L'exode, l'installation et l'adaptation des Pieds-Noirs en Gironde (extrait)

" … on peut se demander quel contexte a poussé les Pieds-Noirs, contraints de quitter l'Algérie, à venir s'installer en Gironde… Depuis le mois d'avril et dès l'été 1962, les Pieds-Noirs se trouvèrent condamnés à l'exode. Ils reprirent définitivement le chemin de la métropole et un petit nombre d'entre eux choisirent de s'installer en Gironde. Ainsi, nous pouvons nous interroger quant aux conséquences de cet exode et aux raisons qui ont poussé les rapatriés à venir en Gironde. Cette étude qui a nécessité un travail sur les sources orales et écrites, et pour lesquelles vingt et une personnes ont été interrogées, a pour but de comprendre comment les événements ont été vécus par les Pieds-Noirs installés en Gironde, mais aussi de savoir si ce groupe de personnes présente des spécificités.

L'exil vers la région bordelaise

Au début du conflit, les Européens ne mesuraient pas l'importance du soulèvement, ne croyant pas qu'un jour il faudrait partir. 14 % des sondés avaient quitté l'Algérie avant l'indépendance. Dès 1956 les Français d'Algérie arrivaient en métropole. De 1960 à 1961, les arrivées en France se font de plus en plus nombreuses. La plus grosse partie des rapatriements se fait au cours de l'année et plus particulièrement de l'été 1962 : 57 % des individus consultés sont partis au cours de cette période. Ils étaient 700000 à avoir quitté l'Algérie pour la France au cours de cette seule année, alors que le gouvernement prévoyait l'arrivée de 400000 personnes sur quatre ans (1). 19 % des personnes de notre échantillon sont parties en 1963 à cause de la nationalisation de leurs biens et 10 % sont parties bien plus tard.

L'insécurité était la raison qui poussait le plus au départ. Elle a concerné 45 % des personnes interrogées. Au cours des entretiens se sont multipliés les récits de fermes pillées, de voisins égorgés : " La peur des enlèvements et des égorgements nous a poussés à partir : nous avions une propriété à Dellys en Kabylie, et nos voisins français avaient été égorgés " (entretien n° 17). Finalement 30 % des personnes sondées ont été dessaisies de leurs biens. D'abord, il y avait les personnes dont le patrimoine immobilier a été détruit ou saisi au cours de l'apogée de la guerre : " Mon père est allé un jour à la ferme et un ouvrier lui a dit de se sauver. Le soir, l'ouvrier était égorgé. La ferme a été complètement détruite " (entretien n°9). À ce moment, d'autres personnes ont subi un rançonnement qui les a contraintes à partir. D'un autre côté certains exploitants agricoles ont vu leurs terres confisquées par l'État algérien, en octobre 1963.

Pour voyager, il n'y avait que deux moyens de transport : l'avion ou le bateau. Les personnes interrogées ont choisi à parts égales une de ces deux solutions. 33 % des personnes questionnées avouent avoir voyagé dans des conditions spartiates, avec plusieurs jours d'attente avant l'embarquement et ont surtout ressenti beaucoup de mépris envers leurs difficultés. Certains avaient pu réserver leurs places mais pour la plus grosse partie des rapatriés il fallait attendre des heures, voire des jours avant d'avoir une place pour partir. Certains même dormaient dans leurs voitures pour être présents dès l'ouverture des aéroports. Les conditions de voyage étaient donc affreuses. Mais à la vue des entretiens, on constate que 77 % des personnes appartenant à notre échantillon n'ont pas connu de tels soucis. En effet, tout dépendait de la période au cours de laquelle ils quittaient l'Algérie, et du cadre dans lequel se faisait le départ. Seulement 33 % des rapatriés interrogés sont arrivés à Bordeaux même. Les arrivées étaient plutôt gérées par les villes du grand Sud : Toulouse (29 %), Marseille (14 %), Port-Vendres (10 %), Sète (5 %). Les statistiques indiquent que le flot des rapatriés est réparti sur le territoire français, mais cela s'appliquait mal à la réalité du rapatriement. Les rapatriés préféraient s'installer dans le sud de la France avec une attraction pour le littoral méditerranéen.

