Un sac de noeuds
Mais d'abord qu'est ce que le SAC ?
Créé le 15 décembre 1959. C'est une organisation du type " loi de 1901 ", déclarée à la Préfecture de police le 4 janvier 1960 (N°34511).
Porté sur les fonts baptismaux par l'inévitable Jacques Foccart, Roger Frey (ministre de l'Intérieur de 1961 à 1967), Jean Bozzi, Dominique Ponchardier, Paul Comiti, Alexandre Sanguinetti et Charles Pasqua (qui dément sa participation à la création du SAC). C'est un prolongement du service d'ordre du RPF (Rassemblement du Peuple Français) créé le 7 avril 1947 dont le responsable était Dominique Ponchardier.
L 'article 2 de ses statuts indique :
" Cette association a pour but de rassembler toutes les personnes, sans distinction d'opinion ou de race, désireuses de soutenir l'action du Général De Gaulle.
A cet effet, l'association mènera une action civique, culturelle et sociale, en dehors de toute action politique ".

Le premier Président était M Pierre Debizet qui se trouva en désaccord avec la politique algérienne de De Gaulle démissionnera en 1960.(1)

Avant même sa déclaration officielle, le SAC existait déjà en 1958 sous forme d'une association de fait regroupant principalement d'anciens membres du RPF.

Et à partir de 1958, comment ne s'intéresserait-il pas à la politique, lui qui se dit "farouche partisan du Général De Gaulle", alors que deux de ses amis les plus proches, Alexandre Sanguinetti et Jean Bozzi, vont se succéder au cabinet du ministre de l'intérieur Roger Frey ?

(Jacques Foccart, secrétaire général du R.P.F. en 1954 était conseiller de l'Union Française depuis le 10 juillet 1952).
Il devint président de la Commission de Politique Générale en 1954.
Roger Frey, secrétaire général des Républicains Sociaux depuis 1955, siégeait également à l'Assemblée de l'Union Française depuis 1952.
Jean Bozzi se trouvait dans l'administration préfectorale, Ponchardler était responsable du S.O (Service d'Ordre) du R.P.F. Sanguinetti dans les affaires (voir " Dossier S... comme Sanguinetti ", de Jean Montaldo, paru dans la même collection en 1973).
Quant à Charles Pasqua, Il était représentant de commerce de la société Ricard.

Dès 1958, Roger Frey, Alexandre Sanguinetti, Dominique Ponchardier et Charles Pasqua décident de lancer le S.A.C. dans la lutte contre le F.L.N. algérien dont la willaya métropolitaine accumulait les actes de terrorisme.
Dans l'esprit de ses artisans, la lutte contre le F.L.N. devait s'engager sur deux plans : infiltration et répression. Pour cette tâche, les gaullistes "purs et durs" sont à peine suffisants pour assurer l'encadrement des réseaux. Il faut donc faire appel à une "main-d'œuvre extérieure", c'est-à-dire recruter dans ce qu'il est convenu d'appeler le "milieu" par l'intermédiaire de truands partageant les mêmes amitiés politiques ou les mêmes intérêts.
L'appât est toujours le même, celui utilisé par les services spéciaux du monde entier : aux petites escarpes, aux jeunes truands aux dents longues, sont proposés un casier judiciaire vierge et des rentrées de fonds maximums dans un minimum de temps.
En contrepartie, on exige seulement d'avoir la gâchette ou la matraque facile, de ne point être trop torturé par sa conscience et d'obéir sans discuter aux ordres reçus. Le contrat est jugé intéressant par certains, à tel point même qu'ils deviennent eux-mêmes des agents recruteurs acharnés, n'hésitant pas à contacter en prison certains "clients" potentiels et à les en extraire si l'agrément est obtenu.

L'activité anti-F.L.N. du Service d'Action Civique ne dure guère en effet qu'une vingtaine de mois, à la suite desquels, la politique du pouvoir ayant changé, il faut lever de nouvelles troupes pour lutter contre une nouvelle subversion, en majorité européenne celle-là : I'O.A.S.
Les mêmes hommes, recrutés dans les mêmes bas-fonds, sont réutilisés et les fonds secrets permettent de vaincre bien des réticences.

C'est dans ce combat de l'ombre que s'illustrent le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roger Frey et ses collaborateurs officiels, comme Alexandre Sanguinetti, ou parallèles, mais tout aussi efficaces, comme Lucien Bitterlin (Animateur de l'Association France-pays Arabes et auteur de l'Histoire des Barbouzes, 1972) Dominique Ponchardier ou Paul Comiti.

Sans équivoque, Roger Frey, cet "aventurier, qui aurait un excellent tailleur", dirigea la lutte entreprise contre I'O.A.S., tant en Algérie qu'en métropole, avant d'assurer, au lendemain de l'indépendance algérienne, la couverture du S.A.C. dans toutes ses activités para-légales, et à l'occasion franchement criminelles.

Les porteurs de la carte tricolore du Service d'Action Civique bénéficieront toujours de la mansuétude de la place Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur, dont Frey fut le titulaire du 7 mai 1961 au 6 avril 1967).

Il est vrai que les truands, bien encadrés par des militants gaullistes dévoués, forment une police parallèle bien plus souple et bien plus efficace que la police officielle.

Le S.A.C. participe notamment en 1963 à l'enlèvement du colonel Argoud, à l'hôtel Eden-Wolf de Munich, à l'affaire Ben Barka et finalement au scandale Markovitch.

http://www.investigateur.info/news/articles/article_2004_01_19_barbou.htm

Le SAC a été dissout par une ordonnance du Conseil des Ministres, le 3 août 1982, à la suite de la tuerie d'Auriol. (Un des responsables de l’organisation, l’inspecteur Massié, sa femme, ses enfants et d’autres membres de sa famille ont été sauvagement massacrés par un commando du SAC.)

(1) Sur la fin de l'année 1960, il signe une lettre-circulaire à l'intention de ses compagnons du SAC les invitant à voter " non " au référendum sur l'autodétermination en Algérie.

Le fondateur du SAC demandera même à sa femme de jeter toutes ses cravates. Il n'en conservera que deux, toutes les deux noires. Et ne portera plus jamais de cravate que de cette couleur, en signe de deuil de l'Algérie française.
http://www.lexpress.fr/informations/la-saga-du-sac_590968.html

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Mis en ligne le 15 Juin 2005 - Modifié le 03 mars 2013

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