Pratiquement, les Romains ont occupé l'Afrique de 40 a 430 après J.-C. Auparavant, ils y avaient débarqué seulement au cours des deux premières guerres puniques. En effet, a ce moment-la, une fois le conflit terminé, les troupes romaines regagnaient leurs bases. Il n'en sera pas de même après la destruction de Carthage, seul moyen d'éliminer une rivale dangereuse. Les Romains s'établirent donc sur le territoire de Carthage et contrôlèrent d'une main souple certaines régions avoisinantes. Il en sera ainsi jusqu'à l'assassinat de Ptolémée, fils de Juba II. Dès lors, la conquête romaine va s'organiser. Il faut noter une forte implantation civile et militaire dans le nord et le nord-est de la Tunisie et la partie est de ce qui fut, il n'y a pas longtemps, l"ancien département de Constantine. Cette région appelée Africa, dépendra d'un proconsul, d'où le nom qu'on lui donnera bientôt : "L'Afrique proconsulaire". Les autres régions plus soumises à l'influence et à l'action de l'armée, seront réparties en trois grandes provinces : - La Numidie, siège de la fameuse légion, qui a pour capitale Lambæsis (Lambèse) et couvre la partie ouest de l'ancien département de Constantine. - La Maurétanie Césaréenne occupe les régions côtières de l'Algérie et de l'Oranie. Elle tire son nom de la capitale Cærée (Cherchell). - Quant a la troisième province, la Maurétanie Tingitane, elle s'étend sur le littoral du Maroc ; seule Volubilis sera crée a l°intérieur des terres. Pour être restés pendant plus de quatre siècles maîtres d'un territoire aussi vaste que l'Afrique du Nord, les Romains avaient forcément un secret. Le corps expéditionnaire (cette glorieuse 3e légion), cantonné à Lambèse, était à l'origine, entièrement recruté à Rome. Par la suite, des éléments indigènes y seront incorporés à petites doses, si bien que vers la fin de la période romaine, l'armée se composera pour plus de la moitié de Berbères. Des villes importantes sont bâties par les légionnaires. De nombreuses et larges routes empierrées les relient les unes aux autres. L'agriculture mieux organisée mit le territoire en valeur, ce dont profita évidemment l'économie des provinces. L'accès des plus hautes charges est ouvert à tous, et ceci dans tous les domaines : c'est le rêve ancien de Massinissa (Roi des Numides, né vers 240 avant J.-C., mort en 148 avant J.-C. Ndlr), l'Afrique aux Africains. D'où le merveilleux résultat de la civilisation romaine. L'avènement du Christianisme De nombreux Berbères voulaient être, voulaient vivre comme des Romains. Certains même apprirent le latin qui, quoique langue officielle, ne fut jamais imposé aux populations. La vie continua ainsi pendant deux siècles. A ce moment-la survint le christianisme. D'après les Romains, le christianisme ne représentait qu'une des nombreuses religions venues d'ailleurs dont Jésus de Nazareth est le fondateur. Dans les premiers temps, Rome voit d'un très mauvais oeil l'apparition de la nouvelle religion non parce qu'elle n'a qu'un seul Dieu, mais bien plus parce que celui-ci empêche de célébrer le culte de l'Empereur. Les nouveaux croyants sont l'objet de persécutions et d'un traquage continu qui les forcent à vivre comme des hors-la-loi : ils sont des hors-la-loi. Il faut attendre le IVe siècle pour que les persécutions disparaissant après avoir fait un grand nombre de martyrs. Bientôt le christianisme deviendra religion officielle. L'empereur Constantin lui-même se fait baptiser. Dès la mort du Christ, les disciples se dispersent dans le monde pour prêcher l'Evangile et celui-ci se répand peu à peu ; c'est vers le IIe siècle après J.-C. que les premiers chrétiens arrivent en Afrique du Nord qui va se christianiser presque aussitôt. Pourquoi ? Les autochtones s'étaient assimilés totalement a la civilisation romaine de sorte qu'ils en vinrent rapidement à honorer les dieux romains qui s'identifiaient si bien avec leurs divinités locales. Ceci est tellement vrai que se développa bientôt le culte de Baal Hammon, Saturne, Dieu suprême. Ce monothéisme de fait préparait sans doute la voie à la prédication chrétienne. Le christianisme s'implanta donc fortement dans les provinces de l'Afrique romaine. Il eut, comme point de départ, parait-il, les synagogues où fut connue certainement en premier lieu la nouvelle doctrine venue d'Orient. Le latin a pris des l'origine une part prépondérante dans la religion catholique, on peut même affirmer que se sont les Africains eux-mêmes qui imposèrent le latin comme langue officielle aux chrétiens d'occident. L'Eglise d'Afrique (peut-être est-ce a cause de sa progression trop rapide) sera pendant quelques années tiraillée, puis écartelée, finalement divisée - à la suite de discussions religieuses - en deux groupes. Il faudra toute l'autorité, la tolérance, la patience, la psychologie et la foi ardente de saint Augustin pour éviter le schisme. Sa mère, profondément chrétienne - elle deviendra plus tard sainte Monique - lui avait donné un nom romain car sa famille était depuis de longues générations romanisée par l'éducation. Né en 354 à Thagaste (Souk Ahras) il y fit ses études ; il les continua à Carthage dans une des écoles supérieures qui accueillaient un grand nombre d'étudiants Saint Augustin est une des grandes figures de la chrétienté et ses ouvrages font foi. Il vivra assez vieux pour voir l'invasion des Vandales mettant fin à quatre siècles de présence romaine en Afrique du Nord. Il meurt en 430 pendant le siège d'Hippône. Marcel Gori. L'Algérie illustrée - editions Campanille.

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Mis en ligne le 07 mai 2023