En 1963, l'INSEE établissait un premier bilan concernant l'installation des rapatriés en France : 60 % d'entre eux s'étaient regroupés dans la région parisienne et quelques départements du sud de la France. En 1967, la délégation régionale des rapatriés de Bordeaux comptabilisait 86000 Pieds-Noirs en Aquitaine dont 31429 en Gironde. 24000 rapatriés étaient répartis dans l'espace urbain bordelais (2). Cette présence s'explique par différents éléments. 38 % des personnes interrogées ont acheté des biens en région bordelaise avant l'indépendance. Les biens concernés étaient principalement des résidences secondaires ou des propriétés. Plusieurs rapatriés devant la conjoncture avaient pensé à leur reconversion. 72 % des personnes ayant acheté des biens avant l'indépendance étaient exploitants agricoles. 33 % des personnes interrogées se sont tournées vers la famille pour trouver un endroit où vivre en France. En effet, elle constituait un point d'ancrage et de refuge face à la désorientation que provoquait l'exode. Dans un territoire où ils avaient perdu tous leurs repères, il était plus évident de se soutenir. La partie de la famille déjà présente en métropole logeait les nouveaux arrivants, le temps de se retourner. 29 % sont arrivés en région bordelaise à cause de mutations les concernant ou concernant un proche. Dans le cas des fonctionnaires, les mutations étaient soumises à des règles spécifiques. Ainsi, l'ordonnance n° 62-611 du 30 mai 1962 complétée par l'ordonnance 62-798 du 16 septembre 1962 mettait en place les conditions de ces mutations. Mais les mutations n'ont pas concerné uniquement les fonctionnaires car des employés de grandes entreprises ont été mutés en France. Ces mutations étaient organisées par les entreprises elles-mêmes en vue de leurs besoins et de leurs capacités à absorber ce nouveau personnel. À titre d'exemple, de nombreuses personnes travaillant à l'A.I.A (Atelier Industriel de l'Air) de Maison-Blanche avaient été mutées à Bordeaux. Un de nos témoins (entretien n°3) parle de 400 employés de Maison-Blanche mutés. Refaire sa vie en région bordelaise. La question de l'assistance a été rapidement soulevée par l'État qui a mis en place plusieurs mesures dans le cadre de la loi du 26 décembre 1961. Ce texte prévoyait trois types de mesures citées dans l'article 1er : " Ces mesures consisteront à accorder aux rapatriés des prestations de retour, des prestations temporaires de subsistance, des prêts a taux réduit et des subventions d'installation et de reclassement, des facilités d'accès à la profession et d'admission dans les établissements scolaires, ainsi que des secours exceptionnels ".

À l'automne 1962, face à l'arrivée de 651000 rapatriés, est créé un ministère des Rapatriés. Au niveau départemental, la politique d'assistance était gérée par les préfets ou par les délégations régionales. Celles-ci étaient au nombre de cinq. Elles se trouvaient à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux et Toulouse. La délégation régionale de Bordeaux regroupait le Poitou-Charentes, le Limousin et l'Aquitaine. Le 30 mai, un décret autorisait les préfets à se substituer aux délégations régionales concernant l'attribution des prestations de retour et des allocations de subsistance (3). Les préfets devenaient responsables des rapatriés et devaient concentrer les disponibilités du département concernant l'emploi et le logement afin d'orienter les rapatriés à leur arrivée.

Ainsi, le 30 mai 1962, le préfet de la Gironde créa un comité d'accueil aux réfugiés. La plupart des Pieds-Noirs étaient complètement désorientés par ce départ et ils furent marqués par l'accueil des Girondins. 57 % disent avoir été mal accueillis. Parmi notre échantillon, de nombreuses personnes ont souffert de ce qu'elles ont qualifié comme des marques de mépris et d'indifférence. Malgré les mauvaises expériences, d'autres personnes ont vu des mains se tendre vers elles. Ces élans de solidarité pouvaient venir d'associations telles que la Croix-Rouge, très présente sur les lieux d'arrivée, ou d'individus qui bien souvent avaient été touchés par le conflit d'une façon ou d'une autre. Pour expliquer cet accueil mitigé, les Pieds-Noirs arguent d'une désinformation organisée par le général De Gaulle et les communistes, afin de servir leurs politiques de décolonisation : " À partir des années 1960, ça a été la totale désinformation ". Les Pieds-Noirs interrogés ont pensé que le général De Gaulle avait favorisé les mésententes entre métropolitains et rapatriés. Les Pieds-Noirs attribuent cette attitude à une rancœur liée à la situation en Algérie en 1942 : les Pieds-Noirs étaient plutôt pétainistes, ou soutenaient davantage le général Giraud qui partagea, à partir de juin 1943 avec De Gaulle, la présidence du Comité de libération nationale.

Les rapatriés furent aussi confrontés au problème du logement. La France de l'après-guerre connaissait une grave crise du logement. En 1954, on évaluait à 50000 environ, le nombre de logements nécessaires pour vaincre le surpeuplement (5). La construction de la Cité du Grand Parc débuta en 1957, et fut menée à terme par l'office HLM et la Société bordelaise d'urbanisation mixte et de construction. Cette cité permit de loger 25000 habitants. C'est un véritable quartier qui fut créé avec des implantations administratives et sociales, ainsi que des équipements culturels et religieux.

