Après la mise en sommeil du RPF (Rassemblement du peuple français) en mai 1953, les jeunes gaullistes se dispersèrent en petits groupes informels aux effectifs réduits (1). Tous se retrouvaient dans un même combat pour la défense de l'Union française. Le 20 février 1954, ils firent ainsi échec dans le Quartier latin à une manifestation d'étudiants " anticolonialistes ". Le soutien aux soldats et permissionnaires d'Indochine et de Corée faisait partie du travail militant des adhérents qui organisaient des bals en faveur des blessés et distribuaient des friandises aux permissionnaires dans les trains. Très nationalistes, ils vécurent douloureusement la bataille de Dien-Bien-Phu. Le 19 mars, une délégation déposa une gerbe à l'Arc de Triomphe en communion avec les défenseurs du camp retranché. Certains se portèrent même volontaires pour rejoindre la garnison encerclée, à l'image de Jean-Michel Laurent parachuté le 12 avril sur " Isabelle ". Accusant le " système " d'avoir bradé l'Indochine, les jeunes gaullistes entrèrent dans le conflit algérien sur des positions nationalistes (même si certains évoluaient déjà vers l'autonomie). Avec l'espoir aussi que la crise politique et militaire permettrait le retour du Général. Si cette attente fut récompensée, la politique algérienne de De Gaulle allait bientôt troubler les cadets.
Des jeunes gaullistes favorables à l'Algérie française durant la " Traversée du désert "
(1954-1958)
La structure des Jeunes républicains sociaux (JRS), section cadette du Centre national des républicains sociaux, remontait à janvier 1954 (2). Dirigé par Guy Ribeaud, le mouvement comptait un demi-millier de
membres. Le secrétaire général était présent au comité directeur des Républicains sociaux ainsi que trois autres cadets, Claude-Gérard Marcus, Jean Kozec et René Couveihnes. De fait, le parti ne pouvait ignorer ces jeunes qui constituaient ses seuls véritables militants avec leur journal Salut public. L'appui affiché à Jacques Chaban-Delmas (que certains JRS comme Guy Ribeaud, François Lefebvre et Jean Kozek avaient suivi au ministère des Travaux publics puis à la Défense nationale) achevait de les rendre incontournables. Les JRS constituaient la frange progressiste des jeunes gaullistes, comme en témoignait leur attachement identitaire au thème de l'association capital-travail. Beaucoup d'entre eux restaient fidèles à l'Algérie française, à l'image de leur leader Guy Ribeaud lié à l'avocat activiste Biaggi. Mais une aile libérale commençait à se former, emmenée par Claude-Gérard Marcus et Jacques Milloux. Lors du congrès national de 1957, la majorité repoussa la motion du général Lanusse concernant la crise algérienne, la jugeant trop libérale, alors que C.-G. Marcus et J. Milloux l'avaient pourtant soutenue. Certains responsables comme Jacques Mer ou J. Kozek crurent dès le début à l'indépendance inéluctable de l'Algérie, cette dernière ne pouvant à leurs yeux aller à rebours d'un Maroc et d'une Tunisie déjà détachés de la France. Pour éviter que la question algérienne ne brise l'unité du mouvement, la direction décida à partir de la mi-1957 d'orienter sa propagande sur le thème exclusif du retour de De Gaulle.
