Mandela's days

Le décès de Nelson Mandela à donné lieu à d'innombrables articles et reportages.
La disparition d'un grand personnage multiplie presque toujours les dithyrambes parfois excessifs et les récupérations de tous ordres.
Les commentaires et les écrits, à cette occasion, ont parfois été l'objet de controverses.
Voici un exemple ci-dessous ; la vision du " blog.lefigaro.fr/algerie " et les précisions rectificatives de l'historien Michel Henri DELENCLOS.

L'Algérie, " la seconde patrie " de Mandela

" C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme " Ainsi parlait Mandela en 1990 lors de son premier voyage, après sa libération, dans son pays d'adoption. Après sa disparition, le président Bouteflika a décidé la mise en berne des drapeaux pendant huit jours. Retour sur une relation historique.

" Le peuple algérien, qui s'enorgueillit d'avoir toujours été aux côtés de Madiba et du peuple sud-africain, s'associe à votre deuil et n'oubliera jamais que pour Mandela, l'Algérie est sa " seconde patrie " comme il aimait à le répéter ", a déclaré aujourd'hui Abdelaziz Bouteflika dans un message au président Jacob Zuma suite à la disparition de Nelson Mandela, hier à l'âge de 95 ans. Si tout le monde connaît le héros de la lutte contre l'apartheid, son histoire avec l'Algérie reste peu connue.

Pourtant, c'est là que Madiba, proche d'Ahmed Ben Bella, reçoit sa première formation militaire au début des années 60 avec le représentant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, le docteur Chawki Mostefai. " Il nous a expliqué que ce genre de guerre n'avait pas comme objectif de remporter une victoire militaire mais de libérer les forces économiques et politiques qui feraient tomber l'ennemi, raconte Mandela. Le Dr. Mustafa nous a conseillé de ne pas négliger le côté politique de la guerre tout en organisant les forces militaires. " Lors de sa visite à Oujda, où il s'est rendu dans une unité combattante de l'Armée de libération nationale, il avait déclaré : " A un moment, j'ai pris une paire de jumelles et j'ai vu des soldats français de l'autre côté de la frontière. J'avoue que j'ai pensé voir des uniformes des forces de défense sud-africaines ".

Entre 1963 et 1990, l'Algérie assure une formation militaire aux membres de l'ANC tout en menant une fronde diplomatique contre l'apartheid à l'Organisation de l'union africaine ainsi qu'à l'ONU. " C'était une armée de guérilla composée de combattants qui ont gagné leur galons dans le feu des batailles et qui s'intéressaient plus à la guerre et à la tactique qu'aux uniformes et aux défilés ", avait déclaré Mandela. " A ses yeux, nous avions réussi à mener une guerre contre une armée coloniale puissante, qui nous imposait une domination coloniale similaire à celle de l'apartheid ", se souvient Nourredine Djoudi, ancien ambassadeur algérien en Afrique du Sud et interprète de Nelson Mandela en Algérie lors de sa venue en 1960.

Pour donner plus d'écho au combat contre l'apartheid à partir de l'Algérie, l'ANC a même ouvert un bureau d'informations. A l'époque, tous les dirigeants de l'ANC fréquentaient Alger, qualifiée, à cette époque, par le père de l'indépendance de la Guinée Bissau, Amilcar Cabral de " Mecque des révolutionnaires ".

" L'Algérie était pour lui un modèle et un soutien ", se souvient aussi l'ancien Premier ministre Rédha Malek. Tout comme l'Afrique du Sud a toujours été un pivot de la politique étrangère algérienne comme en témoigne l'exclusion de l'Afrique du Sud par l'Assemblée générale de l'ONU proposée et obtenue par Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, en 1974. Cette action diplomatique démontre l'engagement de l'Algérie en faveur de Mandela et de son action anti-apartheid. Un ancien diplomate s'enflamme : " A l'époque, quel pays aurait osé faire ça ? Certainement pas les Etats-Unis qui continuaient à classer Mandela parmi les terroristes jusqu'en 2008 ! Notre soutien à sa cause était du même niveau que notre soutien à la Palestine, massif et désintéressé. "

Après sa libération, en mai 1990, Nelson Mandela revient dans son pays d'adoption et déclare : " C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme ". Un proche de la Présidence souligne : " Nous avons toujours partagé avec lui la même définition du terrorisme : des militants armés pour lutter contre une occupation illégale ne peuvent être considérés comme des terroristes. Mandela face à l'apartheid avait le même statut que Larbi Ben M'hidi face à l'armée française : ils n'étaient pas considérés comme des combattants de la liberté mais comme des terroristes ! "
Mélanie Matarese le 6 décembre 2013
http://blog.lefigaro.fr/algerie/2013/12/lalgerie-la-seconde-patrie-de-mandela.html