L'arrivée des rapatriés en métropole a augmenté de 300000 le nombre de demandes (6). Le gouvernement lança d'abord des programmes de construction puis, pour aller au plus urgent, utilisa la méthode de l'hébergement collectif. Au total, plus de 45000 personnes furent logées dans ces conditions de juillet à septembre 1962. Parallèlement, l'État s'engagea dans une politique sur une plus longue durée. Cette politique passait par différents points : le lancement de programmes spéciaux de construction pour les rapatriés, l'institution de mesures administratives et financières, réservations et prêts complémentaires, l'utilisation au maximum des ressources du patrimoine immobilier existant, l'adoption de règles équitables pour l'attribution de logements mis à la disposition des rapatriés. Le programme de construction de logements sociaux a permis, au final, la construction de 35333 appartements. Mais ce programme était mal adapté à la répartition des rapatriés sur le sol français. Il s'est formé des concentrations de rapatriés dans les banlieues, comme à Bordeaux, avec la cité du Grand Parc.

Au niveau financier et administratif, le gouvernement a mis en place des prêts complémentaires pour l'accession à la propriété pour les rapatriés et pour les constructeurs de logements destinés aux rapatriés. Au printemps 1963, le prêt complémentaire pour l'accession à la propriété fut majoré d'un supplément géographique et familial (7). Le prêt complémentaire à l'accession à la propriété n'a touché que 29978 familles. L'État a aussi incité le secteur locatif privé par diverses prestations, mais ce fut un échec, car la plupart des logements construits sous cette impulsion furent occupés par des métropolitains. À l'été 1962 fut instaurée une aide spéciale à la rénovation de l'habitat : un prêt de 10000 F était accordé avec 2,5 % d'intérêts et deux ans de différé d'amortissements pendant cinq ans et une allocation non remboursable de 7500 F. Cette aide fut accordée dans 67 % des cas à des rapatriés propriétaires, dans 13 % des cas à des rapatriés locataires et dans 20 % des cas à des métropolitains. Cette aide eut des effets positifs dans le Sud-Ouest puisque 3000 logements ont été rénovés en Haute-Garonne et en Gironde. La grande majorité des rapatriés vivait dans des résidences neuves, alors que seulement 13,6 % des métropolitains étaient dans la même situation en 1974 (9).

Dans les espaces ruraux, ils habitaient plus souvent que les métropolitains dans des habitations postérieures à 1962 : 22,6 % contre 7,6 %. Il faut noter dans la région qui nous concerne l'importance de la rénovation d'anciens habitats qui correspondaient le mieux aux besoins de la région bordelaise. Malgré les structures mises en place, les Pieds-Noirs semblent avoir été mal informés quant aux possibilités qui leur étaient offertes. En effet, ils font peu référence aux prestations, et aux politiques mises en place par l'État bien qu'ils en aient pour la plupart bénéficié. Il a permis à 38 % des personnes sondées de trouver leur logement.

Ces personnes étaient pour la plupart regroupées en famille. Le bouche à oreille a permis de créer des réseaux par les premiers arrivants de la famille, permettant à chacun de trouver sa propre maison. Les personnes relogées par le biais de leurs emplois représentent 15 % des personnes interrogées. Il s'agit essentiellement de fonctionnaires car l'administration se devait de reloger ses membres. Ils ont été relogés pour la plupart dans des HLM qui leur étaient réservées. 9 % des personnes questionnées ont entrepris des recherches personnelles afin de trouver un logement. Nous entendons par recherches personnelles, celles qui ont été faites par le biais de petites annonces ou d'agences immobilières. Au niveau de l'emploi, l'État devait faire face à l'arrivée de nouveaux actifs et a pris diverses mesures pour les reclasser au sein de la population active métropolitaine. D'après le service central des rapatriés, 85000 fonctionnaires ont été rapatriés, dont 53000 titulaires et 20000 agents de service (10). Au début de l'année 1963, il restait aux alentours de 73000 demandeurs d'emplois rapatriés (11). L'opération priorité à l'emploi fut déclenchée par le décret du 2 mars 1963: son but était de diffuser une information complète sur le marché du travail. Elle aboutit à la création de la première bourse nationale de l'emploi à Marseille. Malgré ces efforts, cette opération n'eut pas le succès escompté puisque 200000 personnes ont dû se reclasser par leurs propres moyens (12).

