1845

15 juillet .
-Théophile Gauthier part pour l'Algérie avec Noël Parfait.
Il quitte Marseille à bord du Pharamond et arrive à Alger le 16 en fin d'après-midi. Il sera guidé dans Alger par un officier de spahis rencontré sur le bateau, par le fils de Joseph Lingay et probablement par Ausone de Chancel, un ancien Jeune-France.

6 août .
-Gautier, sans doute écœuré par les événements, désire se fixer comme colon en Algérie et fait une demande au ministre de la guerre d'une concession de quatre-vingt-dix-neuf hectares dans la vallée de Zerhamma dans le périmètre de Philippeville. La demande est restée à l'état de brouillon.

22 juillet.
-Il assiste à une représentation de la comédie Le Maître de Chapelle, de Sophie Gay, en présence du maréchal Bugeaud..

23 juillet.
-Gautier et N. Parfait, à qui le maréchal Bugeaud a proposé de l'accompagner dans son expédition en Kabylie, quittent Alger pour Dellys par bateau, avec l'état-major, et " un peintre-capitaine ", Baccuët, et rejoignent le corps expéditionnaire le 24 à Ain el Arbah. Gautier est enchanté.

23 juillet-5 août.
-Déroulement des opérations dans les montagnes de Kabylie, un paysage dont Gautier a reçu et gardé une forte impression : il les évoque encore en 1865 dans Quand on voyage, " Florence "

De retour à Alger, il fait connaissance d'Ernest Reyer le musicien, qui viendra faire carrière à Paris en 1848 et collaborera avec Gautier. Une excursion à Blidah organisée par Bourbaki lui permet d'assister aux étranges cérémonies des Aïssaouas (1).

14-19 août.
-Excursion par mer à Oran, où Gautier et Parfait rencontrent Louis de Cormenin venant d'Espagne ; ils rentrent avec lui à Alger.

21 août.
-Gautier quittent Alger par mer, jusqu'à Philippeville ; de là, ils gagnent Constantine à cheval. Ils visitent la ville guidés par l'ingénieur qui a dressé les plans et Gautier en gardera un inoubliable souvenir ; il y assiste à la danse des Djinns (2).

29 août.
-Gautier et Parfait quittent Alger à bord du Charlemagne

31 août.
- Arrivée à Marseille, retour nuancé de tristesse.

1846

1er janvier.
L'Almanach du Jour de l'An, petit messager de Paris, annonce la publication pour ce mois de janvier du Voyage pittoresque en Algérie ; Alger, Oran, Constantine, la Kabylie, par Th. Gautier. Pressé par son éditeur Hetzel, Gautier en commença la rédaction, vingt-quatre pages furent imprimées, quelques feuilles furent encore tirées en épreuves, ainsi que les vignettes sur bois exécutées d'après les dessins de Gautier.

Printemps.
-Hetzel envoie à Gautier " une épreuve de l'Algérie tout entière " et lui demande de remettre le lendemain le texte du prospectus destiné à annoncer la publication du Voyage pittoresque en Algérie, lequel prospectus fut remis et imprimé.

12 novembre.
-Première au théâtre de la Porte Saint-Martin de La Juive de Constantine, drame anecdotique en cinq actes et six tableaux, écrit en collaboration avec N. Parfait, un mélodrame directement inspiré par le voyage en Algérie : cf l'article de Gautier sur sa pièce dans La Presse du 16 novembre ; ce fut un échec.

1862

7 août.
-Gautier part pour l'Algérie, invité par la Compagnie du chemin de fer à l'inauguration de la ligne Alger-Blidah.

15 août.
- Gautier assiste à l'inauguration, qui a lieu le jour de la fête de l'Empereur.