Cette campagne prit un tour prophétique en janvier 1958, quand J. Milloux réalisa pour Salut public une photomontage présentant le président Coty serrant la main de De Gaulle avec comme sous-titre : " Devant la faillite du mauvais régime, le président Coty confie au général De Gaulle la formation d'un gouvernement de salut public. " Une action militante limitée par la médiocrité des effectifs. Selon un rapport interne, les JRS de la capitale étaient passés de l'automne 1957 à l'été 1958 de 95 à 135 membres seulement. Ni G. Ribeaud ni ses successeurs C.-G. Marcus, J. Milloux et J. Mer ne parvinrent à améliorer ce résultat. Dans les années 1956-58, certains jeunes gaullistes relevaient d'une autre mouvance indépendante de toute organisation adulte : le réseau Jacques Dauer (6). Jacques Dauer avait été un des chefs des jeunes RPF à Paris dès 1947. En juin 1951, Michel Maurice-Bokanowski lui offrit le poste de responsable de la région parisienne. Fin 1954, J. Dauer conserva en activité quelques groupes de jeunes qui continuèrent de militer aux côtés des JRS. Son père étant imprimeur, il disposait de facilités pour éditer à sa guise journaux, tracts et affiches. Il distribua de 1953 à 1955 près de 500 000 affiches, un million de tracts et fit paraître dès février 1953 un nouveau journal Paris-Jeunes. Très engagés à l'origine dans le combat pour l'Union française, les " jeunes de Dauer " concentrèrent ensuite leur militantisme autour de la question communautaire.
En 1955, le réseau alignait encore 300 jeunes, dynamiques et expérimentés. La résistance s'organisa durant les années 1955-57 autour d'un nouveau périodique Le Télégramme de Paris. Tiré à 25 000 exemplaires et vendu à la criée sur les boulevards parisiens, le journal rassemblait quelques plumes gaullistes comme le général Koenig, Jean Dutourd, Jacques Soustelle, André Fanton et Michel Debré. Les cadets se retrouvaient dans le club " Honneur et Patrie ", qui organisait des conférences à la salle Wagram, destinées à entretenir une flamme gaulliste vacillante. Illustration de la collusion entre jeunes gaullistes et nationalistes dans un même combat contre la IVe République et pour l'Algérie française, les cadets participèrent à la descente contre les locaux du PCF et de L'Humanité le 7 novembre 1956, organisée par J.-B. Biaggi avec le soutien de Jeune Nation.
La propagande s'intensifia fin 1957, quand l'aggravation de la crise algérienne rendit crédible l'hypothèse d'un retour du Général. Le 8 décembre 1957, Jacques Dauer lança un projet de pétitions destiné à inciter René Coty à se tourner vers De Gaulle. Cette opération, débutée le 19 janvier 1958, aboutit tardivement. Le 10 mai 1958, les cadets remirent les ballots de lettres à l'Élysée. Le 15 mars, les jeunes avaient déjà placardé en une nuit dans toute la France 175 000 exemplaires d'une affiche dessinée par M. Rodet représentant un travailleur, les bras en V, sur fond de croix de Lorraine, avec comme slogan : " Appelons De Gaulle ". Deux autres campagnes furent lancées les 18-19 avril et 15 mai avec 600 000 affiches.
Le 15 mai, profitant de la visite de la Foire de Paris par le président de la République, J. Dauer envoya ses cadets crier " Coty démission ! ". Du 17 au 19 mai, il dépêcha des émissaires en province pour prendre contact avec les responsables gaullistes locaux et monter des Comités de salut public. Le 26 mai, ses jeunes placardèrent La Marseillaise de Rude avec le slogan : " Appelons De Gaulle et la France sera la France. " Mobilisé pour la prise du pouvoir à Paris dans la nuit du 29 au 30 mai dans le cadre du plan " Résurrection ", le réseau Dauer n'eut pas à participer à cette opération ultime, le Général ayant opté pour un processus plus " régulier " (7).
En octobre 1958, les formations gaullistes se réunirent pour fonder l'Union pour la nouvelle République (UNR). Au même moment et dans une même dynamique fusionnelle, les " sections jeunes " de ces mouvements aînés décidèrent à l'initiative de leurs mentors adultes de se rassembler. Il en résulta en décembre 1958 une organisation dénommée les " Jeunes de l'UNR ".