Les rapatriés non salariés devaient bénéficier d'une aide gouvernementale afin de faciliter leur reclassement en métropole, fixée par le décret du 10 mars 1962. Cette aide était caractérisée par l'inscription sur des listes professionnelles, ainsi que diverses subventions de reclassement, doublées d'un capital de reconversion (13). Pour être inscrit sur les listes professionnelles, il fallait justifier de trois ans d'activité outre-mer en tant que travailleur non-salarié. Une fois inscrit, le rapatrié devait présenter un projet de réinstallation au préfet, qui le transmettait à la commission économique centrale. Cette commission avait pour rôle de contrôler l'équilibre et le bien-fondé de ces projets, afin d'accorder les aides requises (14). Face au nombre important d'inscriptions sur les listes professionnelles, le gouvernement a décidé d'orienter certains rapatriés vers une reconversion dans le salariat. Pour favoriser la mise en place de ce système, l'État proposait aux entreprises un contrat de réadaptation renouvelable au bout de six mois, et les travailleurs indépendants optant pour la reconversion touchaient un capital de reconversion de 25000 F payable en trois tranches (15). Concernant le reclassement dans le commerce, l'industrie et les professions libérales, un prêt de reclassement était attribué, avec un taux d'intérêt de 3 % l'an pour une durée qui ne pouvait dépasser 18 ans. 18000 agriculteurs étaient venus d'Algérie et espéraient un reclassement. L'arrêté du 8 juin 1962 a défini les avantages auxquels ils pouvaient prétendre : pour une installation individuelle sur une exploitation, ils pouvaient bénéficier de prêts à long terme à 2 % d'un montant de 170000 F avec une durée de remboursement de 30 ans, ainsi que de prêts à moyen terme pour l'équipement et la mise en valeur de l'exploitation au taux de 3 % remboursables en 5 ou 15 ans. Il fallait y ajouter une subvention de reclassement avec un plafond de 30000 F (16). Pour une installation sur un lot SAFER (Société d'Aménagement Foncier d'Établissement Rural) ou SAR (Société d'Aménagement Rural), ils bénéficiaient d'un prêt à long terme à 3 % d'un montant de 200000 F remboursable en 30 années, ainsi que d'une subvention de reclassement plafonnée à 30000 F, à condition d'être inscrits sur les listes professionnelles agricoles et d'avoir la qualité de migrant (17). Les agriculteurs avaient raison de se diriger vers l'Aquitaine, considérée comme zone d'immigration et ils pouvaient y bénéficier d'aides supplémentaires. (voir notre dossier "Indemnisation" ndlr)

Parmi notre échantillon, toutes prestations confondues, nous avons 19 % des rapatriés interrogés qui ont touché des allocations de subsistance; 19 % qui ont eu recours à un prêt de reclassement pour les secteurs non agricoles ; 14 % qui ont bénéficié d'un prêt pour jeunes agriculteurs et 5 % qui ont touché une prime de déménagement. 33 % n'y ont pas eu droit, ou n'ont pas voulu recevoir d'aides provenant de l'État par crainte de ne pouvoir assumer des dettes supplémentaires. Face aux difficultés que rencontraient les rapatriés, l'État a préféré mener une politique d'étalement des dettes, caractérisée par diverses mesures, prises entre le 1er novembre 1967 et le 26 juillet 1973. Le moratoire des dettes du 6 novembre 1969 a permis de libérer en partie les rapatriés en levant certaines hypothèques. Une commission nationale des prêts de reclassement a été créée le 8 juillet 1975. Elle gérait l'allongement des prêts, la réduction des taux d'intérêts et la remise des sommes restantes dues. Cependant dès le 8 juillet 1976, la commission n'a plus fonctionné, donc aucun allégement supplémentaire ne pouvait être accordé. Les agriculteurs rapatriés ayant pris conscience de la situation tentèrent de vendre leurs exploitations qui n'étaient plus hypothéquées. Des évaluations ont été menées en 1975 dans le Sud-Ouest, et elles indiquaient que parmi les agriculteurs 30 % étaient en mesure de régler leurs dettes, 50 % possédaient une exploitation viable mais ne pouvaient rembourser leurs prêts et 20 % des exploitations étaient condamnées (18). Pour retrouver un emploi, notre échantillon a utilisé les mêmes systèmes que pour retrouver un logement.

En Gironde, pour l'année 1963, on avait 618 offres d'emplois pour 2748 demandes de rapatriés. Le Sud-Ouest était plutôt caractérisé par un taux d'actifs rapatriés important dans le secteur primaire. Les Pieds-Noirs choisissaient essentiellement des emplois dans les secteurs primaires et tertiaires, tendance qui se retrouve dans notre échantillon. Le problème principal au niveau de l'emploi restait la distorsion entre les besoins de la métropole et la structure socioprofessionnelle des rapatriés. Ils étaient majoritairement employés ou cadres, alors que la France recherchait des techniciens, des ouvriers qualifiés et des manœuvres. De plus, ils étaient pour la plupart démunis de capitaux : 52 % des personnes interrogées n'avaient pas de capitaux lors de leur arrivée en France. À la fois avantage et désavantage, les rapatriés possédaient un niveau d'étude supérieur aux métropolitains: sur 100 actifs, 13 avaient le BEPC contre 6 en métropole; et 12 avaient le baccalauréat contre 7 en France (19). Cela constituait un avantage dans le sens où il est plus facile pour une personne qualifiée de trouver du travail, mais aussi une faiblesse puisque cela aboutit à un déclassement. Le premier atout de cette population fut sa grande jeunesse: 30 % des Pieds-Noirs ont moins de quinze ans (20). Dans l'agriculture du Sud-Ouest, plus de 52,7 % des actifs réinstallés comme agriculteurs ont entre 25 et 45 ans, contre 26,2 % chez les métropolitains (21). Cette population a apporté beaucoup de dynamisme et de renouvellement. Le rôle des Pieds-Noirs au sein de l'agriculture du Sud-Ouest est considérable et mérite d'être plus détaillé. D'après Pierre Baillet, la réinsertion des agriculteurs a bénéficié des nouvelles structures agricoles mises en place (22).

