Les Pieds-Noirs à la mer
L'expression artistique est souvent utilisée pour décrire des épisodes historiques.
Romans, films, théâtre ont souvent abordé, avec plus ou moins de bonheur ; plus ou moins d'exactitude ; plus ou moins de subjectivité ou d'idéologie, des périodes de l'histoire de l'humanité ou des époques de notre passé national ; de la Gaule jusqu'au vingtième siècle.
Fréquemment, les images ont servi d'appui pour vulgariser et simplifier une étude parfois fort complexe. Elles ont illustré des manuels par les reproductions de tableaux, pour les âges ancestraux, puis les photos ont accompagné les péripéties du vingtième principalement.
Il a aussi existé depuis for longtemps, des condensés historiques sous forme de petits livres de bande dessinée qui permettaient de sensibiliser les jeunes esprits et ainsi tenter d'encrer dans les chères têtes blondes, les principaux acteurs en associant la chronologie et les lieux.

Même si, bien sur, ces abrégés ne furent pas exempts de manipulation ou d'omission, ils ont, d'une certaine façon réussi à cimenter la mémoire d'un peuple, et donc son unité par l'adoption d'un passé commun. Chaque pays a procédé de même pour magnifier son parcours à travers les âges.
Si ces recueils illustrés ne servaient principalement que d'appui à un enseignement scolaire, le genre s'est diversifié et se commercialise de nos jours en grandes surfaces.

Très récemment une BD intitulée : " Les Pieds-Noirs à la mer " de Fred Neidhardt, a connu un succès semble-t-il énorme et des commentaires où le dithyrambe est unanime. Périodiques, et magazines sont conquis. Sincérité, réalisme, authenticité sont les termes les plus employés.
Les protagonistes de son histoire sont les Pieds-Noirs qui, bien entendu, sont racistes, antisémites, homophobes et comme il convient, d'extrême droite.
L'auteur nous fait partager son histoire familiale entre réalité et fiction.

" Fred Neidhardt explore le racisme ordinaire d'une famille pied-noir à Marseille. "
Telle est la présentation de son ouvrage qui figure sur nombre de sites internet.

" Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. "
http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/fred-neidhardt-joann-sfar-les-pieds-noirs-a-la-mer-2293688.php

Sur fond de racisme ordinaire, décliné à la fois sur le thème : " des bougnoules qui nous ont foutu dehors ", avec un arrière-fond " d'inégalité des races "…
De façon plus prosaïque, et si l'on veut rester dans le cadre des programmes de lycée, cette bande dessinée qui pourrait se trouver dans un CDI, servirait sans doute pour illustrer le thème des " mémoires de la guerre d'Algérie ". De quoi donner des idées d'exercice pédagogique à l'auteur de ces lignes...

http://clio-cr.clionautes.org/les-pieds-noirs-a-la-mer.html#.Us8O17RUrUk

Marseille c'est un fief de pieds-noirs dont font partie ses grands-parents, des exclus d'Algérie qui, plus de vingt ans plus tard, sont toujours amers. Bref, ils sont racistes.
Leur discours incroyable où coule le principe de la haine ordinaire, se charge cependant de beaucoup de contradictions…
Tout pourrait être cliché mais ne l'est absolument pas, on revit " les évènements ", avec chacun sa version. Papy lit " Minute " pendant que tonton Bernard est à quai dans son bateau…
Mais le vrai problème est que l'un de ses fils sorte avec une arabe et ça, il ne le supporte pas.

http://librairiegeneralearcachon.blogspot.fr/2014/01/les-pieds-noirs-la-mer-de-fred-neidhardt.html

Le grand-père antisémite a épousé une Juive. La grand-mère Séfarade déteste les Algériens mais parle arabe depuis toujours. Daniel doit naviguer entre l'amour pour sa famille et un discours de haine qu'il réprouve. Une haine qui prend corps au cœur même de la famille : le cousin va se marier avec une Arabe !...
La nostalgie et les rancœurs émaillées de bons sentiments des uns, les clichés emmagasinés depuis plusieurs générations des autres donnent lieu à une réflexion en résonance avec l'époque actuelle, ses fractures sociales, ses peurs, ses incompréhensions intra-communautaires.

http://www.mediaterranee.com/1332013-les-pieds-noirs-la-mer-un-livre-de-fred-neidhardt-aux-editions-marabout.html#.Us8RIrRUrUk

Sans une once de manichéisme mais avec une pointe d'humour, Fred Neidhardt dresse le portrait de "petits blancs" attachants mais tenant des propos ignobles. Enfermés dans le passé et leurs paradoxes…
Un bel album qui vient à point nommé à l'heure d'une banalisation du racisme primaire.

http://www.toutenbd.com/article.php3?id_article=5013

A travers cette chronique familiale empreinte des événements passés de l'histoire contemporaine, Fred Neidhardt étudie, avec finesse et un zeste d'humour, l'exil des pieds-noirs d'Algérie, les rouages du racisme, ses contradictions, ses paradoxes, les poussant à l'extrême souvent jusqu'à l'absurde…
La nostalgie et les rancœurs émaillées de bons sentiments des uns, les clichés emmagasinés depuis plusieurs générations des autres donnent lieu à une réflexion en résonance avec l'époque actuelle, ses fractures sociales, ses peurs, ses incompréhensions intra-communautaires…
Témoignage, souvenirs, morceaux d'Histoire, cet album touchant mérite tout l'attention que vous pouvez lui porter tant on sent l'essence d'un vécu magnifié par le recul et la sagesse due à l'expérience.
http://www.onirik.net/Les-pieds-noirs-a-la-mer-Avis

J'arrête là les commentaires. On peut en trouver des dizaines de cet acabit et revoir les vidéos prises sur les plateaux de télévision.