" Mieux vaut l'icône que le véritable MANDELA ! "

MANDELA Nelson Rolihlahla dit Madiba du nom de sa tribu (18.07.1918-05.12.2013) né à Mvezo (Afrique du Sud, mort à Johannesburg -Acquitté lors du procès pour trahison, il lance aussitôt une grève nationale pour les 29, 30 et 31.03.1961. Le 21.05.1961, il donne sa première interview à la télévision: " Il y a de la place pour toutes les races dans ce pays. ". (1). Dès juin 1961, Mandela est chargé de l'organisation militaire de la branche de l'African National Congress "ANC". L'Agence officielle Algérie presse service " APS " note: " Lors de sa visite au Maroc en 1961, Mandela passa "plusieurs jours avec le représentant du " GPRA ", le docteur Chawki Mostefaï... Deux jours plus tard, Mandela a été invité à assister à un défilé militaire en l'honneur de l'ancien président A. Ben Bella, à sa libération de prison. ". (2) Erreur, mensonge, manipulation, les trois, car, tout d'abord, C. Mostefaï, du 26.11.1960 au 07.03.1962, était le chef de mission de la représentation diplomatique algérienne à Rabat puis, il sera nommé chef de groupe des délégués de l'Exécutif provisoire algérien " EPA ". A Rabat, Mosteafaï avait de lourds dossiers à traiter comme les relations franco-marocaines, le Sahara et, en Algérie, il avait la charge de la préparation de l'autodétermination et des négociations " FLN-OAS " que lui avait confiées le " GPRA ". C. Mostefaï, aujourd'hui vivant, qui gère son site, n'a jamais évoqué N. Mandela ni fait de commentaire à l'occasion de son décès.

De Fait, Mandela n'a jamais été en Algérie en 1961 et, comme il l'écrit lui-même, il quittera par le train Rabat, avec Hamilcar Cabral, le 18 mars pour arriver à Oujda le 19.03.1962 au matin. Ce 19 mars, accompagné de Robert Reisha (futur représentant de l'ANC), Mandela est accueilli à la gare par Nourredine Djoudi dit Abdelhamid, chef de section politique de l'ALN et anglophone. Puis, Mandela sera dirigé à Zegangan, base d'instruction de l'ALN, près du Maroc espagnol (Nador). (3) Nourredine Djoudi, à propos de l'entraînement militaire de Mandela, confie à Slimane Zeghidour de " TV5 Monde ", le 21.06.2013: " Comme il passait assez peu de temps avec nous, pour la première fois, on lui a appris à manier des armes de guerre, les mines et leurs impacts sur les combattants. Ce n'était pas une formation en profondeur proprement dit, c'était une instruction générale qu'un futur dirigeant d'une armée se doit de connaître...Il sera hébergé au Maroc, dans une ferme d'orangers appartenant à un Algérien... ".

Ensuite, le seul défilé militaire auquel a assisté Mandela, à l'invitation de A. Ben Bella (4) , s'est déroulé après celui effectué à Rabat, aux côtés du Roi du Maroc Hassan II, le 28.03.1962, puis, ensuite à Oujda pour passer en revue les troupes de l'ALN, avec le colonel H. Boumediene et Rabah Bitat. D'ailleurs, même Claude Lanzmann, invité aussi par Ben Bella, était présent. Se confiant au journaliste Stéphane Bou, Lanzmann se souvient : " J'ai été invité à Rabat par Ben Bella quand il a pris le pouvoir (!). Il passait les troupes en revue, en leur disant: " Vous êtes notre sang. ". (5) En 1962, il voyagera avec un passeport éthiopien, sous la fausse identité de David Motsamamayi. En 03/1962, sa visite à Oujda (Maroc) a eu lieu une seule fois pour une visite au " FLN "-" ALN ". Et c'est là, son unique séjour aux côtés des Algériens de l'ALN, avant sa longue incarcération. Selon le site de " La Fondation Mandela ", on relève que : " Le 11.01.1962, sous le nom d'emprunt de David Motsamayi, Nelson Mandela quitte l'Afrique du Sud secrètement. Il fait une tournée africaine et visite l'Angleterre pour avoir du soutien pour la lutte armée. Il a reçu une formation militaire au Maroc (dans las camps de l'ALN) et en Ethiopie, puis, revient en Afrique du Sud en juillet 1962. Il fut arrêté à un barrage de police à l'extérieur de Howick, le 05.08.1962, alors qu'il revenait du Kwazulu-Natal où il s'est entretenu avec le président en chef dee l'ANC, Albert Luthuli, à propos de son voyage. ".