Ainsi, le Fonds d'Action Sociale pour l'Aménagement des Structures Agricoles (FASASA), créé en 1962, avait pour mission de pallier les répercussions de l'exode rural et des mouvements de population. Il a divisé le territoire en zones de " départs " et d'" accueil ". En zone d'accueil, le rapatrié était un " migrant rural " et pouvait recevoir un prêt à long terme de 170000 F à 2 % avec un différé d'amortissements de cinq ans ou de 200 000 F à 3 % remboursable sur trente ans. La Gironde appartenait à ces dernières, ce qui signifiait des aides supplémentaires pour les agriculteurs. Ainsi d'après Pierre Baillet, 497 agriculteurs ont reçu des prêts spéciaux en Gironde, jusqu'en 1972. De plus, les SAFER furent installées le 5 septembre 1960 permettant la création de nouvelles propriétés et l'augmentation de superficie de celles déjà existantes. La loi du 8 août 1962 mettait en place les groupements agricoles d'exploitation en commun (GAEC), ce qui comprenait la gestion du matériel commun, jusqu'à l'union de plusieurs exploitations. Les installations collectives dans le cadre d'aménagements régionaux ont souvent été des succès, telles que celles créées par la compagnie d'Aménagement des Landes, ou la Compagnie des Coteaux de Gascogne qui ont eu un réel impact en région bordelaise. Ces achats représentaient de vrais paris qui supposaient des calculs de rentabilité précis. Or, ce n'était pas le cas car les plans de financement étaient faussés par des déclarations du prix d'achat révisées à la baisse, et d'un apport personnel fictif. La moindre calamité climatique pouvait entraîner un grave échec, ce qui était plutôt courant dans le Sud-Ouest. 40 % des agriculteurs étaient pris au piège de l'endettement (23). Au final, il y avait des décalages entre les agriculteurs ayant réussi et ceux qui étaient écrasés par l'endettement. Cet échec peut être lié à deux causes : les agriculteurs rapatriés n'étaient pas habitués au mode de culture métropolitain, et les prêts ont été utilisés dans les locaux, et pas toujours dans l'exploitation elle-même. Sur le plan technique et économique l'apport des agriculteurs rapatriés était lié à leur dynamisme. Néanmoins, tous les progrès ne doivent pas leur être attribués. Ils ont eu un souci continuel de perfectionnement et de rentabilité. L'utilisation de méthodes nouvelles dans l'agriculture du Sud-Ouest coïncida avec l'arrivée des rapatriés. Ils ont modifié l'écartement des vignes, permettant l'emploi de tracteurs. Cette diminution de productivité a été compensée par deux innovations : la vigne est montée sur 5 ou 6 fils, atteignant 2 m de haut, favorisant l'ensoleillement et facilitant la taille (24). Ils tentèrent de gagner de la terre : dans le Sud-Ouest, la surface moyenne des exploitations des rapatriés était de 33,2 ha contre 17,3 ha pour les autochtones (25).

Quarante ans après peut-on parler d'intégration ? Lorsqu'on pose aux Pieds-Noirs la question " Vous sentez-vous intégrés ? " les réponses indiquent diverses tendances. Certes 48 % des personnes interrogées se sentent intégrées, certaines occupent même des fonctions à responsabilités dans leurs communes d'accueil. D'un autre côté 29 % des gens interrogés pensent être intégrés, tout en avouant subir des réflexions qui, pour eux, quarante ans après n'ont plus lieu d'être. Finalement 23 % revendiquent le fait de ne pas être intégrés : " Je connais du monde, mais je n'ai pas beaucoup d'amis, je vis renfermé sur moi-même. Quand je discute avec des gens, je sens de l'animosité quant à l'image de colons. [...]. Je ne me sens pas intégré " (entretien n° 6). Ces sentiments traduisent la difficulté qu'ont encore les Pieds-Noirs à établir des liens avec les autochtones. En effet, ils ont l'impression de ressentir une gêne, lorsqu'ils dévoilent leurs origines. D'autres préfèrent même éluder la question, comme s'ils avaient peur d'ouvrir une boîte de Pandore. Les Pieds-Noirs ont des choses à dire sur les Girondins. Celui-ci est d'abord " froid ". On lui reproche une certaine arrogance. De plus, il aime prévoir les rencontres, ce qui va à l'encontre de la " culture pied-noire " très conviviale. Finalement, le viticulteur bordelais n'est pas prêteur : il reste replié sur son exploitation et n'est pas tenté par le travail en collaboration : " Le viticulteur girondin est très indépendant. Il rejette toute collaboration. Il est très fermé, très dur, même s'il vit dans des conditions difficiles " (entretien n° 15). Ces clichés sont encore empreints de cette rancœur dirigée contre les hommes politiques français, et surtout le général De Gaulle, mais aussi contre l'attitude des Français à leur arrivée. Les Français et a fortiori les Girondins ont eux aussi une idée bien définie des Pieds-Noirs. Tout d'abord, " le Pied-Noir " possède une grande force de travail et du dynamisme. De plus, les Girondins assimilent les Pieds-Noirs à l'anticonformisme et l'originalité. Certes, ces aspects-là sont plutôt positifs. Mais il existe encore un gros amalgame, qui consiste à assimiler les Pieds-Noirs à de gros colons, " ayant fait suer le burnous " (26).

