Lors de l'émission " C dans l'air " de ce lundi 7 septembre, le politologue Roland Cayrol, politologue, communicant, écrivain, journaliste et excusez du peu, Directeur de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques, a répondu à la question posée par Yves Calvi : "
La France peut-elle accueillir 24.000 réfugiés ? " :
" La France a bien accueilli, en 1962, plus d'un million de Pieds-Noirs ! ". Cet esprit brillant, né à Rabat au Maroc, fils de Pieds-Noirs, né en Algérie, doit donc considérer que ses parents étaient des étrangers.
Comme quoi on peut être érudit et faire des comparaisons idiotes.

Rappelons à cet éminent observateur de notre société que Les Pieds-Noirs :

1/ n'ont pas été accueillis mais largement rejetés par l'opinion publique et par l'écrasante majorité de la classe politique, de la droite à l'extrême gauche.
2/ Qu'ils étaient français et habitaient des départements français.
3/ Qu'ils maitrisaient la langue du pays " d'accueil " et qu'ils avaient une culture et une façon de vivre similaires aux autochtones.
4/ Qu'ils fuyaient, non seulement, les exactions et les enlèvements des indépendantistes, mais aussi, les balles de l'armée française.
5/ Qu'ils ne bénéficiaient plus de la protection de cette dite armée qui restait l'arme au pied lorsqu'ils étaient menacés.
6/ Qu'ils ont été victime d'amalgames multiples (exploiteurs, fascistes, esclavagistes, racistes, islamophobes…).
7/ Que les photos de leurs enfants trucidés n'ont jamais fait la une des journaux humanistes ou de l'unique chaine de télé aux ordres du pouvoir.
8/ Que les intellectuels, les artistes, les " braves gens ", ne leur ont pas proposé hébergement et couvert. Que ces mêmes belle consciences les ont méprisés, moqués, discriminés, insultés, et relégués au ban d'une société qui ne voulait pas d'eux.
9/ Qu'aucune organisation humanitaire, ou comité de défense n'a ouvert de souscription en leur faveur.
10/ Que leur " assimilation " a pris presque une décennie, et qu'aujourd'hui encore, ils sont montrés du doigt lorsqu'ils veulent attirer l'attention sur leur histoire et leurs souffrances.
11/ Qu'en 1961, le chômage est à 1,2 % ; qu'il sera à 2% en 1962 " à cause des Rapatriés " ; qu'il retombera à 1,4 en 1963. (il est de 10,3 % suivant l'INSEE en 2015, 3 552 200 de chômeurs, 5,41 millions pour les 3 catégorie A,B et C ; 5,71 avec l'Outre-mer)
12/ La croissance du PIB était de 4,8 en 1961 ; elle atteint 6,8 en 1962. (1,2 prévue par l'INSEE pour 2015).
https://books.google.fr/books?id=CB_zLkOKlHcC&pg=PT7&lpg=PT7&dq=croissance+en+1962+en+france&source=bl&ots=ixpezA-hwv&sig=yDXhCxYYf1HQJh4ARysjH92dDnk&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=croissance%20en%201962%20en%20france&f=false "

La liste n'est pas exhaustive.
On compare des situations, des conjonctures et des groupes humains incomparables.
Les Pieds-Noirs ont été comparés au roms, aux immigrés, ils sont maintenant des " réfugiés ", sans que l'on sache vraiment exactement ce que ce mot signifie.

Et puis, Monsieur Roland Cayrol, pourrait sans doute nous vanter " l'accueil " exemplaire qu'ont connu les Harkis et leur non intégration, dans cette France " terre d'asile " de temps en temps, qui choisit ses émotions suivant l'air du temps, la politique du jour, les analyses des sociologues et politologues à la mode, les lubies de journalistes gavés de subventions publiques. Ces fabricants d'opinion " indépendants ", acoquinés avec les grands de ce monde chez qui ils ont table ouverte.

Roland Cayrol persiste :
" Le directeur du Centre d'études et d'analyse (CETAN) de rappeler que dans les années soixante, une France plus pauvre qu'à l'heure actuelle avait intégré un million de pieds-noirs en un an. " C'était des Français, mais c'était aussi des réfugiés… Le pays n'a pas été bouleversé pour autant ! " lance Roland Cayrol. " (TDG)
http://www.tdg.ch/monde/europe/hesitant-fermete-humanite-paris-evacue-deux-camps-migrants/story/22338530

Une France plus pauvre dit-il.
Il me semble que Monsieur Cayrol oublie qu'en 1962, la France traversait les trente glorieuses qui s'achèveront en 1974 avec le premier choc pétrolier.
Elle était à l'époque un état souverain qui n'était pas obligé de subventionner le fonctionnement de l'Europe avec un solde négatif de 6 milliards d'Euros (en 2011), sans compter les aides diverses aux états en difficulté qui ne lui seront jamais remboursées.
La dette en 1962 représentait 20% du PIB.
L'agriculture florissante ne déplorait pas un décès d'agriculteur tous les deux jours ; L'industrie prospère dont les fleurons aussi bien dans le textile que dans les réalisations d'équipements techniques étaient à l'avant-garde dans le monde. Un pays qui n'avait pas cent quarante mille sans abri ; ne confinait pas 3 000 clandestins dans des camps à Calais ; Et ne recevait pas 200 000 immigrés par an.