La question algérienne divise les cadets gaullistes(1958-1962)
Plus nombreux et actifs que les jeunes de l'USRAF, bien implantés dans les cabinets ministériels, les JRS se trouvaient à l'automne 1958 en bonne position pour prendre le contrôle de la nouvelle organisation de jeunesse gaulliste alors en gestation. Mais R. Frey confia la direction de cette dernière à B. Flornoy pour des raisons d'équilibre interne à l'UNR. Les partisans de l'Algérie française, très influents à la direction du nouveau mouvement, manifestaient ouvertement leur défiance à l'égard des JRS. Ceux-ci constituaient à leurs yeux des " petits mendésistes " prêts à brader l'Algérie par opportunisme politique. Comme le résume J. Milloux, se rappelant les propos peu amènes que tenait Alexandre Sanguinetti à leur encontre, " on n'était pas les bienvenus chez les jeunes de l'UNR (8)… "
Dans cette atmosphère tendue, Bertrand Flornoy et Gérard Le Marec réunirent les leaders cadets au Cercle républicain début décembre 1958. Des jeunes gravitant autour du BEIPI et des anciens responsables de l'Action française dans le Quartier latin étaient aussi présents. Mis en minorité, J. Mer et J. Milloux refusèrent ce coup de force. À peine lancée, la formation cadette se voyait déchirée en tendances rivales.
Quelques mois auparavant, B. Flornoy avait dissipé les derniers doutes pesant sur l'orientation du mouvement, en rédigeant un article intitulé : " L'Algérie est notre destin ". " C'est notre devoir à nous, jeunes compagnons, de nous engager sans réserve pour que l'Algérie soit française non seulement dans les mots mais dans la vie de tous… La France a toujours sa chance en Algérie de la même façon que l'Algérie a sa chance avec la France (10). " G. Le Marec visita à plusieurs reprises les sections algéroises des jeunes de l'UNR, comme le 27 mars 1959. Ses articles dans le mensuel du mouvement glorifiaient l'œuvre civilisatrice de la métropole et présentaient la lutte contre le FLN comme le combat du monde libre contre le communisme.
Début 1959, après le discours de De Gaulle aux étudiants de l'université de Toulouse, B. Flornoy créa une délégation générale étudiante présidée par deux partisans de l'Algérie française, René Zimmermann et Richard Brunoy (dont le père avait été autrefois le bâtonnier d'Alger). Ces deux responsables déploraient les prises de positions du bureau de l'UNEF en faveur de la paix en Algérie. Dans L'Espoir des jeunes de mars 1959, R. Zimermann dénonçait " le phénomène d'osmose qui s'est établi entre l'actuelle direction de l'UNEF et les mouvements progressistes et communistes ". En novembre 1959, F. Lagel accusa l'UNEF d'encourager la fraude des sursis : " Sur 140 000 sursitaires, 65 000 sont des tricheurs… " Si les étudiants gaullistes affichaient globalement en 1959-60 des positions intégrationnistes, ceux qui n'avaient pas suivi d'études et étaient déjà engagés dans la vie active (ils étaient minoritaires au sein des jeunes de l'UNR) semblaient plus mesurés sur la question. Protégés des rigueurs du contingent par leur sursis, les étudiants évaluaient peut-être mal les réalités algériennes…
Finalement une nouvelle ligne de clivage se dessina au sein des tenants de l'Algérie française. Une frange radicale emmenée par G. Le Marec s'opposa à une majorité plus " réaliste " conduite par B. Flornoy. Depuis quelque temps, G. Le Marec manifestait son indépendance vis-à-vis de son ancien patron. Lors des assises de Bordeaux les 13-15 novembre 1959, il fit voter une motion contre B. Flornoy, qui répliqua en obtenant sa démission. Gérard Le Marec devait basculer dans l'OAS, suivant Joseph Ortiz dans sa fuite en Espagne. De son côté, J. Milloux, désabusé par ces querelles internes, quitta les jeunes de l'UNR en avril 1960.