Les relations alambiquées entre les Pieds-Noirs et les habitants de la région bordelaise conduisent ces derniers à penser qu'ils forment une minorité. En effet, à cette question, 57 % répondent oui, ils constituent une minorité. Tout d'abord, face aux problèmes administratifs : les archives administratives concernant les Pieds-Noirs se trouvent à Nantes et chaque demande se voit fortement ralentie. Cette situation amène les Pieds-Noirs à penser qu'ils sont des citoyens de " seconde zone ". Cette perception est aggravée par le problème rencontré avec l'immatriculation sociale. Les rapatriés d'Algérie, qui ne pouvaient apporter la preuve d'être nés avant le 3 juillet 1962 dans les départements d'Alger, d'Oran, de Constantine, ou des Territoires du Sud, se sont vus attribuer le numéro 99 désignant toutes personnes nées hors de France. Pour les rapatriés ce numéro constituait une mesure discriminatoire. Les Pieds-Noirs ont le sentiment, par ce numéro, de ne plus être français. Après de fortes réclamations, une circulaire a été diffusée, publiée au Journal Officiel le 1er octobre 1996. De plus, ils se sentent encore marginalisés par l'exclusion qui vient des mots. En effet, aujourd'hui encore on prête attention à leur accent et on les désigne comme s'ils n'étaient pas Français : dans l'entretien n° 16, on a traité de la sorte la personne interrogée " Vous êtes des rastaquouères, des renégats ". On peut se demander si les Pieds-Noirs ont reconstitué une communauté en Gironde. Le terme communauté évoque l'idée d'un espace physique ou social restreint dans lequel se développent des liens d'interconnaissance, l'acceptation des règles de conduite et d'un sentiment d'appartenance (27). Des valeurs communes se retrouvent dans l'importance donnée à la famille, le respect de la France et de la religion. 67 % des personnes interrogées ont la majorité de leurs amis qui sont rapatriés. En effet, lorsqu'ils se retrouvent, ils peuvent partager ces valeurs et souvenirs communs. Cependant, ils ont tous des amis métropolitains, mais certains avouent qu'avec eux leurs relations sont différentes. Il existe un réseau de solidarité entre Pieds-Noirs. Lorsqu'ils se sont établis en région bordelaise les Pieds-Noirs se sont serrés les coudes. Ainsi, lorsqu'ils rencontrent des Pieds-Noirs ou des enfants de Pieds-Noirs, ils s'intéressent systématiquement à leurs origines, ce qui leur permet d'agrandir leur réseau de relations et d'entraide. La preuve de cette solidarité se retrouve dans le monde du travail, où l'on a plus facilement recours à la coopération entre Pieds-Noirs : " Entre agriculteurs rapatriés, on se passera plus facilement le matériel " (entretien n° 15). Ce réseau pousse certains Pieds-Noirs à ne pas rechercher le contact social avec les autochtones. Ceci a pour conséquence une " auto exclusion " de leur environnement, ce qui n'arrange pas les relations déjà houleuses qu'ils entretiennent avec les Girondins.