" Le soleil du 15 août se leva au bruit des salves d'artillerie qui annonçaient les solennités du jour. L'Algérie, pour célébrer dignement avec la France la fête de l'empereur, ajoutait au programme des réjouissances l'inauguration de son premier chemin de fer. Cette nouvelle ligne de rails, qui réunit Alger à Blida, n'est point longue, elle n'a que 50 km, mais c'est le commencement d'un réseau qui va bientôt s'étendre de tous les côtés du territoire…
À 7 h 30, son excellence le gouverneur général arrivait prendre place dans un wagon d'honneur avec le sous-gouverneur et le directeur général des services civils ; et les invités de la compagnie ayant rempli les voitures qui leur avaient été réservées, la locomotive s'ébranlait au bruit du canon, des fanfares et des acclamations. Nous courons sur le rivage de la mer, au pied de charmantes collines où les flammes de l'été ont laissé encore assez de verdure pour faire ressortir les blanches villas assises sur les pentes. Mais près de la Maison-Carrée, une échancrure du Sahel nous donne entrée dans la plaine de la Mitidja où la voie pénètre par une courbe gracieuse. C'est d'abord de vastes espaces à demi dénudés ; des troupeaux nombreux y paissent l'herbe rare et parmi des bouquets de verdure apparaissent les douars des indigènes et les habitations des colons…
Après les immenses jachères, voici des vignes, des champs de tabac : c'est la campagne de Boufarik, un ancien marais dont nos laboureurs ont fait une Normandie. Voici les orangers de Blida. Le train s'arrête, accueilli par la mousqueterie d'une troupe de cavaliers arabes, postés dans une attitude pittoresque sur une crête ; une grande affluence d'Européens et d'indigènes mêlait au pétillement de la poudre les acclamations les plus chaleureuses.
MM. de Chancel, sous-préfet d'arrondissement, et De Montagny, maire de Blida, étaient venus recevoir le maréchal à la descente du wagon. Le maire, dans une courte allocution, ayant présenté à son excellence les respectueuses félicitations et les remerciements du pays, le maréchal répond en ces termes : " Monsieur le maire, j'agrée avec satisfaction l'expression des sentiments dont vous êtes ici l'interprète. C'est avec bonheur que je viens aujourd'hui dans votre cité inaugurer le premier chemin de fer dont soit dotée l'Algérie… La rapidité des transports, la facilité des communications sont, pour l'agriculture comme pour l'industrie, des sources de prospérité et de richesse… "
" Inauguration du chemin de fer d'Alger à Blida, " Le Moniteur universel " du 24 août 1862
http://theophile.gautier.voila.net

22 août.
- Gautier est de retour à Paris.
http://www.blogg.org/blog-25068-billet-voyage__en_algerie__theophile_gautier_-401348.html

(1) AISSAOUA ou AISSAWA http://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%AFssawa La confrérie des Aïssawa est un ordre mystico-religieux fondé à Meknès au Maroc par Muhammad ben Aïssâ (1465-1526 / 882-933 H.), surnommé le « Maître Parfait » (Chaykh al-Kâmil). Les termes Aïssâwiyya (‘Isâwiyya) et Aïssâwa (‘Isâwa), issus du nom du fondateur, désignent respectivement la confrérie (tariqa, litt. « voie ») et ses disciples (fuqarâ, sing. fakir, litt. « pauvre »). À l’origine clairement orthodoxe, la confrérie des Aïssâwa est devenu un phénomène social complexe, à la charnière du sacré et du profane, du domaine privé et public et des cultures savantes et populaires. Les Aïssâwa sont célèbres dans le monde arabe pour leur musique spirituelle caractérisée par l'utilisation du hautbois ghaita (syn. mizmar, zurna), de chants collectifs d'hymnes religieux accompagnés par un orchestre de percussions utilisant des éléments de polyrythmie. Leur complexe cérémonie rituelle, qui met en scène des danses symboliques amenant les participants à la transe, se déroule d’une part dans la sphère privée au cours de soirées domestiques organisées à la demande de particuliers (les lîla-s), et, d’autre part, dans la sphère publique lors des célébrations des fêtes patronales (les moussem-s, qui sont aussi des pèlerinages) et des festivités touristiques (spectacles folkloriques) ou religieuses (Ramadan, mawlid ou naissance du prophète de l'islam, Mahomet) organisées par les États marocains et algériens.
Malgré leur musique particulièrement roborative, les Aïssâwa ne bénéficient pas du même engouement que les gnaoua auprès du public occidental. Cependant, comme les gnaoua et les Hamadcha - auxquels on les confond sans cesse - les Aïssâwa ont toujours été décriés et localisés au plus bas de la hiérarchie confrérique. Deux raisons principales à cela :
* 1ère raison : la confrérie des Aïssâwa possède dans son rituel cérémoniel des éléments non islamiques apparus au fil des siècles, tels que l’exorcisme et les danses de transe.
* 2e raison : les disciples Aïssâwî furent recrutés traditionnellement parmi les populations paysannes du Maghreb, ou défavorisées et marginalisées des grands centres urbains.
(2) Djinns - Le terme « Djinns » est utilisé pour désigner les esprits bienfaisants, génies ou démons dans les croyances musulmanes.