Si la direction du parti enregistra avec satisfaction le retour de B. Flornoy à de meilleures intentions, elle ne nourrissait aucune illusion quant à l'extrémisme qui continuait d'animer la majorité des jeunes UNR. L'idéal intégrationniste restait d'actualité. Alors que l'UNR s'était séparée rapidement de ses éléments " Algérie française " au point d'apparaître après la démission de L. Delbecque le 14 octobre 1959 et surtout l'exclusion de J. Soustelle le 25 avril 1960 comme une formation globalement cohérente, ses cadets n'avaient pas suivi la même évolution et procédé aux mêmes " purges ".
En réaction et pour se prémunir de toute contagion extrémiste, l'UNR prit ses distances. Le parti refusa à ses cadets les pages de ses journaux ou l'usage de ses locaux. Dans ces conditions, les jeunes ne purent développer leur recrutement, se contentant d'effectifs médiocres. En 1959, le mouvement ne comptait à Paris que quatre-vingts adhérents dont seulement vingt militaient réellement. La grande majorité poursuivaient encore leurs études et provenaient des facultés de droit et Sciences-Po, habituels bastions de la droite universitaire.
En dehors de la capitale, l'organisation disposait de maigres antennes à Lille, Marseille, Bordeaux, Lyon et Strasbourg. Dans un contexte d'hyper-politisation de la jeunesse marqué par l'action de l'UNEF contre la guerre d'Algérie, ces résultats témoignaient de l'échec des cadets gaullistes. Les jeunes Parisiens, les plus nombreux, apparaissaient comme l'aile radicale du mouvement. Ils subissaient l'influence de l'extrême droite bien implantée dans les facultés de droit. Dans les villes universitaires de province (Lille, Toulouse, Aix, Grenoble, Strasbourg), les positions étaient plus mesurées. En 1961-1962 à Toulouse, Jacques Godfrain distribua des tracts pour la paix en Algérie et contre l'OAS (12). Loin de l'agitation parisienne et de son effet d'entraînement, le parti tenait mieux ses cadets. Au demeurant, en l'absence d'organisation fédérale véritable, il est difficile d'évoquer le mouvement cadet de manière globale. Ces " groupes de jeunes UNR " ne représentaient qu'une poignée d'adhérents agissant en leur nom propre.
Après les assises de Bordeaux, B. Flornoy privilégia l'action sociale au détriment d'un engagement partisan trop risqué. Il organisa ainsi une opération baptisée " Les étrennes fraternelles du bled " tout en lançant " une association destinée à faire connaître l'Algérie et le Sahara et à associer à la métropole les jeunes musulmans d'Algérie (13) ". Ces activités ne suscitèrent guère d'enthousiasme. Les jeunes UNR ne collectèrent en 1959 qu'une centaine de colis pour l'Algérie et suspendirent l'opération l'année suivante. L'association culturelle eut une durée de vie encore plus courte.
À la rentrée 1961, B. Flornoy dut constater son échec. La formation ne comptait qu'une centaine d'adhérents parisiens. Même à cette époque, la base restait encore intégrationniste, se situant plus que jamais à contre-courant du parti. Durant ces deux ans, l'UNR brida les cadets dans tous les domaines. Les jeunes n'intégrèrent le comité central du parti que le 22 octobre 1960 et les deux délégués n'y occupèrent que des postes consultatifs. L'UNR ne distribua jamais de subsides réguliers. B. Flornoy choisit donc de démissionner.