Ainsi, Mandela côtoiera très peu de temps l'armée algérienne au Maroc, contrairement aux affabulations de journalistes incultes ou formatés, adeptes du " copier-coller ". Entre le mois d'avril et juillet 1962, Mandela revenait vers l'Afrique du Sud, en passant par d'autres pays. Mandela est donc resté, tout au plus, trois semaines au Maroc. Il était donc au Mali, en avril 1962. Il séjournera au Grand Hôtel de Bamako. A cette occasion, le pan-Africain Modibo Keïta lui promet l'aide de l'Etat malien. Une certitude, Mandela n'a pas assisté à la crise de l'été 1962, lors de l'indépendance algérienne. Il n'a jamais mis les pieds sur le sol algérien avant 1990.

Arrêté le 05.08.1962 par un barrage de police à l'extérieur de Howick, alors qu'il revenait du KwaZulu-Natal après s'être entretenu avec le président en chef de l'ANC, Albert Luthuli, à propos de son voyage. (6) Le 07.11.1962, il est condamné à 5 ans pour avoir quitter le pays sans passeport. Il commence à purger sa peine à la prison locale de Pretoria: n° de prisonnier 19476/62. Le 27.05.1963, il est transféré à Robben Island. Le 12.06.1963, il est transféré à la prison locale de Pretoria: n° de prisonnier 11657/63. Ouverture du procès, le 09.10.1963. Lors du procès " Rivonia ", le 20.04.1964, il assure sa propre défense dont, ci-après, un extrait: " Ma tournée a été un succès. Partout où je suis allé, j'ai trouvé de la sympathie pour notre cause et des promesses d'aide. Toute l'Afrique était unie contre la posture d'une Afrique du Sud Blanche...En Afrique, il m'a été promis le soutien d'hommes tels que Julius Nyerere, président actuel du Tanganyika; M. Kawawa, alors Premier ministre du Tanganyika; l'Empereur Haile Sélassié d'Ethiopie, le Général Abboud, Président du Soudan; Habib Bourguiba, Président de la Tunisie; Ben Bella, Président de l'Algérie; Modibo Keïta, Président du Mali, Léopold Senghor, Président du Sénégak; Sékou Touré, Président de la Gunée; Président Tuman du Liberia et, Milton Oboté, Premier ministre d'Ouganda. ". (6)

Jusqu'à preuve du contraire, il n'existe aucun document dans lequel Mandela dit que " l'Algérie est sa seconde patrie "... Par contre, comme il le précise plus haut, il a été soutenu par beaucoup de pays africains. Nombreux sont les sites algériens et certaines presses qui fait dire que Mandela a déclaré, en 1990: " L'Algérie est ma seconde patrie ! ". Le 11.06.1964, il est coupable de sabotage. Le 12.06.1964, il est condamné à perpétuité. Le 13.06.1964, il est transféré à Robben Island. Le 31.03.1982, il est transféré à la prison de Pollsmoor: numéro de prisonnier: 220/82. Le 08.07.1985, depuis la prison de Pollsmoor, il adresse un courrier à son ami, Hida Bernstein, soulignant notamment que: " L'esprit revient vers cette année 62 quand j'écoutais les expériences des collègues de Ben Bella, cela était très instructif. Dans certaines de ces discussions, j'étais face à des jeunes, certains n'avaient pas la vingtaine, mais ils parlaient comme des vétérans et avec autorité sur des questions vitales sur lesquelles, et pour le moins qu'on puisse dire, je n'étais qu'un simple amateur. ". Le 12.08.1988, il est emmené à l'hôpital de Tygerberg où la tuberculose est diagnostiquée. Le 31.08.1988, il est transféré à Constantiaberg Mediclinic. Le 07.12.1988, il est transféré à la prison Victor Verster et porte le n° 1335-1988.