Les chiffres en attestent : près de dix millions de personnes sont en situation de fragilité par rapport au logement, dont 3,5 millions mal-logés au sens strict (sans domicile, en chambre d'hôtel, en camping, dans des abris de fortune, des logements insalubres ou dans des conditions de logement très difficile).
http://tempsreel.nouvelobs.com/infographies/20150203.OBS1514/infographie-3-5-millions-de-sdf-ou-mal-loges-en-france.html

La Fondation Abbé Pierre recense 3,5 millions de personnes "non ou très mal logées", notamment : 694.000 personnes "privées de domicile personnel" (141.500 sans domicile, 19.485 en résidence sociale, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des "habitations de fortune" et 411.000 chez des tiers), près de 2,8 millions vivant dans des conditions de logement "très difficiles".
http://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/2015/02/03/35-millions-de-personnes-mal-logees-ou-sans-abri-selon-la-fondation-abbe-pierre-646935.html

La France serait donc plus riche aujourd'hui.
Faut-il lui rappeler que la dette atteindra bientôt 100% du PIB (97,5% en 2015), qu'elle dépasse les 2000 Milliards d'Euros. Un pays qui s'endette de 2665 euros de plus chaque seconde. Un pays miné par le chômage et la précarité où un enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté et où, pour la première fois depuis de nombreuses années, le salaire moyen de ses habitants a baissé de l'ordre de 0,3 % en 2015.

http://www.insee.fr/fr/service/default.asp?page=agendas/dossiers_actualite/pauvrete-inegalite-filosofi-juin-2015.htm

Mais ce qui est plus ennuyeux dans son discours, c'est que monsieur Cayrol doit savoir, en tant que fin spécialiste du monde qui nous entoure, que les 24 000 réfugiés syriens que la France se déclare prête à accueillir en deux ans, ne sont qu'une infime partie de ce qu'elle recevra en réalité. Il y a pour l'instant, 4 millions de syriens migrants et 2 millions aux frontières de l'Europe. Il est illusoire de penser que le ce nombre de 12 000 par an correspondra à la réalité. Et les syriens ne sont pas les seuls qui quittent leur pays.
La politique des quotas prônée par les technocrates de Bruxelles, est dans le fond contraire aux droits de l'homme puisqu'elle impose aux migrants de s'établir là où ils ne veulent pas forcément aller.
Elle est de plus, irréalisable, car qui empêchera l'exilé de franchir les frontières qui n'existent plus, pour s'établir où bon lui semble ?
Ce que l'on couche sur une feuille de papier est une théorie. Ensuite il y a la pratique. Et là c'est une autre paire de manche.
Etre favorable à l'accueil des migrants n'impose pas de cacher les réalités et d'utiliser des raccourcis pour le moins hardis en méprisant la réalité.
Il faut cesser de considérer la France comme un pays riche. C'est un pays qui se paupérise à une vitesse supersonique et qui perd ses forces vives et son influence internationale.
Les journalistes, accrédités ou non, devraient être aux premières loges pour en avoir connaissance.

Il est vrai que pour certains d'entre eux, la vie est belle et que leurs confortables émoluments leur permettent de voir la vie en rose.
Quand ils font une pige télévisuelle de 2 heures qui représente le montant d'un mois de salaire au smig, ils auraient tort de penser que la France est pauvre alors qu'elle se montre si généreuse envers eux. Si l'on ajoute la niche fiscale dans laquelle ils sont douilletement installés, ne changeons rien, tout va tres bien pour eux.

Retour en haut de la page

Retour au menu Stigmatisation


Mis en ligne le 09 septembre 2015 - modifié le 21 septembre 2015

Entrée  - Introduction  -   Périodes-raisons  -   Qui étaient-ils?  -   Les composantes  - Les conditions  - L'attente  -   Le départ  -  L'accueil  -  Et après ? - Les accords d'Evian - L'indemnisation - Girouettes  -  Motif ?  -  En savoir plus  -  Lu dans la presse  -