Pour étayer leur point de vue, ils accumulent les références à un passé proche qui a vu l'arrivée de vagues successives d'étrangers, souvent encouragées par un grand patronat avide de main d'œuvre bon marché et corvéable à merci.
Et comme si la réalité n'était pas suffisante, ils y incorporent les Pieds-Noirs sans se priver de faire un amalgame douteux.
Nous précisons encore une fois, que les Pieds-Noirs étaient français à leur arrivée en France (même " les juifs du Maghreb " comme les Antillais) ; qu'ils quittaient un territoire français que leur nation avait abandonné ; qu'ils étaient spoliés et menacés dans leur intégrité physique et qu'ils furent considérés comme rapatriés même si le terme est impropre.
Nous pouvons rappeler que les sympathies qui s'étalent aujourd'hui parfois avec un soupçon d'hypocrisie en faveur des nouveaux venus, étaient des plus rares en 1962 et que certains de nos " compatriotes " voulaient nous jeter à la mer parce que nous venions " manger le pain des français ".
Et puisqu'en ces temps étranges, il faut se justifier et s'excuser par avance sous peine de passer sous les fourches caudines des gendarmes de la liberté d'expression, je redis que le fait de refuser le statut d'immigré, n'implique pas de mépriser ceux qui cherchent un monde meilleur. Si je l'étais, je le dirai et je n'en aurais pas honte. Voici donc quelques extraits glanés ça et là. La place et le temps manqueraient ici pour les énumérer tous.
" …Mais après la Seconde Guerre mondiale, parfois un peu avant, sont arrivés de notre empire colonial des migrants qui étaient parfois déjà français; d'abord d'Algérie jusqu'en 1962 mais aussi à partir des années 1950, d'outre-mer, des Antilles ou de La Réunion… " " … Ces migrants, quand ils sont arrivés sur le territoire métropolitain, ils croyaient que la France, ils connaissaient, puisqu'ils connaissaient notre langue et parfois étaient même français. " " Les exodes, parfois massifs, au 20ème siècle, en France, d'Italiens, de Polonais, d'Espagnols fuyant Franco (un demi million), de Juifs persécutés par les nazis, d'Algériens, de rapatriés d'Afrique du Nord en 1962 (plus d'un million), de réfugiés du Sud Est-Asiatique… et aujourd'hui de réfugiés du Moyen Orient, ne peuvent évidemment pas être assimilés à une invasion. " " … en 1980 nous avons recueilli 120.00 Indochinois qui se noyaient en mer de Chine et nous avions recueilli auparavant 1 million de Pieds-noirs, les innombrables réfugiés du monde communiste, les centaines de milliers de réfugiés républicains espagnols et les juifs fuyants le nazisme. " " L'élu a rappelé que la France avait accueilli 10 000 Hongrois, après la reprise en main du pays par les Soviétiques en 1956, puis 170 000 boat-people fuyant le Vietnam dans les années 70. Sans oublier un million de pieds-noirs. " " … Près de 1,2 million de Pieds-Noirs et de Harkis, brutalement déracinés en 1962 par la décolonisation sanglante du Maghreb n'avaient pas été accueillis en France à bras ouverts, mais leurs descendants n'en sont pas moins devenus d'excellents français. " " Est-ce que quand le million de Français qui vivaient en Algérie et qui ne connaissaient pas la France est arrivé dans notre pays - je le sais, j'habite Libourne et dans la région de Bordeaux il y a eu beaucoup de rapatriés - est-ce que ça a changé ? Est-ce que ça a désagrégé la situation de la France ? Vous me direz " ah oui, mais ce n'étaient pas des musulmans, ce n'étaient pas des gens qui pourraient nous envahir. Il n'y avait pas le chômage qu'on connaît aujourd'hui… " " Dans le même temps, Marseille a continué d'accueillir des gens de partout: juifs, Arméniens, Espagnols, Italiens, pieds-noirs, Maghrébins, Comoriens, et maintenant cadres supérieurs venant de France et d'ailleurs… " " À Marseille et à Paris, dans ma jeunesse, les noms à consonance italienne, polonaise ou espagnole étaient moqués. Au début de ma carrière médicale, dans les quartiers nord de Marseille, le personnel de deuxième génération, issu des flux d'immigrants italiens, espagnols et pieds-noirs, se plaignait de l'immigration récente (portugaise et maghrébine). J'ai pris l'habitude de leur dire que celui qui pense " c'est le dernier arrivé qui ferme la porte " doit avoir en tête que cette porte aurait pu être fermée par ceux qui l'ont précédé. " Une autre vague d'immigration va résulter du conflit. Le rapatriement des pieds noirs à l'indépendance de l'Algérie, va doter la ville de sa première communauté sépharade. Les juifs maghrébins s'installent dans la partie nord de Bondy, où se trouve d'ailleurs aujourd'hui, la synagogue. " Je ne dis pas que la France doit accueillir tous les réfugiés du monde mais les chiffres dont on parle aujourd'hui n'ont rien d'insurmontables quand on se souvient des rapatriés d'Algérie ou des Espagnols qui ont fui le franquisme. " " Les migrations ne sont pas un phénomène nouveau. Nous en avons connu tout au long de notre histoire. Il y a eu les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Arméniens, les Français d'Algérie… " |
Mis en ligne le 29 novembre 2015