxiliaires de nos travaux. Le gouvernement a fait toutes les études désirables pour guider la colonie dans le choix des emplacements des cultures. Le succès est désormais certain pour toute entreprise dirigée par des hommes compétents qui connaissent l'Algérie et qui sauront y réaliser vos généreuses et patriotiques inspirations.
Nous avons donc l'honneur, Messieurs, de vous prier, dès que votre résolution sera arrêtée, de vous mettre directement en rapport avec l'Association de Bienfaisance qui a bien voulu me choisir pour son Directeur-général.
Agréez, Messieurs, l'hommage de mon profond respect.
Le Directeur-Général
LAFON-RILLIET
ASSOCIATION DE BIENFAISANCE POUR LA COLONISATION DE L'ALGERIE
(1853)
Publié le 31/08/2008 à 12:00 par emigrationalgerie
http://emigrationalgerie.centerblog.net/5794791-Association-de-bienfaisance-pour-la-colonisation-de-l-Algerie
|