Libéré le 11.02.1990, il s'ensuit une période de transition de quatre ans avant les élections présidentielles. Le Gouvernement sud-africain de F.W. de Klerk et, le mouvement " ANC " vont négocier dans une période troublée. C'est, dans ce contexte que, la première visite de Mandela à l'étranger a lieu le 27.02.1990. L'Algérie avait mis à sa disposition un avion du " GLAM " pour sa tournée africaine. Il rencontre alors les dirigeants de l'ANC à Lusaka en Zambie. Puis, le 09.05.1990, il entame une tournée africaine dans six pays. Il quitte le Nigeria, puis il arrivera en Algérie le 16.05.1990, une semaine après le début de son périple. Ce 16.05.1990, contrairement aux ragots, Nelson Mandela déclarera à Alger: " C'est l'armée algérienne qui a fait de moi un homme... "; en anglais : " …Mandela said on arrival on Wednesday that it was the Algerian army that had made him a man. " et non pas " C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme. ". Le lendemain, le Président algérien, Chadli Benjedid lui remettra la plus haute distinction du pays, la médaille Wissam al-Athir A cette occasion, N. Mandela remerciera l'Algérie et d'autres pays arabes pour leur soutien à " la lutte du peuple africain contre l'apartheid. ". A l'occasion, il sera photographié à Alger, notamment devant le monument aux " martyrs " érigé à l'indépendance de l'Algérie, avec à ses côtés, le ministre algérien des Affaires étrangères, Sid Ahmed Ghozali. Le 18.05.1990, il est accueilli à Tripoli par Mouammar Kadhafi. Le 07.06.1990, il est reçu au siège du " PCF ", place du colonel Fabien, dans le XXème arrondissement de Paris, par un long discours de Georges Marchais, rappelant le soutien du " PCF " à Mandela. Prix Nobel de la Paix remis à Oslo, le 10.12.1993, en même temps que Frederik de Klerk. Le 02.09.1998, Mandela accueille à Durban, Fidel Castro, à l'occasion du 12ème sommet du Mouvement des pays non-alignés. Le 06.12.2013, le président algérien, A. Bouteflika, impotent, n'assistera pas aux funérailles de Mandela mais, il adressera un message de condoléances à son homologue, Jacob Zuma, dans lequel il note : " Pour avoir accompli la réconciliation entre les enfants de l'Afrique du Sud et apposé son empreinte sur le livre d'or du mouvement émancipateur de l'Afrique, Madiba restera à jamais dans la mémoire africaine...le peuple algérien n'oubliera jamais que pour Mandela, " l'Algérie est sa seconde patrie " comme il aimait à le répéter ". Jamais, Mandela n'a écrit ou dit que l'Algérie est sa seconde patrie !!! Dans le domaine de la réconciliation, Bouteflika, lui, ne restera pas dans la Mémoire des Algériens eux-mêmes, des premiers combattants " FLN-ALN " pour l'indépendance, des " disparus forcés " algériens post indépendance, des Kabyles, des Français d'Algérie, des juifs, des Harkis. Sûrement pas. Quant à N. Sarkozy et F. Hollande, présents aux obsèques de N. Mandela, est-il indispensable de leur rappeler que le " PCF " avait déposé des propositions de loi contre l'Apartheid et qui ne furent reprises, ni par le gouvernement de droite, avant 1981 ni par celui de gauche après cette date.. Est-il, tout aussi indispensable de rappeler le soutien financier de Ben Bella à Henri Curiel, communiste, lequel contribue à l'armement de l'ANC ! (*)

DELENCLOS Michel Henri Chercheur en histoire (avec son aimable autorisation)

(1). Vidéo (www.youtube.com/watch)
(2). (4) " C'est Ben Bella qui m'a invité à visiter à Oujda le quartier général de l'armée algérienne de libération nationale. "
http://7our.wordpress.com/2013/12:07/mandela
(afriquedusud.blog.lemonde.fr/2010/10/14/nelson-mandela).-("Fondation Nelson Mandela")-
(3). (Courrier manuscrit archivé au " Mandela Memory Center ").
(5). (Voir "Charlie-Hebdo" du 04.07.2007.)
(6). (Source: Fondation N. Mandela).
(*) Curiel Henri Daniel Messin (13.09.1914-04.05.1978) né au Caire, assassiné à Paris. Il trahira la France qui pourtant l'héberge, en communiquant les plans de l'intervention franco-anglaise à Suez. Pratique la collusion autant avec les gaullistes qu'avec les socialistes. Pro-FLN de tendance Ben Bella. Dans une lettre du 02.10.1977, Jean Lacouture, prenant sa défense, le qualifie de " marxiste orthodoxe ". Le 13.01.2006, A. Bouteflika lui attribue la " Médaille de reconnaissance " et, c'est son petit-fils, Alain Gresh, qui la recevra.

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Mis en ligne le 14 décembre 2013
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