Dès leur arrivée en France, les Pieds-Noirs ont eu besoin de créer des associations notamment pour s'entraider, mais aussi par la suite, pour reconstruire leur mémoire collective. Les principales revendications des associations sont d'ordre moral, et elles souhaitent réhabiliter les Pieds-Noirs et harkis face à l'opinion publique métropolitaine. Le réseau associatif est dense, mais on peut distinguer différents courants. Des associations de " revendications " qui ont fait de l'indemnisation leur cheval de bataille : la première association de ce type est l'A.N.F.A.N.O.M.A (Association Nationale des Français d'Afrique du Nord et d'Outre-mer) créée en 1956. Les amicales apparaissent dans les années 1970. Elles répondent au besoin de se retrouver, de partager du temps ensemble et de retrouver des amis éloignés. Certaines ont des critères géographiques comme par exemple les Anciens de Philippeville, ou les Anciens du Constantinois, dans le cadre de la Gironde. Des associations à vocation culturelle : elles entendent préserver la culture pied-noire et mettent en avant l'œuvre française en Algérie avant l'indépendance comme c'est le cas du Cercle algérianiste. Ainsi, le Cercle algérianiste de Bordeaux a été créé en 1977. Il compte au 1er mars 2004, 347 adhérents. La moyenne d'âge de ses adhérents est de 62 ans. Parmi ses membres, 45 % sont Algérois d'origine, et 35 % viennent de l'Oranie. Cette association est aussi ouverte aux autres rapatriés d'Afrique du Nord qui constituent 5 % des adhérents. L'association interpelle aussi les pouvoirs publics sur des débats participant à la constitution d'une histoire de la guerre d'Algérie. Les associations constituent " un instrument identificatoire, permettant à la communauté disloquée de se reconnaître et d'être reconnue " (Joëlle Hureau) (28).
Elles fédèrent, rassemblent et forment une voix commune pour tous les rapatriés. Les associations craignent l'oubli de la jeune génération car la relève n'est que difficilement assurée : ainsi, les 16 administrateurs du Cercle algérianiste de Bordeaux sont tous retraités.

Or, le rapport des Pieds-Noirs à l'histoire est très complexe. Ils recherchent ce que Joëlle Hureau appelle " le droit à l'histoire " (29). C'est pour cela que la plupart reconstruisent leur histoire par la généalogie, la reconstitution de l'histoire d'une ville... Ainsi, parmi les 21 personnes interviewées, 4 ont réalisé des arbres généalogiques, et 2 personnes écrivent leurs mémoires. Ces attitudes permettent aux individus de porter un autre regard, plus honorable et conventionnel sur leur passé. Par conséquent pour éviter l'amnésie de cette histoire mal connue, ils profitent de chaque occasion pour y faire référence, provoquant une saturation chez leurs enfants, plutôt tournés vers l'avenir. En effet, parmi les personnes questionnées, 57 % reconnaissent que cet exil a eu des conséquences sur le comportement de leurs enfants. Certains ont été traumatisés pendant les années qui ont suivi l'exode. On constate que dans une famille où il y a plusieurs enfants, ceux qui ne sont pas nés en Algérie s'intéressent davantage au vécu de leurs parents. 43 % des enfants des personnes interrogées ne s'attachent pas à ce cataclysme familial, ce que l'on peut interpréter comme une sorte de refoulement. Ils invoquent l'avenir qui est plus important, ou le simple fait qu'ils ne veulent plus entendre cette souffrance car elle les gêne : " Ma fille n'aime pas que je lui raconte mon histoire, elle dit que ça lui donne la déprime " (entretien n° 10). Certains ont pu souffrir d'une mise à l'écart à l'école, qui ne venait pas tant de leurs petits camarades, mais des parents de ceux-ci. Contrairement à leurs aînés, le processus d'intégration des enfants de Pieds-Noirs s'est fait de façon accélérée, ce qui laisse présager un endettement de la communauté pour les années à venir. Or une communauté n'existe que si elle se pérennise. Les descendants sont entrés dans la phase d'assimilation. Ce terme sociologique définit l'adoption et la fusion dans un tout culturel cohérent gardant les caractéristiques essentielles de la culture traditionnelle, d'éléments empruntés à une autre culture. C'est au sein même de ce terme que naît le malaise que ressentent les enfants de rapatriés. Ils doivent jongler avec ces deux facettes de leurs personnalités. Contrairement à leurs parents, les enfants de Pieds-Noirs ne recherchent pas forcément la compagnie d'autres enfants de rapatriés : d'après les personnes interrogées 48 % de leurs enfants ont très peu ou pas d'amis Pieds-Noirs, ceux qu'ils fréquentent étant pour la plupart les enfants des amis de leurs parents. Pour eux la construction d'un réseau d'amitiés pied-noir n'est pas essentielle car leur vie se construit en métropole. Cette décomposition peut être observée par l'endogamie au sein de la communauté. L'endogamie est le fait de contracter une alliance avec une personne issue du même milieu social. Parmi les 21 personnes interrogées, on trouve seulement 14 % des cas où des enfants de Pieds-Noirs ont épousé d'autres enfants de Pieds-Noirs. Il reste un espoir cependant : les petits-enfants témoignent un grand intérêt dès leur plus jeune âge au passé de leurs grands-parents. Ceci s'explique peut-être par le poids d'une mémoire occultée, qui ne pèse plus sur les plus jeunes. De plus, les histoires de leurs grands-parents suscitent chez eux une sorte de " fantasme exotique ", avec des récits racontant un monde qui n'existe plus. L'exode a été à la fois cause de dislocation et de renforcement de la communauté pied-noire. La preuve de ce paradoxe réside dans l'emploi du mot " Pieds-Noirs " lui-même, qui n'est devenu systématique qu'après 1962. Certains étaient conscients de l'issue de ce conflit. Pour se préparer au pire, certains avaient acheté des maisons ou des propriétés en Gironde car elles présentaient des avantages pratiques.