Même si dans une interview à " Paris Match ", le dessinateur admet que " les Pieds-Noirs ont été victime du racisme des français " et même si sa production fait état des déclarations de Gaston Deferre et indique les banderoles déployées par les dockers de Marseille, il ajoute :

" Mais oui, je voulais mettre en images et en mots cette rancœur, ce sentiment de trahison, comment le racisme naît et s'intensifie. La grande différence entre l'époque du récit - les années 80 - et aujourd'hui où la haine se cristallise sur la personne de Christiane Taubira, c'est qu'en 2013, les propos sont sur la place publique, alors qu'ils restaient auparavant derrière les portes et les fenêtres. Avec les réseaux sociaux et le phénomène de buzz, on voit l'émergence d'un racisme violent. "
http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Les-pieds-noirs-ont-ete-la-victime-du-racisme-des-Francais-537261

Chacun jugera donc sur pièces.
Pour ma part j'éprouve un malaise qui revient à chaque fois qu'on me fait passer pour un raciste congénital. Parce que lorsque des éléments de notre communauté sont réduits à ce comportement, c'est tous les autres qui sont ainsi catalogués.

On me dira que c'est un cas particulier, mais il est ici implicitement généralisé. Tenter de moduler en évoquant la rudesse de l'accueil en France, et la douleur de l'exil, n'adoucit rien et n'excuse rien. Il donne à nos détracteurs, un élément supplémentaire à leur argumentaire. Et le lecteur pour qui ces évènements sont bien loin, aura ici l'image d'une communauté ségrégationniste, qui n'a obtenu que ce qu'elle méritait. Inutile de se dire victime de discriminations alors qu'elle porte en elle cette tare génétique.
En clair nous avons récolté ce que nous avons semé.

La préface du livre, signée Joann Sfar indique :

" Ce qu'ont fait nos parents, avec leur nostalgie, leurs angoisses et leur mélange de bons sentiments et de haines mal comprises, c'est tout simplement rendre leurs enfants cinglés. "

Puisqu'il s'agit d'histoire personnelle, la mienne en vaut bien d'autres.
J'ai vécu dans une famille, je dis famille au sens large, dans laquelle je n'ai jamais entendu des mots tels que bougnoul, bicot ou melon. Ces injures je les ai entendues en France et c'est à moi qu'elles s'adressaient.
Lorsqu'un différent intervenait avec un " arabe ", j'entendais parler d'" el moro ", (le maure) asséné avec une vigueur où l'on sentait bien l'animosité.
En contrepartie, nous étions qualifiés de " Kelb, beni kelb " (chien, fils de chien)

Dans bien d'autres familles il en était de même. Je ne veux pas dire que tous les " petits blancs " étaient des modèles de fraternité universelle ; comme partout, le peuple des européens d'Algérie avait ses racistes indécrottables : comme partout les sentiments se détériorent dans une période où les conflits et le terrorisme subis exacerbent les haines ; comme partout les injures verbales font surface lorsque la douleur devient insupportable. Cela n'excuse rien. Il en est malheureusement ainsi.

Donner un exemple sans rendre les précautions élémentaires, instaure une généralisation malsaine qui mélange le bon grain et l'ivraie ad vitam aeternam. Le plus désolant c'est que les enfants et petits enfants de Pieds-Noirs vont s'empresser d'acheter cette BD, dédicacée si possible, convaincus par les sirènes médiatiques que ces visages animalisés sont la représentation de leurs " vieux ". Ils ne les aimaient déjà pas beaucoup, ils seront confortés dans leur méfiance et leurs reniements à leur égard. Dans l'atmosphère ambiante, ils se désolidariseront des anciens qu'ils suspecteront d'être les ferments du " racisme ordinaire ".

Mon père me disait : " Ne regarde pas le visage, regarde l'homme ". Ce n'était pourtant ni un saint ni un naïf. Autant que possible, il a essayé d'appliquer ce précepte. Y a t-il toujours réussi, j'en doute. Ce n'était qu'un être humain.
Je n'ai pas l'impression que mes parents aient fait de moi un " cinglé ". Ils m'ont inculqué le respect de l'autre et je n'ai ni haine ni rancœur contre qui que ce soit.
Et je ne suis pas le seul dans ce cas.

Quelques images significatives

Homophobe

Anti arabes


Anti arabes

Extrême Droite

Cette phrase est de Charles Trenet !!??
http://www.dailymotion.com/video/x17r4pp_
les-pieds-noir-a-la-mer-making-of-1_creation

Raciste

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Mis en ligne le 14 janvier 2014

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