En 1845, Théophile Gautier part en voyage en Algérie dans ce qu'il appelle " l'Afrique française ". Il décrit ce qu'il a vu dans le Voyage pittoresque en Algérie, publié dans la Revue de Paris en 1853.
" Quand nous arrivâmes dans Alger la Guerrière (c'est ainsi que les musulmans la surnomment), il était environ cinq heures (…), la place du Gouvernement fourmillait de monde. C'est le point de réunion de toute la ville, c'est là que se donnent tous les rendez-vous ; on est toujours sûr d'y rencontrer la personne qu'on cherche ; c'est comme un foyer des Italiens ou de l'Opéra en plein air. Tout Alger passe forcément par là trois ou quatre fois par jour. Pour les Français, c'est Tortoni, le boulevard des Italiens, l'allée des Tuileries ; pour les Marseillais, la Canebière ; pour les Espagnols, la Puerta del Sol et le Prado ; pour les Italiens, le Corso ; pour les indigènes, le fondouck et le caravansérail. Il y a là des gens de tous les états et de tous les pays, militaires, colons, marins, négociants, aventuriers, hommes à projets de France, d'Espagne, des Iles Baléares, de Malte, d'Italie ? De Grèce, d'Allemagne, d'Angleterre ; des Arabes, des Kabyles, des Mores, des Turcs, des Biskris, des juifs ; un mélange incroyable d'uniformes, d'habits, de burnous, de cabans, de manteaux et de capes. Un tohu-bohu ! Un capharnaüm ! Le mantelet noir de la Parisienne effleure en passant le voile blanc de la Moresque ; la manche chamarrée de l'officier égratigne le bras nu du nègre frotté d'huile ; les haillons du Bédouin coudoient le frac de l'élégant français. Le bruit qui surnage sur cette foule est tout aussi varié : c'est une confusion d'idiomes à dérouter le plus habile polyglotte ; on se croirait au pied de la tour de Babel le jour de la dispersion des travailleurs. L'accent n'est pas moins divers : les Français nasillent, les Italiens chantent, les Anglais sifflent, les Maltais glapissent, les Allemands croassent, les nègres gazouillent, les Espagnols et les Arabes râlent. Les Européens affairés circulent activent à travers des îlots flegmatiques de naturels du pays qui ne semblent jamais pressés. Le long des murailles, de pauvres diables en guenilles dorment roulés dans un morceau de couverture, ou tiennent en laisse les chevaux des promeneurs venus des environs d'Alger ; d'autres traversent les groupes d'oisifs portant des paquets sur la tête ou des fardeaux suspendus à un bâton qui fait palanquin ; rien n'est plus gai, plus varié, plus vivant que ce spectacle. Les endroits les plus fréquentés de Paris sont loin d'avoir cette animation ".
http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/archive/2010/09/24/les-societes-multiculturelles-et-pluriethniques-caracterisen.html

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Mis en ligne le 02 fev 2011 - Modifié le 05 juin 2012

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