En dépit de ses efforts, il n'était pas parvenu à contrôler ses lieutenants, restés Algérie française. La démission de la plupart d'entre eux (Richard Brunoy, Colette Dronne, Guy Hazael-Massieux, Jean de
Lamberterie et Alain de Charry) en janvier 1961, avait accentué la fracture entre le parti et ses cadets. Ayant rejoint le gaullisme en 1958-59 parce qu'ils avaient associé le Général au maintien de l'Algérie française, beaucoup quittèrent la formation après le référendum de janvier 1961 qui enterra définitivement l'hypothèse intégrationniste. Il fallait trouver un successeur à B. Flornoy. Roger Dusseaulx, secrétaire général de l'UNR, confia en novembre 1961 la délégation de la jeunesse UNR à Patrick Gilles, étudiant de l'IEP de Paris. Il ne parvint pas à relancer le mouvement. Les jeunes de l'UDT privilégiaient la souplesse du réseau à la lourdeur administrative d'une formation politique. L'organisation recrutait surtout à Paris et ne débordait pas du milieu étudiant. Les adhérents venaient des facultés de droit et de Sciences-Po, on trouvait quelques scientifiques et littéraires. Deux professeurs de droit, R. Capitant et L. Hamon, les soutenaient.
Les cadets avaient établi des antennes dans des villes universitaires comme Grenoble, Lille, Marseille et Montpellier. Le total s'élevait à une centaine de militants et sympathisants. Sûre de ses jeunes, l'UDT leur ouvrit ses instances directives. Trois responsables siégeaient dans le comité directeur : Laurent, Yves Damna et Bernard Cahen (qui figurait à la délégation exécutive). Les cadets s'y trouvaient à parité avec les adultes et occupaient de véritables postes. Si les jeunes collèrent des affiches, distribuèrent des tracts et le journal Notre République dans le Quartier latin, ils privilégièrent l'entrisme au sein des syndicats universitaires. B. Cahen dirigeait l'UNEF à la faculté de droit tandis que Laurent était vice-président du groupe philo de la FGEL. L'UNEF constituait le principal terrain de recrutement. La plupart des adhérents en étaient issus et continuaient d'y militer. C'est d'ailleurs pour priver leurs concurrents de ce vivier que B. Flornoy réclama et obtint aux assises de l'UNR de Strasbourg la suppression de la subvention allouée par le ministre de l'Éducation à l'UNEF.
Les deux mouvements de jeunesse s'opposaient radicalement sur la question algérienne. Alors que la majorité des jeunes UNR défendaient la présence française, les jeunes UDT se battaient pour l'indépendance. B. Cahen se souvient d'une rencontre organisée début 1960 avec des responsables FLN. " On leur a dit : c'est vous qui avez raison, la paix se fera avec De Gaulle. Si vous avez besoin d'aide, on est prêt à le faire 17. " Ces entrevues s'inscrivaient dans le cadre des relations UNEF-UGEMA, mais B. Cahen et ses amis y participèrent en tant que Jeunes UDT. Le responsable UDT qui servait d'intermédiaire entre les jeunes gaullistes et les étudiants algériens était Alain Dutaret (un docteur en droit qui siégeait au CD de l'UDT depuis octobre 1959). La rivalité entre les deux organisations gaullistes était d'autant plus forte que les jeunes de l'UDT s'affirmaient " de gauche ", par sensibilité progressiste mais aussi en réaction contre l'extrémisme de leur adversaire. L'organisation peina à remobiliser ses troupes autour des seules valeurs du gaullisme de gauche. Aussi, lorsque le parti opéra la fusion entre les deux mouvements de jeunesse en décembre 1962, les jeunes UDT ne furent pas assez nombreux pour s'opposer à ce diktat. Beaucoup démissionnèrent et abandonnèrent la politique. Les autres acceptèrent bon gré mal gré de voir P. Gilles prendre la tête de la Délégation à la jeunesse UNRUDT.
1. Sur les JRS (Jeunes républicains sociaux), Yann Tanguy, Les mouvements de jeunes gaullistes de 1947 à 1958, DEA, Université de Rennes, 1978, 149 p. Bernard Lachaise,
" Étudiants et jeunes du RPF (1947-1955) " in Giovanni Orsina et Gaetano Quagliariello, La formazione della classe politica in Europa (1945-1956), Piero Lacaita Editore, 2000, pp. 97-111. |