La détresse des Européens s'est décuplée au cours du rapatriement. Celui-ci avait été très mal géré, leur donnant injustement le sentiment d'être abandonnés. Une fois en France, les uns ont regagné leurs maisons, tandis que les autres se sont serré les coudes. Pour tous, la Gironde représentait un bon compromis : elle n'était pas trop éloignée de la Méditerranée et de son mode de vie, tout en évitant les contraintes liées à la trop grande concentration de rapatriés. Au-delà de la misère, ce qui a été le plus difficile à assumer fut l'accueil des métropolitains. Ceux-ci étaient indifférents pour la plupart, aux problèmes des Pieds-Noirs. Ils s'étaient désolidarisés de leurs compatriotes d'Algérie car ils voyaient en eux le principal obstacle à la paix. La réussite de leur réinsertion est due à leur dynamisme. Beaucoup ont interprété ce combat économique comme une revanche sur le sort et les métropolitains. Ils ont eu une influence indéniable sur l'agriculture du Sud-Ouest qu'ils ont en partie revivifiée.

Le bilan de l'intégration pourrait se résumer ainsi : il semblerait que quarante ans après les griefs réciproques n'aient pas été pardonnés. Chacun des deux groupes dessine aisément une caricature de l'autre, sans que les fossés aient été franchis. L'aspect communautaire qui domine les liens entre rapatriés a contribué à cette semi-exclusion. La volonté de s'affirmer en tant que communauté n'est pas reprise par les jeunes générations qui entendent se détacher d'un passé presque " honteux ". Ces dernières ont du mal à assumer cette double identité. Cela reste lié au rapport douloureux qu'entretiennent les Pieds-Noirs avec l'histoire. Pour les jeunes, ces valeurs et ces attitudes sont liées au passé, alors qu'ils se veulent résolument tournés vers l'avenir. Ils souffrent de l'amnésie qui a touché la guerre d'Algérie pendant leur jeunesse. Les petits-enfants des rapatriés sont plus intéressés car ils connaissent mieux la guerre qui, la plupart du temps, leur est enseignée sans censure. La situation chez les jeunes générations semble critique, ce qui pousse les associations et les anciens à réagir en développant une littérature du souvenir, qui construit leur histoire de l'Algérie française.
Laure Maurice

Descendante de Pieds-Noirs venus de l'Oranie par sa branche maternelle, elle poursuit des études d'histoire à Montpellier jusqu'en master 2 d'histoire militaire.
Mémoire intitulé " L'exode, l'installation et l'adaptation des Pieds-Noirs en Gironde ". Lors de la réunion publique de Marseille en novembre 2005, le 1er prix universitaire " Jeune Algérianiste " 2005 a été attribué à Laure Maurice pour son mémoire de maîtrise d'histoire (université Paul-Valéry, Montpellier).

http://cagrenoble.fr/reinstallation/reinstallation%20pieds%20noirs.html

1 - Jordi (Jean-Jacques), Marseille et le choc des décolonisations: les rapatriements 1954-196i, Edisud, Aix-en-Provence, 1996, 222 p.
2 - Lajugie (Joseph), Bordeaux au XXe siècle, Fédération historique du Sud-Ouest, Bordeaux, 1972, 747 p.
3 - Mercier (Cécile), Les Pieds-Noirs et l'exode de 1962 à travers la presse française, L'Harmattan, Paris, 2003, 247 p.
4 - Idem, p. 34.
5 - Idem, p. 40.
6 - Baillet (Pierre), Les rapatriés d'Algérie en France, Notes et études documentaires, n° 4276,1976, 77 p.
7 - Service central des rapatriés, Bilan de l'exécution de la loi du 26 décembre 1961, Service central des rapatriés, Agen, mai 1996.
8 - Idem, p. 40.
9 - Idem, p. 40.
10 - Service central des rapatriés, op. cit., p. 21.
11 - Idem, p. 21.
12 - Idem, p. 40. 13 - Idem, p. 40.
13 - Idem, p. 40.
14 - Idem, p. 40.
15 - Idem, p. 40.
16 - Service central des rapatriés, op. cit., p. 21.
18 - Idem, p. 40.
19 - Idem, p. 40.
20 - Idem, p. 40.
21 - Idem, p. 40.
22 - Idem, p. 40.
23 - Idem, p. 40.
24 - Baillet (Pierre), op. cit., p. 40.
25 - Idem, p. 40.
26 - Burnous : habit typique des Arabes.
27 - Gele (Françoise), Perrin (Michel), Dictionnaire des sciences humaines, Nathan, Paris, 1990, 380 p.
28 - Hureau Joëlle), La mémoire des Pieds-Noirs de 1830 à nos jours, O. Orban, Paris, 1987, 276 p.
29 - Hureau (Joëlle), op. cit., p. 106.

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Mis en ligne le 06 juin 2012

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