Ioucef ben Ziri, de la tribu berbère des Senhadja de la province de Sous, fut le fondateur de la dynastie des Zirites. Plusieurs historiens ne les considèrent pas comme ayant réellement exercé le pouvoir souverain, et ne voient en eux que des gouverneurs institués par les khalifes fathimites et commandant en leur nom ; mais les Zirites jouissaient d'une indépendance presque complète. Ils rendaient hommage au khalife de l'Égypte plutôt comme à un chef spirituel, imam de la religion que comme à u souverain. A la mort du prince zirite, son fils ou son héritier le plus direct, lui succédait, et son avènement était sanctionné par le khalife fathimite qui envoyait une béniché (vêtement d'honneur) et un sabre comme signe de l'investiture ; mais jamais les khalifes d'Orient n'intervinrent pour régler la transmission du pouvoir ou pour surveiller l'administration du pays.

Les Beni Ziri avaient été les auxiliaires des Fathimites dans leur guerre contre l'ouest du Maghreb et contre la grande insurrection d'Abou Izid ; ils étaient princes d'Achir et de ses dépendances.
On voit encore les ruines d'Achir au nord de la plaine de la Medjana, au sud de Bougie, entre Zamoura et le défilé des Portes de fer. Ioucef ben Ziri administra avec la plus grande habileté pendant vingt-six ans ; son fils Balkin lui succéda, et fut choisi par Mouëz pour gouverner l'Afrique lorsque ce khalife transféra le siège de son empire en Égypte. En se séparant de lui Mouëz lui dit : " O fils d'Ioucef, si tu dois oublier mes conseils tâche au moins de te rappeler les trois suivants :
- ne fais jamais remise des contributions aux gens du dehors ;
- tiens toujours ton sabre levé sur les Berbères ;
- ne donne jamais de commandement aux membres de ta famille, car ils te disputeraient bientôt le premier rang. Je te recommande aussi de traiter avec bonté les habitants des villes. "
La plupart de ces prescriptions réglaient encore la politique des gouverneurs de l'Algérie lorsque la France s'empara de ce pays ; et c'est seulement après la fin de la guerre et l'éloignement d'Abd-el-Kader du pays qu'on a pu adopter des errements plus en conformité avec notre état de civilisation.

Ben Ziri , fidèle aux instructions qu'il avait reçues, fit une rude guerre aux Berbères Zenata et Berghouata ; il combattit aussi les Ommiades d'Espagne dans le Maghreb-el-Aksa ; se rendit maître de Tlemsen, dont il transporta les habitants dans Achir ; s'empara de Fès, de Sedjelmeça, et ne laissa aux Ommiades en Afrique que la seule ville de Ceuta. Parmi les neuf princes zirites qui régnèrent soit à Achir, soit à Mahdia, il faut signaler Moëz ben Badis, qui fut proclamé en 466 de l'hégire. Quoique né dans la secte des chiites, il en détestait les principes, et il fit une guerre acharnée aux nombreux partisans des diverses hérésies qui s'étaient propagées en Afrique.

La secte orthodoxe de l'imam Malek devint la doctrine officielle du pays. Il préparait ainsi sa révolte contre les Fathimites attachés à la secte des chiites. En effet, en 440 de l'hégire le nom des Beni Obéid ne fut plus prononcé dans les prières publiques. De grands troubles suivirent cet acte. Mouëz disposait d'immenses richesses: il suffira pour en donner une idée de citer le passage d'un historien arabe relatif aux funérailles de la grand-mère de ce prince : " Le cercueil était en bois des Indes, garni de perles et de lames d'or. Les clous étaient d'or ; il y en avait pour 1,000 mitkals. Le corps fut enveloppé de cent vingt linceuls, et embaumé avec grande profusion de musc et d'encens. Vingt et un chapelets des plus grosses perles furent suspendus au cercueil de cette princesse ; son petit-fils fit immoler à cette occasion 50 chamelles, 100 bœufs et 1000 moutons. La chair de ces victimes fut distribuée aux pauvres. Les femmes eurent de plus cent mille dinars. "

Sous le règne de ce même prince les Arabes d'Orient firent une invasion en Afrique et la ravagèrent. Voici à quelle occasion.

Lorsque Mouëz se fut mis en révolte ouverte contre les Fathimites, ceux-ci excitèrent les Arabes qui habitaient la haute Égypte à faire une irruption dans le Maghreb, en leur abandonnant la possession de Barka. Les tribus des Riah, des Zagba, et une portion des Beni Amer et des Senan entrèrent en Afrique, et y commirent toutes sortes d'excès. Les Berbères, qui étaient sans cesse en rébellion contre les princes du pays, s'unirent à eux pour repousser les ennemis étrangers ; mais au moment du combat ils firent défection, et Mouëz fut battu. Les Arabes pillèrent Kairouan (440 de l'hégire ; 1061 de J. C.), en dispersèrent les habitants, et se rendirent maîtres de toute la contrée, qu'ils ruinèrent complètement. Cependant sous le règne suivant on vit ces tribus turbulentes prêter leur concours au prince pour châtier la révolte des habitants de Sfax. Puis les Beni Riah en vinrent aux mains avec les Beni Zagba, qu'ils chassèrent de l'Afrique. De nouvelles tribus arrivèrent successivement de l'Égypte, attirées par l'appât du pillage, et implantèrent dans le pays un nouvel élément de troubles et d'agitations.
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Mis en ligne le 03 septembre 2012

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